Caractéristiques

- Titre : L'Héritage sans nom
- Auteur : Ellen Gustavsen
- Editeur : Gallmeister
- Collection : Fiction
- Date de sortie en librairies : 5 février 2025
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 464
- Prix : 24,90 euros
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- Note : 8/10 par 1 critique
Trois ans après la sortie de son premier roman La Vertu du mensonge, l’autrice norvégienne Ellen Gustavsen revient avec L’Héritage sans nom, de nouveau publié aux éditions Gallmeister. Si l’on y retrouve le personnage du policier Lars Lujassen, ainsi que quelques brèves allusions à sa première enquête, il est tout à fait possible de découvrir l’autrice avec ce deuxième roman, dont l’intrigue est totalement indépendante.
Double temporalité et construction ingénieuse
Nous sommes à l’été 2001. Un petit groupe d’amis se réunit pour fêter leur entrée au lycée, mais tout dérape : une adolescente est droguée et violée, avant qu’une terrible bagarre n’éclate. Seize ans plus tard, le docteur Haraldsen, éminent gynécologue, est retrouvé assassiné dans son cabinet, dans une mise en scène macabre. Lars Lujassen mène alors une enquête qui le confrontera à certains fantômes du passé…
Ellen Gustavsen construit un roman dense et haletant autour de cette double temporalité, alternant les chapitres écrits au présent – pour les années 2000, paradoxalement – et aux temps du récit pour l’enquête. On suit les personnages dans leur cadre intime, découvrant d’un côté une jeune fille attachante, Elisabeth, dont le destin bascule ce soir d’été, et qui va tenter de se reconstruire malgré le traumatisme, et de l’autre un policier et père d’une petite Annie, essayant de bâtir une nouvelle relation amoureuse.
La particularité de cette construction très ingénieuse est non seulement d’accroître le suspense, l’alternance des chapitres ne permettant pas d’accéder immédiatement aux révélations attendues, mais également de ne pas rester figés dans le passé. En effet, le personnage d’Elisabeth grandit au fil du récit, l’intrigue se déroulant sur plusieurs années, alors que l’enquête de Lujassen n’évolue que sur une période de temps beaucoup plus restreinte. Le mystère s’épaissit au fur et à mesure que les deux intrigues se rapprochent et les pièces du puzzle se mettent astucieusement en place, les différents éléments s’imbriquant finalement avec brio dans la résolution finale.
Mémoire et non-dits
L’Héritage sans nom nous plonge au cœur de la Norvège, auprès de ces adolescents qui conserveront, tout au long de leur vie, le même groupe d’amis et le même environnement. Dans ce cadre très resserré, l’héritage familial et le poids du legs sont très forts. Sans en révéler trop pour ne pas divulgâcher l’intrigue, il sera question, dans le roman, de secrets de famille, de non-dits dévastateurs, de mémoire et de filiation.
Ellen Gustavsen construit des personnages réalistes et touchants, pour qui l’on éprouve une immédiate empathie. Son écriture scrute les émotions et les sensations adolescentes avec talent, et analyse finement les relations amicales et familiales. Rivalité, maternité, tendresse et premiers émois, tout nous est raconté avec finesse et sensibilité, sans pour autant faire défaut au rythme et à la tension du récit.
Une écriture immersive et addictive
L’Héritage sans nom est un roman qui tisse habilement les liens entre ses personnages et ses différentes intrigues, combinant ambiance travaillée et intrigue palpitante. La plume fourmille de détails sur les noms des lieux, créant un environnement tangible et entraînant le lecteur dans une plongée fascinante au cœur de la Norvège. A travers un sujet de société prenant, l’autrice détaille les mœurs, les habitudes, et les particularités scandinaves.
De nombreux indices sont distillés au fil des pages, grâce au jeu passé-présent, permettant au lecteur d’en savoir un peu plus que Lars Lujassen, à mesure qu’il se rapproche du dénouement. Cette légère avance est particulièrement jouissive, puisqu’elle offre la possibilité de réfléchir à la résolution du mystère, avant que la police n’obtienne les mêmes informations. L’écriture prend alors une double dimension : à la fois immersive et addictive, elle parvient à combiner plaisir de lecture et complexité, pour tout lecteur attentif souhaitant s’investir activement dans l’enquête.
L’Héritage sans nom est donc un roman extrêmement prenant, traitant d’un sujet de société fascinant, au cœur de la Norvège. Avec une plume sensible et haletante, Ellen Gustavsen construit une intrigue dense et des personnages attachants et complexes, dans une passionnante quête de vérité et d’identité.