Caractéristiques
- Auteur : Katherine Rundell
- Editeur : Gallimard Jeunesse
- Collection : Folio Junior
- Date de sortie en librairies : 22 septembre 2016
- Format numérique disponible : Non
- Nombre de pages : 287
- Prix : 8,50€
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- Note : 7/10 par 1 critique
Des enfants des toits dans un Paris pittoresque
Deux ans avant le magnifique Coeur de loup, Katherine Rundell publiait ce 3e roman se déroulant à Paris, le premier qui fut traduit en France et lui valut d’ailleurs de remporter le Prix Sorcières 2015. Ce livre jeunesse est à présent disponible dans la collection Folio Junior de Gallimard Jeunesse (Quelques minutes après minuit, La Belle Sauvage) l’occasion pour nous de rattraper notre retard et le découvrir.
Plus léger et naïf, en un sens, que son livre suivant, Le ciel nous appartient suit les aventures de Sophie, une petite fille de 12 ans rescapée d’un naufrage lorsqu’elle était bébé, et qui fut retrouvée flottant dans un étui de violoncelle, seul lien avec son passé. Recueillie par Charles, un gentil anglais excentrique qui devient son tuteur, elle mène une vie de bohème avec lui à Londres, jusqu’au jour où les services sociaux décident de l’envoyer à l’orphelinat. Charles et Sophie fuient alors à Paris, où la petite fille suit les traces de sa mère, avec l’espoir fou de la retrouver. Elle fera la rencontre d’enfants des rues vivant sur les toits de la capitale pour échapper aux services sociaux. Libres et débrouillards, ils l’aideront dans sa quête…
Ce troisième roman de Katherine Rundell, comme ses autres œuvres, possède un aspect intemporel le rapprochant des contes. Bien que clairement situé dans le passé, aucune date n’apparaît, entretenant ainsi le flou tout en cultivant l’image d’un Paris pittoresque. Certains éléments —comme la référence au navire le Queen Mary — permettent néanmoins de situer le récit aux abords des années 40. Narré avec simplicité, humour et beaucoup de tendresse pour ses personnages, Le ciel nous appartient suit les aventures de son héroïne en tissant une trame romanesque en diable autour de ces enfants des rues funambules, sortes de Gavroche durs à cuire et audacieux préférant les hauteurs des immeubles haussmanniens au danger que représentent les rues.
Un roman facile à lire
Bien que purement fictif et pas franchement crédible, ce phénomène des « danseurs du ciel », qui s’inspire de tout un imaginaire bohème lié à la capitale française, apparaît assez poétique et est l’occasion pour l’auteure de décrire un monde à part entière, régi par ses propres règles : différents groupes d’enfants existent, et certains, surnommés les cerbères, sont violents et n’acceptent personne sur leur territoire. La description du mode de vie de ces enfants, qui se nourrissent de pigeons qu’ils font rôtir ou sautent d’un toit à l’autre, donne lieu à de nombreux passages prenants, reposant sur un imaginaire fertile qui pourrait être celui d’un enfant. La fuite de Sophie et Charles à Paris, les itinéraires périlleux de toits en toits… tout cela ressemble à ce qu’un enfant pourrait imaginer ; et, grâce aux talents de conteuse hors pair de Katherine Rundell, le lecteur adhère facilement à cet univers merveilleux.
Plus concis que Coeur de loup, Le ciel nous appartient est également plus simple dans la forme comme dans le fond, sans que cela soit péjoratif. Si la réunion avec la mère et la notion de famille (que ce soit celle du sang ou celle que l’on s’est choisie) sont toujours aussi prépondérantes, la noirceur est bien moins présente et l’absence de véritable sous-texte historique permet d’obtenir une trame plus épurée. Le talent de l’auteure pour donner vie à ses personnages rend ce roman véritablement attachant d’un bout à l’autre, et il est évident qu’elle sait se mettre à hauteur d’enfant. Prônant la liberté et la fantaisie contre la froide rigueur des adultes « sérieux » (notamment ceux faisant partie de l’administration), le roman de Katherine Rundell se lit d’une traite et nous fait voyager dans un Paris bohème des plus plaisants.