Caractéristiques

- Titre : Transylvania
- Auteur : Nicolas Beuglet
- Editeur : Xo
- Date de sortie en librairies : 18 septembre 2025
- Format numérique disponible : non
- Nombre de pages : 349
- Prix : 21,90 €
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 8/10 par 1 critique
Avec 2,3 millions d’exemplaires vendus depuis Le Cri, Nicolas Beuglet s’est imposé comme l’un des poids lourds du thriller français, multipliant les best-sellers chez XO Éditions : Complot, L’Île du Diable, Le Dernier Message, ou encore L’Ultime Avertissement. Aujourd’hui paraît son huitième roman, Transylvania, toujours chez XO, qui nous entraîne dans les brumes glacées d’Europe de l’Est…
Quand Dracula n’est qu’un prétexte
La légende prétend que le château de Bran, en Transylvanie, appartenait au comte Dracula. C’est dans cet hôtel reculé, cerné par la neige et la glace, que la jeune inspectrice Mina Dragan est envoyée pour enquêter sur un meurtre étrange. Un cadavre gît dans une chambre, apparemment victime de strangulation, à côté d’une vieille malle verrouillée. Avant de disparaître, l’assassin a gravé un tatouage énigmatique sur la main de sa victime. Pour Mina, c’est le début d’un jeu de piste terrifiant qui la mènera bien au-delà des légendes vampiriques.
Avec Transylvania, Nicolas Beuglet soigne son cadre à l’atmosphère fantomatique : froid, neige, ombres lugubres… La Roumanie se dévoile dans une version fantasmée et inquiétante, digne d’un roman horrifique, avec ses paysages isolés et hostiles hors du temps. Et pourtant, le mythe vampirique reste très secondaire. Dracula n’est qu’un prétexte, un leurre, comme le tueur attire l’attention avec le château de Bran. Rapidement, le récit bifurque vers d’autres légendes, notamment celles ayant inspiré les contes de Grimm, et le voyage se poursuit en Allemagne puis ailleurs, offrant un cadre dépaysant, profondément cinématographique.
Une enquête haletante
Tous les éléments sont réunis pour faire de Transylvania un page-turner haletant. D’abord guidée par les traces laissées par le tueur, Mina se lance dans une enquête riche en mystères et en rebondissements. Elle doit ensuite accélérer le rythme pour ne pas voir son enquête lui être retirée, tout en échappant à la presse qui la talonne. Nicolas Beuglet excelle dans les scènes de suspense et d’action musclées. L’écriture est vive, précise, et le sens du rythme impeccable. Les chapitres sont courts, et les cliffhangers et rebondissements permanents rendent la lecture très addictive.
Au centre de cette intrigue, l’auteur impose une nouvelle héroïne, tout aussi charismatique que Sarah et Grace, les protagonistes de ses précédents romans. Mina Dragan est une jeune policière roumaine qui n’a pas suivi de longues études et porte un complexe d’infériorité qui la pousse à se surpasser. Pour elle, cette enquête est une chance unique de devenir inspectrice et de prouver sa valeur, dans un environnement souvent hostile et face à des collègues sceptiques. Son courage et sa ténacité se déploient au fil de l’enquête, notamment lorsqu’elle doit prendre des décisions aux conséquences potentiellement mondiales et historiques.
Thriller ou manifeste ?
Au fil de Transylvania, Nicolas Beuglet dépasse en effet le simple thriller pour glisser un véritable discours de fond. L’auteur aborde la désaffection pour la lecture, l’omniprésence des réseaux sociaux et ce qu’il perçoit comme un abêtissement progressif de la population. Les chiffres abondent, comme s’il livrait une étude sur le phénomène, et ce procédé renforce la dimension didactique du récit, inscrivant le roman dans une réflexion sociétale plus large. La presse, omniprésente, empêche Mina de travailler sereinement et joue un rôle de manipulation de l’opinion, scrutant chaque geste de l’enquêtrice et jugeant sa manière de progresser. À travers ce dispositif, Beuglet questionne subtilement les limites de ce qui est moral, même au nom d’un prétendu bien commun, et interroge le rôle des médias dans la construction d’une vérité publique.
Pour autant, le ton peut sembler alarmiste et parfois un peu moralisateur. La vision d’un monde allant vers sa perte, la critique des jeunes générations et de leur rapport à la lecture, ou encore des addictions aux nouvelles technologies, donnent une tonalité catastrophiste qui pourrait faire tiquer certains lecteurs. On peut se demander si cette réflexion ne renvoie pas, par moments, à un point de vue conservateur. L’auteur précise toutefois dans sa postface que les opinions et actions des personnages ne reflètent pas nécessairement ses convictions personnelles : il pousse les curseurs pour stimuler le débat et provoquer la réflexion. Le style est donc parfois excessif, et certaines péripéties peuvent paraître exagérées. Cependant, malgré ces excès, la force du roman réside dans sa capacité à mêler suspense haletant et questionnements de fond, offrant un thriller à la fois captivant et stimulant.
Transylvania confirme donc le talent de Nicolas Beuglet pour mêler suspense haletant, intrigue riche et réflexion de fond. Entre Roumanie fantasmée, scènes d’action musclées et une enquête qui pousse sa jeune héroïne dans ses retranchements, le roman captive et dépayse à chaque page. Une suite semble d’ailleurs déjà en préparation, promettant de nouvelles aventures pour la jeune Mina…