Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 4
- Xbox One
- Développeur : Rockstar Studios
- Editeur : Rockstar Games
- Date de sortie : 26 octobre 2018
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- Note : 9/10 par 1 critique
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Immédiatement au Panthéon du jeu vidéo
On y est ! Cinq ans après la sortie de GTA 5 (on ne compte pas le remaster de L.A. Noire), Rockstar dégaine enfin sa nouvelle production. Et il était temps : on commençait à sérieusement s’inquiéter, pour cette boîte pourtant plus que solide financièrement. Dix studios de développement internes, à travers le monde, et même pas un petit jeu de tennis de table pour nous faire patienter, les frères Houser avaient clairement un objectif bien plus grand à faire valoir. Suite d’une des grandes réussites de la précédente génération de console, Red Dead Redemption 2 se devait de marquer les esprits. C’est le cas, et bien plus qu’on ne l’espérait.
Avant d’attaquer sec sur cette suite, il nous semble assez utile de revenir sur le contexte de Red Dead Revolution premier du nom. Sorti en 2010, ce prolongement de l’univers créé dans Red Dead Revolver (jeu débuté par Capcom, terminé chez Rockstar) a atteint un niveau d’excellence assez orgasmique, surtout pour les amateurs de westerns, ces gens de bon goût. Ce véritable hit raconte le destin de John Marston, ancien membre d’une bande de hors-la-loi, et rangé des chevaux. Avec sa femme et son fils, il s’occupe d’un ranch, le plus paisiblement du monde. Jusqu’au jour où le FBI, nouvelle création de la civilisation galopante, se présente au domicile de notre avatar, et joue d’un chantage indigne pour que ce dernier retrouve les derniers membres de la bande, et les liquide. Une épopée épique, qui nous a propulsé jusqu’au Mexique, et dont la fin incroyablement jusqu’au-boutiste a marqué les esprits.
Un scénario captivant et inspiré de faits réels
Red Dead Redemption 2 ne prend pas la suite de ce cheminement, mais remonte le temps de douze ans. En 1899, alors que la fameuse bande de Dutch, à laquelle appartient John Marston, vit ses dernières heures. C’est un choix qui a pu surprendre, on s’attendait plutôt à suivre les péripéties de Jack Marston, mais bien vite on comprend à quel point l’intérêt de Rockstar se situe bel et bien dans une chronologie inversée. Après un GTA 5 qui tentait (et réussissait) le pari du triple point de vue, quoi de plus naturel que de pousser vers la multiplicité des personnages, par le biais d’une véritable caravane de hors-la-loi, en fuite face à la civilisation gourmande ? Le principe même de ce grand jeu se situe là : on prend les commandes d’Athur Morgan, bras droit de Dutch dan der Linde, le leader de ces bandits. Ceux-ci sont en cavale, après un braquage catastrophique à Blackwater, et vont se réfugier dans un territoire enneigé. Ce n’est que le début d’une véritable errance crépusculaire, plaçant le joueur au premier rang d’une déliquescence humaine, sur fond de progressisme sans pitié.
Il est temps, ici, de bien appuyer sur le gros travail scénaristique opéré par le trio responsable de l’écriture : Michael Unsworth, Rupert Humphries et Dan Houser. Red Dead Redemption 2 ne se borne pas à développer l’univers présenté dans RDR 1, mais le sublime en invoquant une histoire tout à fait réelle, bien entendu arrangée à la sauce du jeu. La bande de Dutch n’est autre que la Wild Bunch. Non, pas la Horde Sauvage de Sam Peckinpah (si vous n’avez pas vu ce film, courrez réparer cette erreur), mais plutôt de Butch Cassidy. Comme cette dernière, la troupe est prise en chasse par la Pinkerton, une agence de détective ici embauchée par Leviticus Cornwall, un riche industriel, très remonté après qu’un de ses convois se soit fait attaquer par Morgan et ses compères. Comme la Wild Bunch, une sorte d’esprit contestataire accompagne les membres, mais celui-ci est sans cesse remis en cause par des actes de plus en plus douteux. Comme pour la Wild Bunch, il suffit d’un cinglé pour créer le déséquilibre : dans les faits réels c’est l’instable Kid Curry, tandis que le jeu nous propose un Micah Bell parfait en antagoniste détestable. Pour terminer, le bras droit de Butch Cassidy, Elzy Lay, est clairement le modèle d’écriture pour Arthur Morgan : un ami fidèle, appui indispensable à un Dutch van der Linde beaucoup plus fragile, psychologiquement, que ce que ce dernier veut bien montrer. C’est, d’ailleurs, ce que démontrera la fin de parcours de ce chef de bande, devenu complètement fou, et suicidé dans RDR 1 après avoir compris que ce monde ne lui réserve aucune place.
Le western crépusculaire est entre vos mains
Red Dead Redemption 2 fascinera les amateurs d’Histoire de l’Ouest, c’est une certitude. Vous l’aurez compris, le récit vous réserve une véritable fuite en avant, aussi tragique que désespérée. Alors que RDR 1 jouait finement avec toute l’étendue des possibilités du western, citant tour à tour le classique, l’italien, et le crépusculaire, ici c’est ce dernier qui s’avère particulièrement invoqué. Pas une mission manque de nous faire ressentir ce chant de la mort inévitable, cette remise en cause terrible mais nécessaire de l’esprit du Far West, de sa justice expéditive, que l’on retrouve par exemple dans L’Homme des Hautes Plaines, La Horde Sauvage ou Du Sang dans la Poussière. Au service d’une bande qui se disloque fatalement, Arthur Morgan tente de garder la foi, ne rêve que de retrouver l’Ouest sauvage. La liberté, en un sens, alors que le train relie les grandes villes, et que le courrier parvient facilement aux destinataires : autant de témoignages qui condamne la vie d’antan, sa tranquillité. Là aussi, on en peut que penser aux sensations créées au cinéma, par l’immense Sergio Leone, et le personnage du Cheyenne (Il était une fois dans l’Ouest), irrémédiablement propulsé vers la tombe. Une caractérisation certes dramatique au possible, mais qui laisse tout de même une lueur d’espoir. Car, alors que Dutch et ses soutiens écervelés se fourvoient dans des actions contraires à leurs valeurs initiales, on sent notre avatar en totale remise en cause, et plutôt compréhensif face aux grands changements sociétaux, même s’il ne manque pas de noter que ceux-ci ne peuvent fondamentalement tout à fait lui convenir. Cette écriture pourra clairement trouver un écho chez les joueurs, alors que notre époque opère aussi certains mouvements plus ou moins désirés.
L’histoire principale de Red Dead Redemption 2 est une grande réussite. On était tout aussi attentif à la bonne tenue des missions secondaires. Depuis l’avènement de The Witcher 3, on ne peut plus imaginer un monde ouvert sans quêtes annexes à l’écriture soignée. Eh bien rassurez-vous, Rockstar a produit le même constat. Si les haters de ce studio ne seront toujours pas convaincus par la tonalité qui domine, très critique et parfois cynique, les autres toucheront du doigt le septième ciel. Sans ne rien spoiler, sachez que vous croiserez toute une galerie de personnages bien charismatiques, du professeur fou rappelant fortement Nikola Tesla, aux amoureux contrariés par une guerre familiale ancestrale, en passant par la très émouvante intervention d’un ancien amour d’Arthur Morgan. Les rencontres sont nombreuses, et toutes se révèlent marquantes, tiennent leur rôle au sein du développement de cet univers. Rockstar a tout fait pour que le joueur se sente au milieu d’un monde en mouvement, vivant. La grande spécificité étant la possibilité de passer à côté d’un détail, pourtant primordial si l’on s’en empare. Là encore, sans ne rien spoiler, il nous semble important de citer un cas de figure. Après une mission de recouvrement de dette pour le moins ultra-dramatique, au cours de laquelle Morgan a usé ses poings sur un pauvre père de famille atteint de tuberculose, notre avatar reprend ses activités. Même si le joueur est rongé par le remord, la vie continue. Si vous passez par le camp, à un moment plus ou moins précis, vous pourrez croiser la femme de votre victime, venue annoncer à Strauss, l’usurier sans scrupules, la mort de son mari. C’est un fait que l’on peut rater, si l’on passe notre chemin sans y prendre attention. Voilà qui donne une dimension vertigineuse au jeu, à son contenu.
Rockstar se joue de nos attentes
Comme pressenti à l’occasion des différents trailers, Red Dead Redemption 2 met le paquet sur les relations entre les personnages, les âmes qui habitent le camp de Dutch van der Linde. S’y rendre est à tout moment l’occasion de découvrir une discussion inédite. Écrivons plus précisément : on compte les redites sur les doigts de nos deux mains. C’est époustouflant. Une petite fête au coin du feu. Une prise de tête entre la brave Tilly Jackson et la marâtre Susan Grimshaw. Les penchants pour l’alcool de Karen Jones. Vous serez témoins de bien des scénettes, toujours renouvelées. Oui, le jeu contient deux Blu-ray, dont un d’installation. Et ce n’est pas pour rien : l’immensité de la substantifique moelle dépasse tout ce qu’on a pu expérimenter jusqu’ici. Les à-côtés sont aussi plus que nombreux, et participent pleinement à l’impression de grandeur, essentielle au propos du jeu. Ici, on ne peut que vous conseiller de ne pas attendre pour partir à l’aventure. Après le second chapitre, par exemple, le moment est parfait pour se laisser aller sur les chemins les plus sauvages. Ici, vous dénicherez de multiples easter eggs, et autres mystères parfois sanglants. Cette farfouille est, d’ailleurs, la plupart du temps récompensée, par un objet, une nouvelle entrée dans le carnet d’Arthur Morgan, ou une plus grande précision de la map.
Pour terminer avec cet univers si riche, et si passionnant, il nous paraît immanquable d’aborder le rythme de Red Dead Redemption 2. Rockstar livre ce qu’on peut appeler un jeu d’auteur. Si certains joueurs et journalistes s’attendaient à une cadence élevée, ils en sont pour leurs frais. D’ailleurs, cela traduit aussi une certaine méconnaissance du genre dans lequel s’inscrit le soft : le western. Non, le titre n’est pas une adaptation du dernier Marvel au cinéma. Non, on ne passe pas de toit en toit, comme dans le très bon Spider-Man. Le studio a fait le choix, courageux car totalement à contre-courant d’une société de l’instantané, d’imposer ce que certains ont qualifié de lenteur. Nous, on préfère le terme d’harmonie contemplative. En nous forçant à marcher au sein du camp, à bien penser sa sélection d’armes au cheval, à ne pas détrousser les cadavres à la vitesse de la lumière, le jeu cherche à nous faire ressentir des sensations plus aptes à coller au genre, ce qui ne manquera pas de créer un vrai clivage chez les gamers. Une cohérence certes imparfaite, qui s’efface à l’occasion des gunfights par exemple, mais que nous applaudissons à tout rompre.
Des premières heures difficiles
Il est grand temps de passer à l’autre gros morceau de ce Red Dead Redemption 2 : le gameplay. Si votre humble serviteur s’est refusé à vous livrer ce test trop rapidement, c’est à cause de la complexité de ce dossier. On a tout lu au sujet de la prise en mains. Si nous rejoignons une partie du constat, notamment du côté de l’ergonomie en partie défaillante, on ne peut que pointer l’ensemble des intentions, ne pas les déraciner de la vision de Rockstar. Il faut prévenir notre lectorat : il est très possible que, comme nous, vous passiez par des moments de désarroi, pendant les vingt à trente premières heures de jeu. Celui-ci nous demande de remettre en cause nos acquis, en terme d’open world. Par exemple, combien de fois a-t-on appuyé sur la gâchette pour faire avancer le canasson, ce qui s’est traduit par de nombreux tirs de carabine non désirés ? Il faut traverser une phase d’apprentissage assez indispensable, et digérer la configuration des touches : cela prend un peu de temps. C’est aussi très criant dans les premières fusillades, peu agréables tant il faut jongler entre les différentes mécaniques : se planquer, viser, utiliser le focus, en profiter pour valider plusieurs coups de feu. Fastidieux.
Pourtant, et c’est ce qui nous a convaincu de ne pas nous arrêter à ce premier constat, il est indéniable que l’on parvient à s’emparer de ces différentes mécaniques, lesquelles forment un résultat bien plus agréable que ce que les premières heures dessinent. Alors certes, il manque un petit quelques chose aux gunfights de Red Dead Redemption 2, peut-être un réalisme aussi poussé que ce dont on est témoin au sein de cet univers. Mais on ne peut qu’affirmer le côté fonctionnel de ces phases. L’intelligence artificielle des opposants n’est pas très poussée, mais reste suffisante afin de placer le joueur au milieu de situations formellement délicates, même si le challenge reste globalement très aisé. On ne connaît l’échec qu’après une erreur impardonnable. Le vrai défi à relever, c’est la quête des médailles d’or. Après avoir atteint la fin de la mission en cours, le jeu vous octroie une récompense, et rend possible la rejouabilité de l’aventure précédemment vécue, avec certains objectifs précis à remplir. Et là, c’est une affaire bien plus complexe….
Les précédents mondes ouverts prennent un sacré coup de vieux
Une petite flopée d’éléments pourront tout de même créer le regret. C’est de l’ordre du détail, mais tout de même à noter. La précision demandée pour déclencher certaines actions, comme attacher le cheval à un point d’ancrage. Si la monture n’est pas bien positionné, on se retrouve à devoir recommencer la démarche, ce qui peut se vivre comme une véritable perte de temps. Aussi, la démarche d’Arthur Morgan, dans les endroits clos comme les maisons, est un véritable raté, rappelant la lourdeur des personnages des premiers Resident Evil. Petit conseil à ce propos : passez en vue subjective, quand vous vous lancez dans la fouille des bâtisses, les sensations sont bien plus sympathiques. Aussi, l’utilité des noyaux (la faim, l’énergie, le focus) n’est pas spécialement poussée, et pourra même s’avérer contre-productive. Même si la note de ce Red Dead Redemption 2 atteint une quasi perfection, il n’est pas question de qualifier le jeu de parfait, loin de là.
Après ces quelques retenues, il faut bien écrire que le reste nous a enchanté. Mieux : Red Dead Redemption 2 redessine l’open world, contrairement à ce qu’on peut lire dans les insupportables forums autour du jeu vidéo. Le monde ouvert trouve ici un équilibre que l’on ne pensait pas rencontrer avant la prochaine génération de consoles. L’intention de Rockstar est limpide : rendre l’environnement vivant, palpable. Cela se traduit par deux piliers : l’organisation de chaque parcelle de map, et les possibilités dont elles disposent. On l’écrivait plus haut : on vous conseille de partir à l’aventure, loin des différentes missions. Vous découvrirez sans cesse de nouvelles situations, liées à l’endroit pratiqué. Bien entendu, certains cas reviendront plus que d’autres, comme ce PNJ attaqué par un serpent, ou ce bandit attrapé par les forces de l’ordre et qui clame son innocence. Mais cela ne peut faire oublier l’étonnement provoqué par cet ancien soldat qui nous demande de nous joindre à sa beuverie. Cette dernière se terminant par son coma éthylique, et la possibilité de le détrousser, ou de le laisser cuver.
Une affaire de choix
Voilà ce qui forme l’une des plus grandes satisfactions de Red Dead Redemption 2 : l’importance du choix, et ses vrais répercussions. Et ceci tout autant dans vos moments les plus libérés, qu’au cours des missions. Un exemple précis ? Très bien, le voilà. Alors que l’on furetait dans les alentours de Saint Denis (non, pas dans le 93, mais plutôt une représentation de la Nouvelle-Orléans, en plein cœur des bayous de la Louisiane), on tombe sur un PNJ très mal en point, le bras en charpie et prêt à mourir. Il est de votre responsabilité de l’aider, ou de le laisser périr, peut-être pour le détrousser. Dans notre cas précis, on a préféré l’embarquer sur notre monture, et le conduire chez le médecin le plus proche. Ici, par ailleurs, vous pourrez simplement le livrer aux mains compétentes du docteur, et tracer votre route. Ou pousser le vice jusqu’à vous incruster dans la salle d’opération, et assister à l’amputation. Quand on vous dit que ce jeu fourmille de détails ! Bref, après avoir effectué notre bonne action du jour, on retourne à nos méfaits, et on oublie totalement cette affaire. Jusqu’au jour, bien plus tard, où la foule de Saint Denis se masse autour de la potence. Le condamné n’est autre que l’homme que nous avions sauvé, coupable du meurtre d’une femme. Précisons ici que cette scène est de l’ordre du détail, là aussi vous pouvez totalement passer à côté. Choix, et conséquences…
Dans Red Dead Redemption 2, le joueur pourra aussi choisir de passer pour un véritable redresseur de torts, amical et avenant. Ou pour ne ordure de la pire espèce. Une très classique jauge d’honneur vient imager tout ça, afin de bien rendre compte de la qualité de vos actions. Même la façon dont vous vous adressez aux PNJ aura un impact : rester poli ou jouer la carte de la muflerie, là aussi on parle de choix, lequel vous ouvrira ou fermera des portes. Brosser dans le sens du poil, c’est l’assurance de ne pas perdre un duel déséquilibré, ou de débuter un petit dialogue contextuel sur quelques occasions. Menacer, c’est faciliter l’approche de citoyens voués à se faire détrousser. Ce cavalier vous paraît bien portant ? Il se peut que ses poches soient bien pleines, alors n’hésitez pas à l’invectiver. Du moins, si votre role play le permet… ou votre humeur du moment. Car les PNJ ont leurs propres humeurs, et pourront eux-même se montrer agressifs. Dans ce cas, quoi de mieux que de remettre les points sur les « i », et les poings sur la tronche ?
Des à-côtés comme s’il en pleuvait
La liberté de mouvement proposée par Red Dead Redemption 2 vous propose toute une gamme d’activités. Il ne faut pas s’attendre à du gros délire à la Yakuza, l’intention n’est pas la même, mais les possibilités sont énormes. On peut compter sur le poker, les dominos, jeu du couteau, il y a de quoi faire. Notons aussi que Rockstar a eu l’idée, excellente, de proposer des rencontres aléatoires permettant de véritables mini-jeux, comme le tir sur des bouteilles, ou la course de cheval. On ne l’écrira jamais assez : parcourir le monde, c’est l’assurance de découvrir du contenu. Mais revenons à ce qu’il est possible de vivre en-dehors des missions. La chasse et la pêche sont deux activités centrales. Les développeurs ont poussé les concepts assez loin pour nous faire écrire qu’il s’agit de la meilleure expérience possible, à l’heure actuelle, et dans un open world. Oui, devant la pêche de Final Fantasy 15. Le braconnage de qualité n’est pas la résultante du hasard. Le joueur devra maitriser son sujet s’il veut obtenir la meilleure peau possible, sans la gâcher d’un malheureux coup de fusil. Faire preuve de discrétion est important, tout comme la bonne munition. Utiliser le focus permet de mettre à jour les déplacements de la cible, et de les suivre. Aussi, n’hésitez pas à utiliser un bon appât, toujours pratique. Les développeurs ont poussé la chose jusqu’à la présence d’animaux légendaires. Pour ceux-ci, Arthur Morgan devra être attentif à l’environnement, remonter la piste en suivant les indices comme les excréments, les carcasses, ou des touffes de poils. On vous conseille aussi de faire prendre un bon bain à votre avatar avant de vous mettre au travail : l’odeur dégagée par un cow boy négligé a tendance à alerter les animaux. Jusqu’au-boutiste, qu’on vous dit !
La pêche n’est pas en reste. Le choix du lieu est évidemment important, mais pas que. Sachez que la période est aussi primordiale : le matin ou le soir, les poissons ont tendance à mieux mordre. Aussi, le temps de pluie excite ces animaux marins ou d’eau douce, alors n’hésitez pas à profiter d’une bonne averse. Une fois ferré, il faut remonter la cible. Cela peut prendre un certain temps si votre proie est du genre imposante. Attention à bien la fatiguer quand elle remue, et à ne pas jouer sur la ligne n’importe comment, au risque de la briser. Cela nous emmène, tout naturellement, à aborder le travail inouï effectué sur la faune et la flore de Red Dead Redemption 2. Les animations, les spécificités de vitesse, d’agressivité, tout cela forme un résultat remarquable, vivifiant. Les animaux s’aèrent nombreux, bien plus que dans le précédent opus, et bien plus que dans n’importe quel autre open world. De très loin. La cueillette, elle, se révèle moins aisée que dans RDR 1. Si le focus permet de déceler les pousses à dénicher, on ne peut plus réellement s’y atteler sans, auparavant, un gros travail de repérage. Enfin, la question est : pourquoi se lancer dans de telles activités ? Les réponses nous poussent vers le camp, qui a besoin de nourriture pour survivre. Alors n’hésitez pas à ramener les carcasse à Pearson, le cuisinier du village, pas végan pour un sou, c’est rassurant. Vous pourrez aussi vendre vos peaux et cadavres d’animaux légendaires au trappeur. Contre de l’argent sonnant et trébuchant, certes, mais aussi afin d’ouvrir les possibilités de constructions d’équipements. Afin d’être précis, sachez que ces bêtes spéciale laisseront derrières elles des ingrédients tout aussi spéciaux. Eux, c’est chez le recéleur qu’ils trouveront leur utilité : le marchand sera en capacité de vous construire une amulette unique, aux effets très intéressants…
La titanesque claque technique
Des missions parmi les plus épiques vécues manettes en mains, des activités annexes soignées et nombreuses, une écriture de très grande qualité : Red Dead Redemption 2 se devait d’accompagner ce constat d’une technique solide. Sur ce point précis, 2018 aura fait fort, notamment avec God of War. Cependant, le jeu de Rockstar surpasse tout ce qu’on a vu jusqu’à présent, sur consoles actuelles. Précisons ici que le test fut effectué sur PlayStation 4 non Pro. Et même sans la 4K, nos yeux ont été gâtés de toutes parts. Si le monde ouvert est aussi organique, pour reprendre un terme très usité en ce moment, c’est grâce à la folie furieuse qu’est la recherche de l’élément original. Nous n’avons que peu utilisé les voyages rapides, les diligences, les trajets en train. Ce n’est pas parce que ces mécaniques seraient mal fichues : elles sont exigeantes mais tout à fait logiques dans la recherche d’un certain réalisme. Non, c’est parce que cet immense territoire se découvre à chaque chevauchée. L’immensité des décors joue un rôle, certes. Mais aussi l’impression que chaque arbre, chaque rocher, chaque composition du sol, est unique. Un gigantesque travail sur les textures, sur la modélisation, a été nécessaire. L’occasion de louer la volonté jusqu’au-boutiste des développeurs, qui n’ont pas compté leurs heures. C’est ainsi qu’on parvient au sublime. si on veut bosser aux trente-cinq heures, il reste les jeux flash, nuff said.
La distance d’affichage vous rendra marteau. Les animations s’avèrent fluides et naturelles au possible. On a bien quelques petits bugs d’affichage, voire de collision, mais ils sont à remettre dans le contexte d’une œuvre presque parfaitement fignolée, formellement. Mais le plus marquant, c’est sans aucun doute les jeux de lumière. Il faut voir Red Dead Redemption 2 pour le croire. Faire face à un léger arc-en-ciel, à des rayons de soleil qui transpercent une épaisse brume, c’est autant de moments fascinants, carrément hypnotiques. Bien entendu, chaque zone propose ses propres spécificités visuelles, et le tout s’accorde divinement bien grâce à des transitions soignées. Passer de la montagnes aux plaines, cela ne se fait pas abruptement : la neige au sol reste présente, se fait de plus en plus rare, puis s’estompe. Magique. Tout comme les conditions climatiques : chaque orage créé un grand spectacle, la pluie ruisselle sur les personnages, créée de vraie flaque, s’accumule sur les toits. La nuit nous paraît un chouïa trop éclairée, mais c’est un choix dans l’optique d’un rendu très photogénique. Les plus esthètes d’entre vous iront de délices en délices, le RAGE Engine est décidément à la pointe de la technologie actuelle.
Dites adieu à votre vie sociale
Et nos esgourdes alors ? Red Dead Redemption 2 peut aussi se targuer d’un mixage audio au sommet. Que celles et ceux qui apprécient de jouer au casque se rassurent : une option permet une distribution optimale. Et c’est un besoin fondamental, tant Rockstar a sublimé l’ambiance sonore. Là encore, il faut vivre ces situations pour en savourer toute la substance. Faire du hors piste, entendre le chant des oiseaux, l’écoulement d’un ruisseau puis, au loin, une locomotive qui se rapproche. Un plaisir de tous les instants, qui se prolonge dans l’énorme boulot effectué du côté des doublages. Les accents, les intonations, tout est raffiné. Aussi, et c’était important, on retrouve les acteurs présents sur RDR 1. C’était évidemment nécessaire pour la bonne tenue de la licence. Le constat est tout aussi enjoué pour ce qui est de la bande originale, composée par Woody Jackson, déjà à l’œuvre sur l’opus précédent. Les sonorités sont évidemment moins mexicaines que dans le précédent opus, mais on remarque une belle reprise de certains thèmes. Surtout, les morceaux deviennent terriblement épiques quand les missions suivent la même courbe.
Pour terminer, il faut appuyer sur le contenu démesuré de Red Dead Redemption 2. L’histoire principale se boucle en quarante grosses heures, et l’expérience globale dépasse la centaine. Entre les fossiles à retrouver, les cartes spéciales, les trésors, les mystères, les différents éléments à crafter… Autant vous dire que votre vie sociale va effectivement en prendre un sacré coup. Surtout que ces quelques quêtes et vagabondages seront souvent bien récompensés, en objets uniques. Il faudra aussi compter des dizaines de défis, des tas de bandes à occire, et d’autres choses que nous vous laisseront découvrir. Aussi, l’après-fin réserve quelques petites modification du monde ouvert, et cela nous paraît assez indispensable que d’aller à la rencontre de ces petits détails. Et dire que Red Dead Online va débarquer, incessamment sous peu. Une divine folie, tout simplement.
Note : 19/20
Notre patience aura été plus que récompensée. Jeu le plus attendu depuis quelques années, Red Dead Redemption 2 justifie les espoirs en livrant une partition sensationnelle. Trip certes imparfait mais incroyablement jusqu’au-boutiste, le jeu redéfinit le concept de monde ouvert, renvoyant tout ce qui a été fait auparavant au stade de brouillon archaïque. Le scénario nous emporte loin, très loin, et trouve un écho au plus profond, tout en nous divertissant, et sans éviter quelques passages bien dramatiques. Mais c’est surtout la conception de l’open world, terrain de jeu qui confine au fantasme, qui nous fait écrire qu’on assiste là à l’écriture de l’une des plus belles pages de l’Histoire du jeu vidéo. Un géant, sans aucun doute.