La vérité est dans le comics
Alors que la dixième saison de The X-Files n’a pas forcément emballé tout le monde, notamment à cause d’un faible nombre d’épisodes qui n’a pas facilité le développement et, surtout, d’un traitement au second degré peu convaincant, voilà une licence étonnamment toujours aussi porteuse d’espoirs. L’univers créé par Chris Carter est clairement un puits sans fond pour qui veut bien s’y pencher sérieusement, et finalement le média utilisé importe peu. Que ce soit en roman, en film, en série ou en BD, The X-Files n’a pas besoin de s’atteler à une charge d’efforts monstrueux pour provoquer l’adhésion de ses millions de fans, du moins pour peu que le sujet soit pris au sérieux par les forces en présence. Cela tombe bien, celles qui s’occupent du comics qui nous intéresse aujourd’hui, le tome 1 des “Nouvelles affaires non classées“, sont du genre à ne pas prendre leurs travaux à la légère.
The X-Files Tome 1 : les nouvelles affaires non classées prend place entre la neuvième saison et la dixième. Alors qu’ils ont œuvré pendant des années au FBI, au sein d’un service en charge des enquêtes en lien avec des phénomènes inexpliquée, Fox Mulder et Dana Scully sont “mis au placard” et jouissent d’une nouvelle vie accompagnée d’identités neuves. Seulement ce bonheur tout relatif s’appuie sur un équilibre primaire, et il suffit d’un grain de sable dans l’engrenage pour que le quotidien des deux anciens agents s’en trouvent bouleversé. Une explosion étrange sur le chantier d’un oléoduc en plein Wyoming, le réseau du FBI attaqué par de mystérieux pirates, et bientôt un plan inquiétant semble se mettre en place morceau par morceau. Pas de doute, on en veut aux anciens du bureau des affaires non classées, qui vont devoir vite reprendre du service. D’autant que la menace semble s’intéresser de très près à une personne pour le moins proche de Mulder et Scully…
D’un pur point de vue d’amateur de la licence The X-Files, ce premier tome est un bien sympathique plaisir à se mettre sous la dent. Reprenant le fil rouge bien connu de la série là où il en était malheureusement resté à la conclusion d’une saison 9 assez ratée (mais moins que la 10, et toc !), le comics réussit à se dépatouiller pour nous proposer un scénario cohérent, pas du tout révolutionnaire pour la franchise mais respectant bien l’esprit. Le décollage est peut-être un peu abrupte, ne prend pas vraiment de pincettes avec le lecteur, mais c’est aussi une qualité que de ne pas se perdre dans des dizaines de pages d’exposition pas très affriolantes. Ce premier tome des Nouvelles affaires non classées sait ce que veut le fan d’X-Files, et comment lui procurer du plaisir. La substantifique moelle du show est bien au rendez-vous, avec une dose de mystère, peut-être un peu chiche en terme d’horreur pure mais tout de même assez prenant pour nous pousser à lire d’une traite jusqu’à un final typique de la licence.
Une licence à la relance
L’auteur de The X-Files Tome 1 : les nouvelles affaires non classées n’est pas un inconnu pour les amateurs de comics. Joe Harris est même un auteur qui compte, avec au compteur pas mal de travaux salués aussi bien par les lecteurs que par la critique. On pense notamment à son Great Pacific, qui a eu l’honneur d’une sortie sous nos latitudes ; ce qui n’est pas le cas de Ghost Projekt, que nous n’avons pas pu lire mais qui a provoqué de bons retours outre-atlantique. Son travail pour cet X-Files n’est certes pas des plus difficiles, il suffit de suivre la pelote sans en perdre le fil, ce qui est fait dans un sérieux à toute épreuve. On retrouve tous les personnages de la mythologie, y compris l’homme à la cigarette, et si le récit semble réciter ses gammes plus qu’en inventer, au moins il le fait avec un agréable respect du matériel d’origine, ce qui nous fait penser que les fans devraient s’y intéresser de plus près. On sera peut-être un peu plus réservé sur quelques passages, ou plutôt des réactions surprenantes notamment côté Scully, mais rien de bien méchant. L’écriture de ce comics X-Files fait le job, et c’est tout ce qu’on lui demande.
Pour les illustrations de The X-Files Tome 1 : les nouvelles affaires non classées, on retrouve Michael Walsh, là encore un nom qui pourra parler aux spécialistes : au travail sur le sympathique Comeback, mais aussi sur l’alléchant X-Men : Worst X-Man Ever dont le titre ne peut que faire marcher la machine à fantasme “marvellienne”. Avant de se lancer dans un jugement à l’emporte-pièce, il faut préciser que s’engager dans une entreprise comme le dessin d’un comics X-Files n’est pas chose aisée, tant l’œil du public s’est façonné sur une représentation physique des personnages alors que l’artiste a besoin, de temps en temps, de prendre quelques libertés. C’est ce que l’on appelle l’aspect déceptif qui peut être, comme ici, utilisé à bon escient. Dès lors, il est clair que Michael Walsh ne pouvait pas totalement rendre un travail “100% réel, regardez mes personnages sont comme dans la vraie vie“, du moins sur les deux têtes d’affiche et ce dans seulement quelques circonstances. Disons que, sur certaines cases de ce premier tome de The X-Files, on ne reconnaît que peu Fox Mulder, et ce même si le trait de l’illustrateur est précis et séduisant. Dans l’ensemble, le travail de l’illustrateur est à la hauteur avec, par ailleurs, un vrai talent pour traduire le mouvement.
On n’attendait pas grand chose de The X-Files Tome 1 : les nouvelles affaires non classées, on est donc très agréablement surpris par les bonnes sensations que cet ouvrage réussit à provoquer. Loin de l’ambiance cynique de la bien triste saison 10 (oui, on insiste, on était proche du naufrage), ce comics profite du talent aux commandes pour au moins nous livrer une histoire intéressante, bien installée dans la mythologie de la série, et surtout respectueuse des fans de ce show un peu malmené sur ses dernières saisons. On attend la suite avec un gros intérêt. En tout cas plus que pour la saison 11.
The X-Files Tome 1 : les nouvelles affaires non classées, écrit par Joe Harris, illustré par Michael Walsh. Aux éditions Glénat, 144 pages, 10 euros. Sortie le 25 mai 2016.