Caractéristiques
- Auteur : Lewis Trondheim & Nicolas Keramidas
- Editeur : Glénat
- Collection : Glénat Disney
- Date de sortie en librairies : 2 mars 2016
- Format numérique disponible : Non
- Nombre de pages : 48
- Prix : 15€
- Note : 9/10 par 1 critique
L’histoire de Mickey vue par des auteurs français
Initiée par les éditions Glénat, qui proposent depuis 2010 des intégrales des bandes-dessinées Disney (L’âge d’or de Mickey Mouse, La dynastie Donald Duck et La grande épopée de Picsou), voici le premier album d’une nouvelle série proposant des aventures inédites de Mickey et ses amis, imaginées par les meilleurs artistes de la BD francophone. L’occasion de revisiter l’histoire et l’univers de Disney et sa célèbre souris, avec beaucoup d’imagination et un humour toujours présent. Loin de s’adresser seulement aux enfants (qui apprécieront néanmoins), cette nouvelle série de bande-dessinées joue malicieusement avec les codes Disney tout en respectant certaines contraintes. On reste dans l’univers de Mickey et les auteurs ne partent pas à proprement parler dans la subversion, mais ils trouvent le moyen de jouer avec le caractère des différents personnages et leur histoire, avec le côté loufoque de leurs aventures, pour nous proposer des albums aussi inventifs que réjouissants.
Mickey’s Craziest Adventures, sorti début mars en même temps que Une mystérieuse mélodie, a la particularité de se présenter comme une histoire de Mickey publiée dans les années 60 et perdue depuis. Un avant-propos nous explique que les auteurs, Lewis Trondheim et Nicolas Keramidas, ont trouvé une caisse de vieilles BD Mickey dans un marché aux puces, chaque numéro contenant une planche de « Mickey’s Craziest Adventures », une histoire au long cours dans laquelle Mickey, accompagné de Donald, tente de retrouver Pat Hibulaire et les Rapetous, qui se sont emparés de la fortune de Picsou en la miniaturisant grâce à une machine inventée par Géo Trouvetou. Seul problème : il manque certains numéros et l’histoire est donc incomplète. Ce parti pris est un prétexte pour éviter les planches de transition et d’explications qui rallongeraient inutilement le récit, d’où un rythme très ramassé et un effet souvent comique, Mickey et Donald passant sans transition de cités antiques ensevelies à la rencontre avec des dinosaures, entre autres aventures cocasses. Les auteurs jouent avec le côté facétieux de Mickey, dans un esprit slap-stick, (pas forcément l’aspect le plus connu du personnage), mais aussi avec son caractère positif (parfois à outrance) et futé, trouvant mille façons de repousser un ennemi lorsque Donald choisit la fuite. Très bien écrite, la BD pose un regard à la fois respectueux et malicieux sur un univers familier, tout en s’inspirant des bandes-dessinées des années 60, dans le fond comme dans la forme.
Une BD facétieuse à l’aspect délicieusement vintage
Esthétiquement, Mickey’s Craziest Adventures est somptueux : Nicolas Keramidas a donné un aspect vintage à l’album, qui est supposé nous présenter des planches retrouvées dans un grenier. Les pages sont vieillies, avec une colorisation adaptée en conséquence, le bas d’une planche est à moitié effacé, comme si elle avait été déchirée ou s’était effacée au contact de l’eau, des marques apparaissent ça et là… Le bandeau en haut de chaque planche reprend le style des titres des bandes-dessinées du Journal de Mickey qui était celui, non pas des années 60, mais des années 90, petite digression que les lecteurs ayant connu le magazine à cette période reconnaîtront. Le style des dessins respecte l’univers Disney et l’aspect des personnages est logiquement un peu rétro, pour coller à l’idée qu’ils ont connu une évolution physique au fil du temps, bien que le dessinateur ait un peu adapté le style choisi par rapport aux BD Mickey de l’époque, dessinées par Floyd Gottfredson, au trait plus rond. Les nombreux décors qui nous sont présentés au fil des planches sont quant à eux un mélange de l’univers Disney et du style des comics d’aventure de l’époque. Le résultat, très abouti, servi qui plus est par un découpage dynamique, est des plus concluants et plonge le lecteur dans un univers coloré complètement loufoque. L’album ne fait que 48 pages et se lit donc vite, d’autant plus que le rythme est assez soutenu, mais on parcourt volontiers les différentes planches sitôt la lecture terminée, pour mieux en savourer les détails.
Présenté dans une sublime édition cartonnée en grand format, Mickey’s Craziest Adventures ouvre en beauté cette série inédite des éditions Glénat consacrée à Mickey. Rivalisant d’imagination et de malice, Lewis Trondheim et Nicolas Keramidas imaginent une histoire qui n’est qu’un prétexte à une course-poursuite effrénée à travers de nombreux décors, confrontant nos héros à des cités perdues à n’en plus finir et mille dangers et obstacles. Faisant preuve d’un humour facétieux respectueux de l’univers Disney tout en lui apportant un peu de tranchant, la BD se dévore d’une traite et donne envie de se replonger dans un univers si familier qu’on oublierait presque qu’il a bientôt 90 ans et a connu maintes évolutions.
Glénat, qui propose des intégrales des bandes-dessinées Disney historiques (notamment une intégrale Mickey par Floyd Gottfredson en 12 tomes, L’âge d’or de Mickey Mouse), poursuit en ce sens sa volonté de rendre hommage à l’histoire de cet univers et son héritage. Il faut également saluer le travail de Nicolas Keramidas, dont le trait dynamique et le style délicieusement rétro apporte un charme irrésistible à l’ensemble, qui sied à merveille à la verve jubilatoire de Lewis Trondheim. L’aspect vintage de la bande-dessinée, avec ses planches faussement vieillies, en font par ailleurs un très bel objet à conseiller aussi bien aux admirateurs de Mickey qu’aux amoureux de bande-dessinée. Une belle réussite.