Se la couler douce, ou faire quelque chose de sa vie ?
Monster X Monster, voilà un titre bien mystérieux pour un manga qu’il nous tardait de découvrir. Est-ce l’attrait de cette superbe couverture (une bonne habitude chez les éditions Ki-oon), ou les promesses qui en découlent ? Sans doute un mélange de tout cela. Ajoutons que les gros monstres, et la chasse dont ils font l’objet, est un thème qui a connu (et continu de connaître, mais plus sporadiquement) un certain retentissement : la licence Monster Hunter est évidemment passée par là (et tous ses suiveurs, comme le récent Toukiden 2). Seulement, l’univers manga a cela de savoureux qu’on est continuellement surpris par sa force de proposition. Et si certaines séries déçoivent, d’autre apportent assez de fraîcheur pour surprendre un lectorat qui aime se sentir surpris. Nous allons voir que Monster X Monster T1 rentre parfaitement dans cette catégorie.
Monster X Monster T1 prend place dans un univers à la jonction d’un environnement heroic-fantasy, et de personnages plutôt modernes dans leur traitement. On fait donc connaissance avec « notre héros », dont le nom échappe à la narration comme pour mieux nous le rendre antipathique. Il vit une situation qui n’arrange pas son côté pleutre : les monstres, parfois gigantesques, sont passés de prédateurs à proies. En effet, l’humanité a appris à les chasser, et désormais ces furetages provoquent un véritable commerce de denrées parfois précieuses. À la tête de ces chasses, on trouve les Bringers, de véritables guerriers aux capacités impressionnantes, et respectés de tous. Seulement, notre héros n’en a que faire : il a 29 ans, et sa seule passion est de glander du mieux possible, alors que sa mère désespère. Contre toute attente, cette dernière s’arrange tout de même pour que son fainéant de fils soit pris en charge par un prof particulier, et son élève, afin de s’initier à la chasse aux monstres, seule activité qui ne demande aucun diplôme…
Monster X Monster T1, c’est un peu comme si Monster Hunter s’intéressait non pas à un courageux aventurier, mais au gros looser d’un des villages qu’on visite. Dès lors, il ne faut pas s’attendre à des joutes impressionnantes à toutes les pages, mais plutôt à un manga drôlissime, dont le potentiel nous explose au visage assez rapidement. Si l’on sent bien que le premier chapitre fut écrit sans que l’auteur ne sache réellement qu’il donnerait une chance à ce personnage de se développer, tous les ingrédients qui y sont utilisés font mouche. Le mangaka Nikiichi Tobita (actuellement sur Shinobi Gataki) expose assez de gags pour que le rythme soit bien soutenu, et son dessin réaliste nous charme de par le décalage comique qu’il provoque.
Un humour omniprésent, et qui fait mouche
Monster X Monster T1 nous donne donc un peu de monstres, mais surtout il livre un personnage principal qui a tout de l’anti-héro antipathique, qui évoluera peut-être grâce au voyage initiatique qui s’enclenche en fin de volume. Intelligemment, Nikiichi Tobita ne passe pas trop rapidement sur la description de la fainéantise de « notre héro », conscient qu’elle est une véritable réserve à gags. Constamment les doigts dans le pif, le personnage principal a tout de ces quasi-trentenaires sans grande motivations et, si les traits de caractère sont évidemment tirés vers l’absurde, on sent tout de même que le mangaka prend plaisir à décrire une partie de la génération Y, entre phénomène Tanguy et geeks crétinoïdes. On s’amuse aussi de ses rapports conflictuels avec la mère, qui forment l’un des running gag de ce Monster X Monster T1 décidément succulent.
Voilà donc qui lance une mini-série (en trois tomes) qu’il nous tarde de totalement découvrir, surtout que le final de Monster X Monster T1 nous laisse en plein suspens. Notre héro va-t-il survivre longtemps à son apprentissage, lui qui ne peut approcher le moindre lézard sans tourner de l’œil ? Son attirance pour les femmes déguisées en monstre va-t-elle lui jouer des tours, alors que l’élève de son instructeur a dévoilé des courbes pour le moins avantageuses ? Aura-t-il la décence d’actualiser son compte Pôle Emploi avant le 15 du mois (on plaisante, mais vous savez très bien de quoi on parle) ? Mine de rien, ce manga léger aura réussit à nous plonger dans son univers d’une belle manière, et l’on a hâte de découvrir la suite des aventures de ce personnage principal cynique au possible. Enfin, on ne peut pas se quitter sans avoir appuyé sur une autre des qualités de Monster X Monster T1 : le joli travail de finition assuré par Ki-oon. Comme à son habitude, l’éditeur propose une couverture soignée, un papier épais fait pour durer, et une impression sans aucune bavure. Du tout bon.
Monster X Monster T1, un manga scénarisé et illustré par Nikiichi Tobita, traduit par Thibaud Desbief. Aux éditions Ki-Oon, collection Seinen, 192 pages, 7.65 euros. Sortie le 23 février 2017.