[Critique] Higanjima T33 – Koji Matsumoto

image higanjima 33Une fin qui tient toutes ses promesses

La sortie de ce tout dernier tome du manga Higanjima est l’occasion de revenir sur cette œuvre fleuve, parfois injustement mal-aimée en France. Ce seinen est pourtant parmi les plus populaires au Japon, preuves en sont les deux autres séries parues en manga (Higanjima Saigo No 47-Hiai et Higanjima 48 Nichigo), mais aussi un drama et film live (Higanjima : Escape From Vanpire Island). Un développement assez marqué donc, qui continue à l’heure actuelle (un nouveau film est prévu pour 2017) et on ne peut que le comprendre à la vue des qualités indéniables de la série.

Résumer Higanjima est un projet ambitieux… et quasiment impossible. Écrivons simplement que l’action se déroule sur une île qui donne son nom au titre, et qui se trouve être infestée par une communauté de vampires. Afin de se sustenter, ces monstres assoiffés de sang envoient, en direction de la civilisation, des femmes physiquement attirantes afin que certains hommes fassent le voyage jusqu’à l’île. C’est ce qui arrive à Aki, qui est aussi et surtout motivé par l’objectif de retrouver son frère Atsushi, lequel est porté disparu depuis deux ans.

Voilà pour un très court résumé de la situation au début de Higanjima, et bien entendu l’univers va se développer drastiquement, les personnages secondaires se multiplier et les problématiques se renouveler. Étrangement, la série a eu du mal à se trouver un public en France, certainement à cause d’une atmosphère parois très glauque, qui a surtout tendance à ne pas ménager le spectateur par le biais d’une description de la violence sans retenue. Les designs des différents monstres, et pas que des vampires, ont aussi cette patte épouvantable qui, si elle plaira aux lecteurs avides de frissons, peut rebuter un public habitué à une tonalité plus typique du shonen. Higanjima est clairement une œuvre mature, ce qui tranche pas mal avec ce qu’un public adepte de Naruto peut attendre. On apprécie aussi beaucoup comment l’auteur, Koji Matsumoto, s’est réapproprié le mythe du vampire, notamment en ajoutant des stades d’évolution, et en faisant du sang un antidote que les monstres ingurgitent sciemment afin de ne pas atteindre une forme peu enviable. Une belle originalité donc, même si quelques menues incohérences peuvent apparaître ici ou là.

L’heure du dernier combat a sonné

Ce trente-troisième tome de Higanjima sonne donc la fin de la première série. Un événement, sachant que l’édition française, assurée par un Soleil Manga heureusement passionné par l’œuvre, a débuté depuis plus de dix ans. Pour faire court et sans trop spoiler, écrivons que Aki fait enfin face à son destin : combattre l’ignoble Miyabi, le maître de vampires. Celui qui, depuis la seconde guerre mondiale, est devenu immortel et l’origine de la contamination. Un dernier combat qui, visuellement, tient encore une fois toutes ses promesses. Il faut souligner ici à quel point Koji Matsumoto excelle dans la dramaturgie des joutes, qui tout au long de la série auront constitué l’un des intérêts les plus forts de Higanjima. Ici, ça détruit des pagodes, ça se lance des coups terribles, ça saigne plus que de raison, bref on en prend plein les mirettes.

Bien évidemment, on pouvait craindre un final ouvert pour ce dernier tome de Higanjima. Rappelons que Soleil Manga n’a pour le moment pas annoncé vouloir sortir les deuxièmes et troisième séries, pour cause très compréhensible de fanbase pas assez importante. Et cette crainte est vérifiée, on peut même écrire que la fin de cet ultime volume se termine sur un cliffangher un peu frustrant, même si l’intrigue liée à Miyabi est désormais de l’histoire ancienne. On espère qu’un jour la suite de Higanjima paraîtra, même si la déception liée à l’absence d’intérêt d’un public français très shonen, et décidément pas spécialement au rendez-vous des seinen qui prennent des risques, est assez forte. Signalons que cet ultime volume de Higanjima est complété par quatre histoires bonus. Trois qui prennent place dans l’univers de la série, ainsi qu’une autre totalement indépendante, et qui montre le talent en gestation de Koji Matsumoto.

Higanjima T33, un manga par Koji Matsumoto. Aux éditions Soleil Manga, 384 pages, 15.99 euros. Sortie le 30 novembre 2016.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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