Caractéristiques
- Auteur : Warren Ellis, Jason Masters
- Editeur : Delcourt
- Collection : Contrebande
- Date de sortie en librairies : 26 avril 2017
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 144
- Prix : 16,95€
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- Note : 8/10 par 1 critique
Un Bond plus froid et méthodique que jamais
Quelques mois après la découverte d’un premier tome étonnant de par sa violence et son énergie (vous pouvez en lire notre critique), le plus connu des agents secrets de Sa Majesté revient en comics. James Bond Tome 2 : Eidolon est l’occasion de retrouver un duo qui fonctionne du tonnerre : Warren Ellis (Batman : Gotham Knights, Carnage : Mindbomb) et Jason Masters (Forever Evil, Justice League Saga), pour un volume qui n’est plus accompagné de la crainte que pouvait créer le précédent. En effet, la surprise fut si savoureuse qu’on avait immédiatement pris rendez-vous avec la suite, et l’on va voir qu’on avait raison d’être aussi emballé.
James Bond Tome 2 : Eidolon s’intéresse de près à une organisation secrète, dont le nom évoque bien des choses pour les amateurs de la licence, SPECTRE. L’agent 007 va devoir faire face à une situation sous haute tension : il est pris au piège dans la gigantesque Los Angeles, en compagnie d’une comptable du MI6, laquelle a découvert des mouvements financiers pour le moins suspects. Quelqu’un désire les voir morts, et y met les moyens, notamment en prouvant que même les officines d’État les plus sécurisées ne le sont pas vraiment. La situation est critique, et même en Angleterre, où la politique s’en mêle, et ce n’est jamais un bon présage…
Dès les premières pages, on retrouve ce ton si particulier, beaucoup plus proche des livres que des différents films. James Bond Tome 2 : Eidolon présente l’antagoniste (charismatique, c’est à signaler) à l’aide d’une introduction gratinée, pas spécialement en terme de violence graphique, mais de… concept de celle-ci, écrirons-nous. Cependant, et si les sursauts brutaux sont toujours assez jouissifs, on se délecte avant tout d’une écriture qui réussit à bien construire les moments de tension. Pas question, pour Warren Ellis, de se contenter d’un Bond un peu omnipotent, parfois séducteur, sans ne rien développer au milieu, souci qu’on a parfois retrouvé au cinéma. L’histoire que l’on suit se rapporte à des problématiques bien traitées, comme le port d’armes pour les agents secrets. Si le principe est louable pour les citoyens, qui n’ont pas à être plongés en plein western (c’est notre point de vue, tout du moins), c’est un peu plus compliqué quand cette interdiction est imposée à des forces en charge d’assurer la sécurité, non pas de proximité mais contre des attaques que l’on peut qualifier de terroristes. On ne se défend pas, contre la menace globale, avec des stylos et des dessins.
Des thèmes traités avec intelligence, et qui ne prennent jamais le pas sur l’intrigue
Au-delà de sujets parfois profonds et, surtout, traités avec intelligence, James Bond Tome 2 : Eidolon assure aussi un spectacle captivant. Les dialogues font mouche, le suspens jaillit de la moindre scène, et l’action n’est pas oubliée. On est loin de l’aspect finalement très propre des films récents, sensés contenir du « badass » (on n’en peut plus de ce mot, utilisé à tout bout de champ) mais trop inoffensif dans les situations tendues. Le 007 de ce comics est froid, efficace, en impose par une stature qui ne laisse aucune place au doute. Les balles se logent dans les yeux, les ennemis sont achevés brutalement, à grands coups de nuques brisées. Aussi, le SPECTRE garde cette aura mystérieuse, une sorte de rumeur sur toutes les lèvres mais encore floue, qui provoque des remous bien réels. Ce traitement fabrique l’impression que ce récit a sa place dans un autre, plus global, et qui tiendra le lecteur en haleine. En tout cas, Warren Ellis en a la possibilité.
Aux dessins de James Bond Tome 2 : Eidolon, Jason Masters fait encore du bon boulot, même si le passage dans le tunnel de Box est difficile à bien suivre, à cause de l’environnement un peu trop sombre. Son sens de la grammaire visuelle, du cadrage juste, procure des sensations cinématographiques bien agréables. Et son talent pour l’épure, dans les décors, sert une caractérisation physique des personnages bluffante. Quant aux couleurs, signées Guy Major (Batgirl, Aquaman), elles finissent de donner à l’ensemble un style un peu rétro, très net (parfois trop), et froid comme les actions de 007. Il se dégage un certain charme de cet album, donc, et l’édition, signée Delcourt (Strangers In Paradise, Spawn T15 : Armageddon), fait tout pour le souligner. Couverture de qualité, papier bien épais qui nous dit que l’objet traversera le temps sans encombre. Bref, de la qualité à tous les étages.