Caractéristiques
- Titre : X-Men : Apocalypse
- Réalisateur(s) : Bryan Singer
- Avec : James McAvoy, Michael Fassbender, Jennifer Lawrence
- Distributeur : 20th Century Fox France
- Genre : Fantastique
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 144 minutes
- Date de sortie : 18 mai 2016
- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Dans le genre inépuisable, il est indéniable que les licences de super-héros se posent là, grâce à un terreau impressionnant de richesse. Alors que ce genre à part entière est clairement devenu le plus important, en terme de nombre, dans ce qui fait l’offre blockbuster, force est de constater que le rythme couplé à la qualité plus que discutable de certains est en train de provoquer une certaine saturation. Ainsi, après l’échec artistique de Captain America : Civil War, X-Men : Apocalypse est attendu au tournant. Pour ne rien arranger, mettons les pieds dans le plat : les fans de Marvel sont très « Disney-centrés » et ont la fâcheuse tendance à pardonner à la firme de Mickey ce qu’ils ne laissent pas passer autre part. Ajoutons à cela que cet opus est le dernier de l’arc cinématographique le plus concluant des films de l’univers Marvel (composé avant cela de X-Men : Le Commencement et de Days of Future Past), et l’on peut même avancer qu’on est là devant une œuvre qui figure parmi les films les plus désirés de 2016… à raison ?
Dans ce nouvel opus, il est question d’une légende, de l’un des super-vilains les plus impressionnants de l’univers Marvel. Apocalypse, puisque là est son nom, est le plus ancien des mutants. Œuvrant depuis les origines de la civilisation, cette entité a absorbé de nouveaux pouvoirs, devenant immortelle et invincible, adorée comme un Dieu au sein de l’Égypte ancienne. Alors qu’il dévore le pouvoir d’un énième mutant, Apocalypse est trahi et se retrouve plongé dans une sacrée sieste de plusieurs milliers d’années. A son réveil, le plus puissant des mutants découvre un monde qu’il ne cautionne pas, il décide alors de réunir plusieurs des siens, dont Magnéto, pour « nettoyer » l’humanité et faire régner un nouvel ordre mené par des mutants. Le Professeur Xavier et Mystique vont alors unir leurs forces, aidés par d’autres X-Men pour sauver le monde de la destruction.
Une ouverture sensationnelle
X-Men : Apocalypse reprend une dizaine d’année après Days of Future Past. On est dans la droite lignée de la situation créée par le précédent film : on retrouve les personnages marqués par les événements et qui, si l’on reprend l’arc depuis Le Commencement, marquent une véritable évolution. Pour mettre un peu la zizanie dans le tableau, il fallait (enfin) un bad guy digne de ce nom. Impossible de ne pas considérer, sur le papier, qu’Apocalypse est sans aucun doute le meilleur des antagonistes imaginables pour donner un coup de fouet aux films de super-héros, très souvent décevants à ce niveau. Bryan Singer l’a visiblement bien compris, et nous balance une séquence d’introduction énorme, renfermant plus d’une violence contrôlée que dix ans de Marvel chez Disney. Cette ouverture donne beaucoup à voir, à comprendre pour le traitement de X-Men : Apocalypse. On pense à cette direction artistique typée très comics, qui n’hésite pas à prendre des risques que l’on trouve payants. Que celles et ceux qui avaient peur de l’apparence d’Oscar Isaac se rassurent : il est bien plus charismatique que la vieille chaussette mauve fluo qu’on pouvait craindre.
Après ces premiers instants impressionnants, s’achevant dans une débauche d’effets spéciaux clairement pensés pour nous faire pénétrer un monde et non décrire le réel, il est temps de construire l’intrigue. Nous reviendrons plus tard sur l’écriture étrange de certains personnages, mais concernant le précis exercice de la trame, X-Men : Apocalypse s’en tire bien. La fameuse recette « à trois actes » qui, nous en sommes sûrs, finira par gaver le spectateur dans un futur proche si personne ne la remet en cause, marche encore plutôt bien ici. L’exposition est donc une réussite, l’élément déclencheur est aussi captivant. Sans en dire trop (pas de spoilers dans cet article), disons que Magnéto, et son destin de plus en plus sombre, est un bon catalyseur, du moins dans un premier temps. Le récit prend son envol lors d’une séquence courte mais saisissante, qui nous fait vivre la destruction d’un lieu historique de première importance. Les moments forts s’enchaînent plutôt bien, même si le deuxième acte est un peu longuet. D’ailleurs, X-Men : Apocalypse aurait pu faire facilement un quart d’heure de moins, en raccourcissant certaines expositions pas désagréables mais qui ralentissent un peu le rythme.
Le meilleur film de l’univers Marvel depuis des années
Côté personnages, X-Men : Apocalypse souffle le chaud et le froid. C’est bien simple, l’équipe côté X-Men est irréprochable, certains auront même l’honneur d’apparaître dans les meilleurs séquences de leur existence dans l’univers cinéma de Marvel. On pense inévitablement à Vif-Argent, qui a droit à une sorte de reprise de son instant de gloire de Days of Future Past mais en version maousse costaud. Cyclope et Diablo sont aussi de belles réussites, même si l’on aurait voulu que le premier des deux soit un peu plus mis en avant, tant chaque utilisation de son pouvoir est impressionnante. C’est du côté des vilains, et plus précisément des sous-fifres d’Apocalypse, que les choses se gâtent un peu. Pas que Magnéto, Psylocke, Tornade et Angel soient des déceptions, disons qu’ils ne sont jamais réellement développés. On sent qu’Apocalypse les tient sous son emprise, mais ce n’est pas assez appuyé, et finalement ce quatuor pourtant prometteur se fond un peu dans le décor, du moins quand ça ne tambourine pas. Car dès que l’action démarre c’est une autre paire de manche, et la déception s’efface pour faire place à une utilisation des super-pouvoirs intelligente, un étalage fantastique qui comble le spectateur en recherche de sensations. Le final de X-Men : Apocalypse est d’ailleurs épique à ce niveau, bien plus impressionnant que, par exemple, une guerre civile sur un bout de tarmac. Notre coup de cœur va sans conteste à Psylocke, interprétée par la plus que charmante Olivia Munn, dont on signale d’ailleurs que le costume, osé, est une totale réussite.
X-Men : Apocalypse est un pur film pour amateurs de comics, même s’il faut évidemment faire avec des différences flagrantes. Bien sûr, on regrette l’absence de Cable et de X-Man, les deux ennemis les plus historiques d’Apocalypse. Et ce dernier, version film, n’est pas aussi puissant intellectuellement que dans l’univers BD de Marvel. Mais les vrais connaisseurs savent, de toutes façons, qu’il est tellement impossible d’être fidèle à des œuvres fleuves, qui s’étalent sur des dizaines d’années, qu’il faut obligatoirement opérer des corrections. C’est le cas ici, mais on sent que Simon Kinberg s’est démené pour garder l’esprit, ne pas trahir le sens, garder une cohérence avec l’arc. Aussi, il nous évite la sempiternelle histoire d’amour clichée ou gnangnan, voire les deux à la fois selon les cas, ce qui permet de quitter le film en ayant la douce impression d’avoir assister à un grand spectacle certes imparfait mais à la fois réjouissant et divertissant. On va même oser écrire que cet X-Men : Apocalypse est le meilleur film de super-héros depuis Les Gardiens de la Galaxie !