Le 13 novembre dernier, au Festival du Film de Rome, Wes Anderson présentait son nouveau film, Castello Cavalcanti. Un long-métrage ?
Non, un court-métrage publicitaire pour le géant de la mode italienne, Prada. Quoi de plus naturel, après tout, pour un cinéaste qui a imposé son style visuel si singulier auprès
de toute la hype et nous offre à chaque nouveau film une galerie de personnages au look des plus étudiés, à l’image de la jeune héroïne de Moonrise Kingdom ? Avec ses
vêtements et éléments de décor colorés et une influence certaine des années 60, Wes Anderson est à la mode et, après un spot pour le nouveau parfum de la marque, Candy
L’Eau de Prada, mettant en scène Léa Seydoux, voici donc Castello Cavalcanti avec Jason Schwartzman, égérie du créateur.
Plus qu’une publicité, le film se présente comme un véritable court-métrage de 8 minutes où l’acteur interprète un pilote de formule 1 américain dans les années 50, dont le bolide percute
la fontaine d’un petit village nommé Castello Cavalcanti. Immobilisé en attendant des secours, il en profite pour faire la connaissance des habitants dans un petit café-restaurant. A mesure qu’il
discute avec eux de ses origines italiennes, il se rend compte qu’ils font en réalité partie de sa famille éloignée et retarde son départ pour déguster avec eux un plat de spaghetti.
Coloré et jouant sur le cadrage et une intrigue simplissime, Castello Cavalcanti se donne comme un exercice de style brillant, vitrine parfaite – mais quelque peu
surprenante – pour Prada. Surprenante car, contrairement au court-métrage publicitaire de David Lynch pour
Dior par exemple, on ne trouve ici aucun produit à vendre. Tout juste aperçoit-on le nom Prada au dos de la combinaison jaune du héros lorsqu’il quitte sa voiture.
Pour le reste, on cherchera en vain un quelconque lien avec le créateur italien, si ce n’est la mise en avant de valeurs familiales. Ce qui est peut-être la clé : plutôt que de nous vendre un
produit, Prada préfère mettre en avant des valeurs et un artiste dont le prochain long-métrage, The Grand Budapest Hotel, sortira sur les écrans en mars
2014. Ce petit film revêt alors des airs de mise en bouche de luxe. A moins que Prada n’envisage de lancer un projet dont Castello Cavalcanti serait la
première pierre et qui prendrait sens dans les mois à venir. A voir…
Comme petit extra, Castello Cavalcanti tient ses promesses et joue en douceur sur le décalage qui fait le charme de l’univers du cinéaste américain. Après
Moonrise Kingdom, j’attends en tout cas de pied ferme The Grand Budapest Hotel.
Adresse originelle : http://cecile-desbrun.over-blog.com/article-castello-cavalcanti-de-wes-anderson-pour-prada-la-publicite-sans-produit-121395802.html
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