Caractéristiques

- Titre : Il était un loup
- Traducteur : Christine Barbaste
- Auteur : A.K. Benedict
- Editeur : Charleston
- Collection : Litterature Generale
- Date de sortie en librairies : 13 juin 2025
- Format numérique disponible : oui
- Nombre de pages : 480
- Prix : 22,90 €
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- Note : 5/10 par 1 critique
Alexandra Benedict, alias A.K. Benedict, autrice britannique déjà connue pour plusieurs romans publiés aux éditions Charleston – Petits Meurtres à Endgame ou Meurtres sur le Christmas Express – revient ce 13 juin avec Il était un loup, un récit atypique à la frontière du thriller et du conte horrifique.
Crimes en toutes lettres
Katie, autrice de polars, se réveille enfermée dans un grenier. Un mot laissé par son ravisseur, « le Loup », lui impose un choix macabre : proposer une réécriture moderne des contes de Grimm – le tueur se chargeant d’assassiner de vraies personnes selon le mode opératoire décrit – ou mourir elle-même. Le postulat, glaçant, repose sur une mécanique de suspense intrigante où écrire revient à tuer. Si le concept séduit d’emblée, il tourne parfois à vide, peinant à se renouveler au fil des pages.
Katie tente de ruser, de ralentir le récit pour protéger ses codétenues, elles aussi victimes du Loup, ou de glisser des indices dans ses contes à destination de la police. Le huis clos fonctionne et offre quelques jolis moments de tension, l’autrice cherchant à détourner les règles imposées par son ravisseur. En parallèle, Lyla, policière hantée par la disparition de sa meilleure amie d’enfance, mène l’enquête et découvre que certains indices semblent lui être directement adressés. Malheureusement, si cette double narration crée un écho intéressant, l’ensemble manque de souffle et l’autrice ne parvient pas à susciter une réelle empathie pour ses personnages.
Entre fiction macabre et mise en abyme confuse
Le roman joue la carte de la mise en abyme : à l’intérieur du récit principal s’insèrent les contes macabres écrits par Katie, signalés par des passages en italique. Chaque chapitre s’ouvre sur un symbole évoquant l’univers des contes de fées, instaurant une esthétique ludique. L’écriture se veut simple, parfois familière, ponctuée de parenthèses décalées qui tranchent avec la tension dramatique. Cependant, ces ruptures de ton déstabilisent et la métaphore du conte finit par sembler un peu forcée. Pour autant, le dispositif reste original, et l’approche narrative témoigne d’une réelle inventivité.
La première moitié, principalement fondée sur le huis clos entre Katie et son bourreau, installe un suspense efficace. Mais à mi-parcours, le roman bascule : le thriller psychologique classique part dans une direction plus floue, brouillant volontairement les frontières entre réalité et fiction. Hélas, les rebondissements deviennent confus, parfois invraisemblables. L’idée d’explorer le processus d’écriture et ses répercussions aurait pu séduire, mais l’exécution souffre d’une écriture inégale, parfois maladroite, qui atténue l’impact du propos.
L’écrivain est-il un tueur ?
Dès le prologue, le ton est donné : une apostrophe malicieuse suggère que les écrivains sont des meurtriers. Le roman s’interroge alors sur le pouvoir de la fiction : inventer des personnages, les faire souffrir ou mourir, est-ce un acte coupable? Peut-on inspirer des tueurs bien réels sans conséquences? Le questionnement, bien que pertinent, reste un peu flou, et la réflexion sur la création littéraire demeure trop superficielle.
À un moment clé, l’un des protagonistes découvre qu’il n’est pas réel, mais un personnage fictif capable de dialoguer avec son autrice. Une idée vertigineuse qui aurait pu ouvrir des pistes narratives passionnantes, mais qui souffre, dans sa réalisation, d’un manque de densité et de cohérence. En outre, les personnages semblent souvent déconnectés de l’horreur qu’ils vivent. L’héroïne, par exemple, lance des traits d’humour alors qu’elle est captive, ce qui nuit à la crédibilité émotionnelle du récit. L’ensemble donne l’impression d’un roman qui ose beaucoup, mais ne parvient pas à aller au bout de ses ambitions.
Avec Il était un loup, A.K. Benedict livre un thriller à la promesse intrigante, où l’écriture devient une arme létale. Si le concept initial séduit, le roman s’enlise peu à peu dans une construction brouillonne et des effets de style parfois mal maîtrisés. Entre tension narrative et pirouettes méta, le récit finit par perdre de vue sa propre cohérence. Une lecture originale, certes, mais trop inégale, qui laisse un arrière-goût d’occasion manquée.