Caractéristiques

- Titre : Les Jumeaux Crochemort, tome 3 : Damnation
- Auteur : Cassandra O'Donnell
- Editeur : Flammarion Jeunesse Pere Castor
- Collection : Romans 13 Ans Et Plus
- Date de sortie en librairies : 2 juillet 2025
- Format numérique disponible : oui
- Nombre de pages : 432
- Prix : 16,90 €
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- Note : 6/10 par 1 critique
Après avoir su séduire un large public adolescent avec les deux premiers tomes des Jumeaux Crochemort, La Malédiction et Possession, Cassandra O’Donnell clôt sa trilogie gothique avec ce troisième et dernier roman : Damnation. Une saga délicieusement horrifique dans laquelle l’autrice, déjà connue pour La Légende des quatre, Malenfer, ou Dead garden, mêle les frissons aux codes du roman jeunesse avec un plaisir contagieux.
Dernier voyage à Whisper Town
Portés par un duo de jumeaux aussi attachants que complémentaires – Silence, l’intellectuelle réservée, et Oriel, le sociable intuitif – les romans nous plongent dans un univers aussi lugubre qu’ensorcelant. Depuis le premier tome, le lecteur arpente les rues brumeuses de Whisper Town, ville hantée par un lourd passé et une malédiction oppressante. Atmosphère gothique, manoir inquiétant, créatures tapies dans l’ombre : tous les ingrédients d’un récit d’épouvante efficace sont réunis, mais à destination des plus jeunes.
Et si la tension monte crescendo au fil des tomes, c’est surtout grâce à la capacité de Cassandra O’Donnell à doser les révélations et à maintenir un suspense constant, sans jamais sacrifier la caractérisation de ses personnages. Elle prend le temps de révéler les zones d’ombre de chacun, nourrissant peu à peu les liens qui les unissent, et dévoilant leurs blessures comme leurs secrets. Cette attention portée à la psychologie de ses héros contribue grandement à l’attachement que le lecteur développe pour eux.
Une narration immersive au service du frisson
Fidèle à son style, l’autrice livre une écriture immersive, à la fois fluide et visuelle, qui capte immédiatement l’attention. Les chapitres très courts, les dialogues abondants, les descriptions évocatrices font de ce tome 3 – comme des précédents – un véritable page turner. L’ambiance fantastique et horrifique est toujours aussi soignée, et l’on retrouve avec plaisir le bestiaire terrifiant qui peuple cette ville maudite : fantômes, démons, apparitions surnaturelles…
Cassandra O’Donnell sait également mettre en scène les émotions de ses personnages avec une grande justesse. Certaines scènes, portées par une empathie sincère et une finesse d’observation psychologique, parviennent à nous toucher au-delà du registre horrifique. Oriel et ses visions prémonitoires ajoutent une tension supplémentaire au récit, tandis que Silence continue de fasciner par son intelligence froide et son courage discret. L’autrice n’oublie pas les lecteurs adolescents : entre deux moments de terreur, l’humour, les conflits familiaux ou scolaires et les premières émotions amoureuses viennent contrebalancer l’intensité dramatique.
Un final inégal, aux qualités diluées
Malheureusement, ce troisième tome, très attendu, se révèle en partie décevant. L’ouverture in medias res, qui plonge immédiatement le lecteur au cœur de l’action, manque de repères, et un bref rappel des événements précédents aurait été le bienvenu. La lecture des premiers chapitres, bien que rythmée, s’avère confuse. De plus, le roman souffre d’un déséquilibre de rythme : les deux cents premières pages traînent en longueur, comme si l’autrice retenait artificiellement le dénouement. Les nombreux dialogues ne parviennent pas toujours à masquer la stagnation de l’intrigue. Les personnages se mentent entre eux, retardant inutilement l’action, et l’omission volontaire d’informations clés frustre plus qu’elle ne surprend.
De plus, la multiplication des personnages secondaires nuit à la lisibilité du récit : certains semblent introduits sans réelle nécessité narrative et peinent à trouver leur place dans l’ensemble. Il faut toutefois reconnaître la maîtrise de l’autrice dans les scènes de terreur pure : les descriptions très graphiques, presque cinématographiques, parviennent à faire frissonner même les lecteurs avertis. Le crescendo final est particulièrement haletant, et on tourne les dernières pages avec avidité. Reste que ce dénouement, s’il clôt correctement la trilogie, laisse un goût légèrement amer, tant l’ensemble semblait prometteur.
Avec sa trilogie des Jumeaux Crochemort, Cassandra O’Donnell confirme son habileté à mêler horreur, humour, émotion et fantastique. Porté par deux héros charismatiques et une atmosphère délicieusement macabre, Damnation ne manque pas d’intérêt. Cependant, bien qu’efficace dans sa dernière partie, il peine à convaincre totalement. Lourd de quelques longueurs, il dilue les qualités qui faisaient la force des précédents volumes. Un final un peu frustrant, donc, pour une trilogie qui, malgré tout, aura su faire frissonner toute une génération de jeunes lecteurs.