Encore un roman venu du froid ! Marquée à vie, publié chez Harper Collins France, est le premier tome d’une trilogie mettant en scène la procureure Jana Berzellus. Ce premier roman de la romancière Emelie Schepp, véritable phénomène de l’auto-édition en Suède, sert à mettre en place les personnages et une histoire générale, mais peut également être lu comme un livre à part entière. Alors que l’auteure sera présente samedi au salon Livre Paris, nous avons plongé dans son univers trouble…
Un meurtrier déroutant
La police de Norköpping, en Suède est appelée pour le meurtre d’un haut fonctionnaire du service de l’émigration. C’est sa femme qui l’a retrouvé dans leur salon et tout indique qu’elle est coupable : pas d’autres empreintes ne sont retrouvées. Jusqu’à ce que les experts tombent sur les empreintes d’un enfant, ce qui ne colle pasn puisque le couple n’en avait pas. Déroutés par cette découverte, l’équipe de police le sera encore plus lorsqu’un jeune garçon sera retrouvé assassiné sur le bord de mer. Autre fait étrange, il porte sur sa nuque une scarification : le nom Thanatos est gravé dans sa chair. Cela est d’autant plus intrigant que la procureure Jana Berzellus a également une scarification sur la nuque, « Kèr ». Le problème est que la jeune femme n’a aucune idée d’où elle vient, ses parents l’ont adoptée alors qu’elle avait presque 10 ans, et tout ce qui date d’avant ne lui revient que sous forme de cauchemars. Cette enquête, à priori déjà complexe, le devient encore plus lorsque Berzellus se rend compte qu’elle doit aller plus vite que ses collègues, sous peine de voir éclater au grand jour son passé plus que trouble.
Une héroïne de glace
Emelie Schepp a annoncé que cette trilogie tournerait autour de la procureure Jana Berzellus et l’on comprend très vite pourquoi. Froide, robotisée (en Suède il y a un stéréotype à tenir), Jana fait partie de ces personnes ayant du mal à nouer des liens sociaux. Poussée par un père autoritaire et n’ayant pas eu de preuves d’amour, elle reproduit ce schéma de dureté et évite que l’on s’approche trop d’elle, à tous niveaux. Ce qui serait expliqué de façon simpliste par un manque d’affection se révèlera beaucoup plus compliqué et profond, apportant une seconde enquête au personnage, bien plus personnelle cette fois, dans la veine des romans noirs où l’enquête criminelle est souvent un prétexte pour pousser le détective ou policier à enquêter sur lui-même, que ce soit au sens propre ou figuré.
Et un style d’écriture glacial
Si bien sûr le mot glacial est ici détourné, c’est en clin d’œil à cette image que donnent les romanciers venus du grand nord. Emelie Schepp choisit un style bref et percutant, bien adapté à un thriller dont l’action est, le plus souvent, rapide. Malgré tout, cela ne suffit pas toujours à combler les lenteurs de certains passages. Bien que ne se perdant pas dans les détails, l’auteure met un peu de temps à faire entrer le lecteur dans l’histoire, et il faut s’accrocher sur une petite moitié du roman. Toute l’action et le suspense atteignent leur apogée aux deux tiers du roman et il devient alors difficile de lâcher ce livre.
Marquée à vie apparaît donc comme un début prometteur grâce à la singularité de ce personnage principal qu’est Jana Berzellus. Emelie Schepp met en place une histoire pleine de promesses, dont la suite est attendue avec impatience.
Marquée à vie d’Emelie Schepp, Harper Collins France, sortie le 11 janvier 2017, 416 pages. 18,90€