Caractéristiques
- Auteur : Collectif
- Editeur : Ynnis Editions
- Date de sortie en librairies : 6 février 2019
- Format numérique disponible : Non
- Nombre de pages : 144
- Prix : 12,50€
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 7/10 par 1 critique
Dreamworks, l’épine dans le pied de Disney
Après Ghibli, le Club Dorothée, Disney et Mamoru Hosoda, l’équipe du magazine AnimeLand nous propose un joli mook (contraction de book et magazine) revenant en détail sur la filmographie du studio d’animation Dreamworks, publié pile au moment de la sortie du dernier bijou du studio américain, Dragons 3. Hommage au studio Dreamworks : De la lune aux étoiles commence par revenir sur la création du département animation par Jeffrey Katzenberg, ancien directeur artistique de Disney encore associé aujourd’hui à ce qui fut considéré comme le nouvel âge d’or du studio à la souris aux grandes oreilles : La petite sirène, Aladdin, La Belle et la Bête, Le Roi Lion…
Il signe pour prendre la tête du studio de Steven Spielberg après avoir claqué la porte de Disney en 1994. On lui avait refusé le poste de directeur exécutif à la disparition de Frank Wells, qui occupait cette position depuis vingt ans et il a du mal à l’accepter, lui qui est à l’origine du succès mondial du Roi Lion. Qu’à cela ne tienne ! A partir de 1996, il n’aura de cesse de couper l’herbe sous le pied de son ex-employeur, s’ingéniant pendant plusieurs années à lui faire une concurrence éhontée en lui « piquant » les sujets de plusieurs longs-métrages.
Cela donnera lieu à des doublés assez remarqués par la critique et les spectateurs à l’époque : Fourmiz sort presque au même moment que le 1001 pattes de Pixar, La route d’Eldorado talonne Kuzco l’empereur mégalo et Gang de requins suit de près Le monde de Nemo. Une petite guéguerre qui continuera avec Shrek, qui se présente de manière ouverte comme le parfait antidote à Disney, aussi bien dans le ton adopté qu’à travers plusieurs scènes détournant personnages et motifs du célèbre studio.
Retour sur les films d’animation du studio à la lune
Néanmoins, les dessins animés de Dreamworks s’affirment peu à peu comme des œuvres à l’identité et au ton bien distincts, d’une ambition évidente, malgré quelques ratés et films oubliés. De Shrek à Kung Fu Panda en passant par Madagascar, le studio cible petits et grands mais adopte un humour ultra-référencé davantage tourné vers les adultes et les ados. Et puis il y a bien évidemment la superbe trilogie Dragons réalisée par Dean DeBlois, exemple à part dans l’histoire du studio, où l’humour sarcastique et les citations cèdent la place à un récit initiatique touchant, aux scènes de vol épiques.
Tout cela, Hommage au studio Dreamworks en parle très bien durant 140 pages grâce à une approche alliant exhaustivité (au moins un article par film), analyses thématiques et histoire. Au-delà du premier chapitre évoquant la création du studio mais aussi le ton de ses films d’animation, chaque oeuvre est présentée, non pas de manière chronologique, mais au sein d’une thématique plus large à laquelle elle est rattachée : on retrouve ainsi « Les grandes sagas », « La comédie », « La ménagerie », « La grande aventure », « La science-fiction », et enfin « Histoires et légendes ».
Un mook exhaustif et pertinent
Plutôt que de séparer articles critiques des films et analyses thématiques, les rédacteurs d’AnimeLand parviennent à mêler habilement les deux : chaque grande thématique est introduite par un article faisant le lien entre les différentes œuvres avant d’évoquer chacune d’entre elles séparément, sous la forme de « fiches » d’1 à 2 pages.
Chacune revient sur le contexte de création de l’oeuvre, les thématiques qui y sont abordées, tout en portant sur elle un regard critique. Si le contenu critique est plus ou moins important en fonction des films abordés (les auteurs passent plus rapidement sur les œuvres mineures), l’approche est juste et pertinente, même lorsque nos goûts diffèrent de ceux de certains auteurs. Ainsi, l’auteure de cet article a trouvé l’article sur Madagascar assez intéressant, quand bien même le dessin et son humour l’ont plus ennuyée qu’autre chose lorsqu’elle l’a vu il y a quelques années. Comme c’était déjà le cas du mook consacré à Disney, la qualité première de ce spécial Dreamworks est de donner une vue d’ensemble de la filmographie du studio sans jamais la survoler, grâce à des thématiques pertinentes explorées de manière condensée mais éclairante.
Les franchises à l’honneur
Certaines oeuvres sont davantage mises en avant que d’autres, mais cela n’est en aucun cas un reproche tant certains dessins ont participé à la renommée du studio. C’est bien entendu le cas des grandes sagas (Shrek, Kung Fu Panda, Dragons) déclinées en plusieurs volets, et en séries animées.
Exemple-phare des années 2010, à l’honneur en ce début d’année 2019, Dragons se taille la part du lion, avec, en plus d’un article d’introduction et des fiches-films, une interview de Dean DeBlois et du producteur Brad Lewis, mais aussi une analyse sur la réinterprétation du mythe du dragon dans les films de la licence, le tout joliment illustré de captures du film et de quelques croquis dévoilés lors de la récente expo …
Enfin, la dernière partie, « L’ambition d’un empire », s’intéresse à la courte collaboration avec le studio Aardman (Chicken Run, Wallace & Gromit : Le mystère du lapin-garou, Souris City) et aux nombreux téléfilms et séries animées Dreamworks, partagés entre déclinaisons de franchises cinématographiques et œuvres originales gagnant à être connues comme Chasseurs de trolls, Voltron et She-Ra.
Un bel hommage à des oeuvres souvent ambitieuses
Au final, Hommage au studio Dreamworks : De la lune aux étoiles est un mook de qualité, autant destiné aux fans déjà acquis à la cause du studio qu’à ceux qui s’intéressent à l’animation et son histoire récente. Si, au-delà des deux premiers Shrek et de la trilogie Dragons, les œuvres d’animation du studio de tonton Spielberg n’ont pas toujours fait l’unanimité auprès de la critique, l’équipe d’AnimeLand nous donne véritablement envie de plonger à la découverte d’une filmographie riche, décalée et ambitieuse
Au-delà de la stratégie marketing qui a parfois pu nous distraire — une certaine rédactrice se souvient avoir boycotté Gang de requins, qui lui paraissait trop opportuniste — les œuvres animées du studio à la lune ont avant tout pour ambition de nous faire rire et rêver et réservent aux cinéphiles quelques moments de magie véritable. On saluera par ailleurs l’édition toujours très soignée de Ynnis, maison déjà derrière la publication de l’excellente revue Rockyrama et qui nous livre ici un joli volume à ajouter à notre bibliothèque.