Caractéristiques
- Auteur : Thierry Lenain, Olivier Tallec
- Editeur : Gallimard Jeunesse
- Collection : L'Heure des Histoires
- Date de sortie en librairies : 22 avril 2016
- Format numérique disponible : Non
- Nombre de pages : 32
- Prix : 4,90€
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 7/10 par 1 critique
Lecture partagée et consciente
Après Un Papa Sur Mesure, on continue notre découverte de la collection « L’Heure des Histoires » avec Il Faudra. Rappelons que, sous cette appellation, se rassemblent plusieurs œuvres sélectionnées avec soin par Gallimard Jeunesse (La rentrée des animaux, Un papa sur mesure) pour leurs qualités narratives, qui facilitent l’important exercice de la lecture partagée. Expérience primordiale pour la construction de la personnalité de l’enfant, mais aussi pour instaurer une relation enrichie entre le parent et le bambin, cette oralisation peut se pratiquer en bien des lieux, à bien des moments, tant son intérêt est grand.
Il Faudra nous a étonné à plus d’un titre. Tout d’abord, la teneur du texte est loin de provoquer le déjà-lu, surtout pour une cible située entre cinq et sept ans. On peut le qualifier d’engagé, mais aussi de poétique non dans sa structure mais plutôt dans la recherche du sens. Il Faudra cherche à parler à l’enfant, ce qui facilite évidemment la lecture à voix haute, même si nous conseillons au parent de lire l’ouvrage une première fois, sans l’enfant, afin de ne pas être surpris par la matière profonde des écrits.
Il Faudra est cosigné par Thierry Lenain, une plume renommée dans le milieu de la littérature jeunesse pour ses écrits qui abordent des sujets difficiles. Ici, point de thèmes véritablement graves, même si l’on sent bien une envie de créer une discussion, de provoquer la réaction chez l’enfant. Ce dernier s’identifie au garçon de l’histoire, assis à l’écart du monde, qui l’observe et en énumère les différentes erreurs à réparer pour construire un monde meilleur. Une forme d’idéalisme traverse Il Faudra, pas idéologique pour un sou, on le qualifiera plutôt de pur comme le cristal. Pacifisme, humanisme, sens du partage, respect de l’environnement, en s’appuyant sur ces belles valeurs l’auteur réussit à faire avancer son récit sur un rythme précis. Fondamentalement optimiste, Il Faudra se termine par une figure de style peut-être un peu compliquée pour les cinq à sept ans, mais d’une belle profondeur une fois expliquée : l’île du début était en fait le ventre de sa mère.
Un récit d’une certaine finesse
L’autre signature d’Il Faudra, c’est Olivier Tallec à l’illustration. Celui qui signe non seulement des ouvrages jeunesse, notamment la très renommée série Rita et Machin, est aussi connu pour ses dessins au sein de médias comme Elle ou Le Monde. Son style très crayonné se met au service d’un travail pensé pour avant tout accompagner le texte, et c’est une belle réussite. Olivier Tallec donne un certain mouvement à ses personnages, tous sont comme pris d’un souffle de vie quand les mots rejoignent l’observation. Autre réussite d’Il Faudra, l’artiste traduit le fondamental par le biais de l’image : l’enfant cherche à créer un nouveau monde, il est donc entouré d’une atmosphère comme éthérée, comme pour dire que tout reste à colorier, donc à faire.
Il Faudra est un ouvrage d’une belle finesse, qui cherche à être agréable à raconter autant qu’à créer la réaction chez l’enfant. Ainsi, cette lecture partagée ne sera savoureuse que pour un public de cinq à sept ans, la proposer à un enfant plus jeune n’aurait aucun sens. Il Faudra est animé d’un désir très intéressant de donner à l’enfant un récit simple mais profond, la possibilité de poser des questions, ce qui est une bien belle volonté.