Sauf si vous habitez au fond d’un igloo, vous avez sûrement remarqué que de nombreux auteurs venus du nord de l’Europe envahissent les rayons polars des librairies depuis quelques années. Difficile de s’y retrouver dans cette multitude de noms parfois complexes pour nos oreilles, il faut bien l’avouer. Culturellement Vôtre vous propose aujourd’hui d’aborder Tant que dure ta colère, dernier né d’Asa Larsson, considérée comme beaucoup comme une maîtresse du polar suédois.
Enquête enneigée
Tant que dure ta colère raconte l’histoire de Wilma, 17 ans et de Simon, 19 ans. Ils sont jeunes, amoureux et intrépides. Alors qu’ils vont un jour à la recherche d’un mystérieux avion échoué sous un lac gelé, ils sont pris au piège sous la glace et ne rentreront jamais chez eux. Six mois plus tard, un habitant isolé de la montagne en amont du lac va découvrir un bras puis un corps visiblement immergé depuis longtemps : après analyse, il s’agit de Wilma. Alors que tous les éléments pointent vers un accident, la procureur Rebecka Martinsson va avoir la visite de l’esprit de la jeune fille lui disant qu’elle a été assassiné. Sans vouloir trop y prêter attention, elle va pourtant trouver une alliée en la personne de Anna-Maria Mella, policière déterminée à déterminer la vérité. Ce sera sans compter sur la violence et les pressions exercées par la famille Krekula, implantée depuis des générations dans le village, détenant la plus grande entreprise de la région qui n’a pas un passé très clair ni assumé. L’enquête de Martinsson et Mella va les emmener bien plus loin que 6 mois en arrière afin de déterminer qui a pu faire du mal à deux jeunes innocents et surtout, pourquoi…
Une nature omniprésente
Ce qui marque dans Tant que dure ta colère, c’est l’omniprésence de la neige, du début 9 octobre au dernier jour du roman 3 mai. Si la procureure et la policière sont, avec Wilma, les deux personnages qui portent ce livre, la neige et la glace tiennent une place fondamentale : elles rythment et influent l’enquête en profondeur. S’il est appréciable pour les amateurs de montagne et de paysages nordiques de s’imaginer l’environnement perdu des montagnes de Suède, il est plus abstrait pour des personnes n’habitant pas un pays nordique de se représenter les lacs gelés, leurs fontes et les relations « naturelles » des habitants à cette nature. Dès lors, c’est à un véritable voyage que sont conviés les lecteurs de Tant que dure ta colère, dont l’imagination est mis à contribution.
Des personnages féminins très importants
Autre point marquant dans Tant que dure ta colère : tous les personnages importants (à une exception près) sont des femmes. Hormis Wilma, Rebecka et Anna-Maria déjà évoquées, Anni est l’arrière grand-mère de Wilma qui, malgré son « torse de poulet », est prête à se battre jusqu’à ses dernières forces pour établir la vérité. Kerttu, sœur d’Anni, matriarche de la famille Krekula qui est moins inoffensive qu’elle n’en a l’air. Seul Aljmar a une place très importante, mais sa masculinité est souvent remise en cause, notamment lors des séquences où il se remémore des conversations avec son père. Il est donc possible de dire que Tant que dure la colère est un roman présentant des femmes fortes ce qui est plus rare dans les polars du sud de l’Europe.
Une narration captivante
Avec Tant que dure ta colère, Asa Larsson signe un roman distrayant et qui tient en haleine jusqu’au dernier moment, pas tant par son dénouement que par ses rebondissements et son suspens. Il est dommage que certains passages soient un peu trop étirés et également, malgré un grand développement psychologique des protagonistes, que la fin soit un peu bâclée. On a eu l’impression que l’auteure voulait en finir rapidement. Pourtant, et malgré ces retenues, on est tombé sous le charme de l’ambiance glacée des décors, de ces personnages parfois surprenants, et de cette intrigue policère flirtant avec le fantastique. Tant que dure ta colère est, donc, un polar venu du nord qui figure sans aucun doute parmi les bons livres à recommander.
Tant que dure ta colère, un roman écrit par Asa Larsson. Aux éditions Albin Michel, 336 pages, 20 euros. Sortie le