Après Facéties de chats en octobre dernier, les éditions Margot publient cette réédition du livre illustré Destins de chiens de Sébastien Pérez et Benjamin Lacombe, originellement édité chez Max Millo en 2007. Le contenu est quasi-similaire à celui de la version originale, seuls quelques dessins (comme celui de la couverture) ayant été retouchés à cette occasion.
De drôles de petits contes macabres
Les lecteurs ayant apprécié la dernière publication du duo devraient adorer ce premier livre, réalisé selon une trame somme toute similaire : une quinzaine de portraits d’animaux de compagnie, accompagnés d’un médaillon sur la page de présentation, puis d’un court poème racontant leur histoire et d’une illustration en pleine page. A la différence près que, contrairement à nos amis félins, dont Pérez et Lacombe croquaient les drôles de lubies, les histoires des chiens contées ici ont presque toutes un rapport avec la mort, que ce soit la leur (souvent) ou celle de leur maître. Nous passons donc des petites anecdotes amusantes sur le comportement de ces matous à de malicieux contes macabres sur le destin souvent cocasse de canins appartenant tous à des races différentes.
Comme pour Facéties de chats, les auteurs ont imaginé chacune des histoires en fonction du caractère des races de chiens choisies. Le caniche est précieux, le lévrier afghan très fier, l’épagneul papillon aussi sportif qu’intrépide, le labrador glouton… Un petit index encyclopédique en fin d’ouvrage permet d’identifier chaque race, dont on nous donne les principales caractéristiques et les traits de caractère qui font sens vis-à-vis des poèmes.
Entre Edgar Allan Poe et Edward Gorey
Sébastien Pérez aborde ainsi avec légèreté mais sensibilité la question de la perte d’un animal domestique à travers ces courts textes (1 à 2 pages) dont l’humour noir évoque celui d’Edgar Allan Poe. Benjamin Lacombe, quant à lui, donne vie à ces boules de poil en leur apportant une personnalité véritable, à travers des dessins au crayon en noir et blanc tour à tour drôles et touchants, empruntant parfois un style victorien faisant directement écho à celui des poèmes. On trouvera ainsi au détour d’une page une référence à l’illustrateur Edward Gorey, lui-même très influencé par l’époque victorienne. Le style distinctif de ses illustrations s’accorde ainsi particulièrement bien au ton des histoires de son acolyte : l’un comme l’autre font autant preuve de mordant que de fantaisie, pour un résultat percutant, où l’ironie est souvent présente. On ne sera donc guère étonnés d’apprendre, au vu de leur alchimie évidente, que les deux auteurs ont collaboré plusieurs fois ensemble depuis 2007 : le très beau Généalogie d’une sorcière en 2008, suivi de L’herbier des fées en 2011, et enfin Facéties de chats à l’automne dernier.
Comme pour ce dernier livre, la lecture est rapide : il ne vous faudra guère plus de 20 minutes pour parcourir les 80 pages de Destins de chiens, chaque chapitre étant composé d’une page de garde avec le médaillon et les dates de naissance et de décès du chien et d’une page d’illustration, pour seulement 1 à 2 pages de texte en vers. Quelques pages lignées à la fin permettent au lecteur de raconter l’histoire de ses animaux de compagnie et de placer leur photo en médaillon, ce qui pourra aussi être l’occasion pour l’enfant de faire le deuil de son compagnon à quatre pattes, ou pour l’adulte inspiré d’inventer à son tour un poème pour honorer la mémoire de ceux qui nous ont accompagné au cours de notre vie. Il s’agit donc d’un joli petit livre illustré, destiné aussi bien aux adultes qu’aux enfants à partir de 8 ans environ, que l’on pourra facilement relire, intégralement ou par petits bouts, au gré de ses envies.
Destins de chiens de Sébastien Pérez & Benjamin Lacombe, Éditions Margot, sortie le 27 mai 2016, 86 pages. 14,90€