De la dark fantasy de haut vol
Voilà donc qu’arrive, en format poche, le premier tome Renégat : l’une des séries fantasy les plus intéressantes de ces dernières années. Décidément, on est gâté en ce moment, rappelons que le premier tome de Sharakhaï a charmé l’auteur en charge de la lecture. Précédé d’une réputation pour le moins flatteuse, la première œuvre signée hors-pseudo par Cameron Miles a surpris tout le monde lors de sa sortie initiale en 2012 (2013 sous nos latitudes, en version grand format) de par son récit qui, assurait-on, pouvait rappeler autant Le Trône De Fer que La Compagnie Noire. Cela vous pose un contexte…
Renégat Tome 1 : Le Chevalier Rouge prend place à Alba. Le fameux personnage du sous-titre dirige une bande de mercenaires aux exactions violentes, de retour d’une guerre, et pour la diriger il faut bien réunir quelques qualités. D’une carrure impressionnante, sachant manier l’épée à la perfection, mais aussi protégé par une chance insolente, celui que l’on surnomme le Chevalier Rouge a tout pour être considéré comme un véritable meneur. Cela tombe bien, car ses compagnons et lui-même sont recrutés pour une mission apparemment sans trop de danger : protéger un couvent fortifié de raids sanguinaires. Seulement voilà, le contrat montre bien vite certaines zones d’ombre, et des traquenards beaucoup plus sauvages qu’espérés vont avoir lieu. Pire, le Chevalier Rouge va devoir faire face à une menace aux ressources impressionnantes…
Renégat Tome 1 : Le Chevalier Rouge peut surprendre à première vue : c’est un pavé qui rappellera bien d’agréables souvenirs à ceux que la densité de certains travaux de G.R.R. Martin ont, et continuent d’enchanter. Plus d’un millier de pages attendent le lecteur, et sachez que pas une manque de justification. Tout commence par cent première pages d’exposition, qui pourront faire penser que l’auteur traîne en longueur. Seulement, Miles Cameron met en place un rythme, pose un socle stylistique sur lequel tout ce qui découle sera basé, bien aidé par une traduction de qualité assurée par Caroline Nicolas. Beaucoup d’éléments nous assaillent lors de cette introduction, mais c’est sans doute la force des descriptions qui nous emballe, citons par exemple tout le passage de l’ourse. Le phrasé de l’auteur n’est pas étranger à cette très bonne impression : il va droit au but, use de constructions courtes mais intenses. Il en ressort une sorte de sécheresse dans le rendu absolument entêtante, une qualité de style comme on n’en avait pas croisée depuis quelques temps dans le genre de la fantasy.
Exigeant et terriblement épique
Renégat Tome 1 : Le Chevalier Rouge est aride, dur comme le fer, ce qui ne veut pas dire qu’il est dénué d’un sens profond. Ici, l’auteur construit avec talent un univers purement médiéval, jusque dans le moindre détails des différentes descriptions. Évidemment, le domaine du fantastique s’invite à la fête, et l’on ne peut s’empêcher de tisser quelques parallèles avec les incontournables légendes arthuriennes. Un élément pas vraiment original pour qui plonge souvent dans ce genre littéraire, mais qui participe à la mise en place profonde de l’univers dans le ressenti des lecteurs. Résolument classé en dark fantasy, Renégat Tome 1 : Le Chevalier Rouge fait intervenir le Monde Sauvage, et des êtres démoniaques particulièrement retors pour des passages qui fonctionnent de par leur inscription dans un univers qui cherche, lui, à s’inscrire dans une logique humaine bienvenue. En résulte une tonalité certes sombre, très sombre même, mais hautement rafraîchissante.
Très dialogué, Renégat Tome 1 : Le Chevalier Rouge demande une certaine implication de la part des lecteurs, tout en sachant les récompenser avec un sens de l’épique carrément à couper le souffle. Les combats sont clairement parmi les passages les plus savoureux du roman, tant Miles Cameron réussi à rendre la dureté des coups, le danger de l’échec, et surtout sait gérer les variations pour que pas un ne puisse faire ressentir un brin de lassitude. Aller, on pourra tout de même regretter que cette édition ne contienne pas de lexique des personnages, tant ceux-ci sont nombreux et pourront parfois disparaître pas mal de temps avant de ressurgir pour un passage capital. Comme écrit plus haut, nous faisons face au premier tome d’une série dark fantasy foisonnante, exigeante, et totalement captivante. Le mot d’ordre, alors que l’on vient à bout de ce gros morceau : vite, la suite !
Renégat Tome 1 : Le Chevalier Rouge, un roman écrit par Miles Cameron, traduit de l’anglais par Caroline Nicolas. Aux éditions Milady, 1147 pages, 14.90 euros. Sortie le 26 août 2016.