Caractéristiques
- Auteur : Christophe Bec, Dejan Nenadov
- Editeur : Soleil
- Date de sortie en librairies : 19 avril 2017
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 64 pages
- Prix : 15,50€
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- Note : 8/10 par 1 critique
Une nouvelle série mordante
Le monde de la bande dessinée a toujours été très gourmand des références aux grands récits d’aventure. Et évidemment, qui dit aventure hurle le nom de Jules Verne, l’un des auteurs les plus lus au monde. Avec ses textes très figurée, s’appuyant sur les progrès technologique fantasmés à une époque où le rêve semblait encore possible, l’œuvre de cet écrivain semble être faite pour l’image. Pour sa nouvelle série, Le Fulgur, dont nous abordons ici le premier tome, le sémillant Christophe Bec (Olympus Mons T1 : Anomalie un, Bikini Atoll), qui fait clairement partie de ces scénaristes auteurs de BD que l’on aime suivre, a semble-t-il décidé de s’appuyer sur les codes des romans d’aventure du dix-neuvième siècle afin de livrer une histoire qu’il nous tardait de découvrir…
Le Fulgur Tome 1, sous-titré Au fond du gouffre, prend place en l’année 1907, alors qu’un navire, contenant l’or de la Sierra Maestra, subit une gigantesque tempête dans le canal Yucatan. Cette perturbation climatique extraordinaire a raison du bateau, qui sombre dans une fosse marine avec sa richissime cargaison. Quelques jours plus tard, à l’académie des sciences de Paris, le Docteur Claudian tient une conférence, au cours de laquelle il annonce la découverte d’un nouvel agent radio-électro-magnétique. Alors que ses confrères raillent ses avancées, n’y voyant que billevesées de charlatan, il reçoit une lettre. Ses travaux ont intéressé un certain Sir Joe Kens, qui lui assure son intention de le financer. En Juin 1910, le Docteur Claudian a mené ses recherches à leurs conclusions, ce qui donne le Fulgur, un sous-marin révolutionnaire qui, grâce à la radiofulgurite, est capable de plonger à 4000 mètres. Le but avoué : récupérer l’or de la Sierra Maestra…
Mais, vous l’aurez compris, rien ne va se passer comme prévu. Le Fulgur T1 ne peut pas cacher ses références à Jules Verne, d’ailleurs ce n’est certainement pas son intention. On y pense notamment lors de l’introduction, très réussie, comme souvent avec les scénario signés Christophe Bec. Ça va vite, mais en réussissant à bien caractériser les personnages importants, tandis que la situation est d’une limpidité exemplaire. La problématique est emmenée par une ficelle certes un peu usitée, celle du savant dont les avancées ne sont pas comprises par ses pairs, mais la question de l’originalité ne se pose pas spécialement : la formule est si bien gérée, et rapidement, qu’on la digère sans aucun mal. Le mécène arrive dans l’histoire avec une certaine habileté d’écriture : on sent évidemment que ce soudain intérêt ne peut pas être uniquement scientifique, mais le rythme ne permet pas au lecteur de véritablement s’appesantir sur cette donnée. Christophe Bec veut arriver au plus vite à l’action, et elle ne nous déçoit pas.
Un cri dans l’océan
Le Fulgur n’est pas une série qui perd son temps, donc, et c’est un point fort tant la pure aventure est puissante. Une fois embarqué dans ce sous-marin rond, on est propulsé au cœur d’une action qui, effectivement, fera penser à 20 000 lieux sous les mers, mais aussi à Voyage au centre de la Terre. Cette péripétie fantastique plaira aux amateurs de ces textes, sans nul doute, mais pas que. Car, rapidement, le style de Christophe Bec prend le dessus, et sa façon de nous faire découvrir les différentes épreuves, mais aussi de les organiser, nous rappelle que sa plume n’a pas besoin de se cacher derrière celle d’un autre. On ne vous spoilera rien de ce qui se passe par quatre mille mètres de profondeur, sachez juste que le Fulgur et son équipage vont devoir jouer de toutes leurs capacités, et que les rencontres y sont pour le moins impressionnantes. On apprécie aussi la situation inventée par l’auteur, dans cette faille sous-marine, qui met en avant l’exploration par le besoin, ici vital…
Le Fulgur T1 est donc un premier tome (sur les trois prévus) très encourageant, que l’on termine avec l’envie terrible d’en découvrir la suite. Le scénario est, donc, une grande raison à ce constat, mais il serait particulièrement malvenu de ne pas souligner aussi le très bon travail de Dejan Nenadov (Arcanes, Ys la légende), dont le réalisme pointilleux donne un véritable relief aux situations imaginées. Très crayonnés, ses personnages et autres… choses gigantesques (non, on ne spoilera pas), sont sublimés notamment dans des gros plans qui nous ont impressionné, de par le rendu des expressions notamment. Seul petit regret, cette fin qui constitue certainement l’un des cliffhangers les plus terribles qu’on ait lu depuis un moment. Vous aurez envie d’enchaîner au plus vite, soyez-en certains. Signalons, enfin, la très belle couverture signée Yvan Villeneuve, qui accroche tout de suite et contribue bien au mystère qui se dégage de cette histoire.