Caractéristiques
- Auteur : Todd McFarlane, David Hine, Philip Tan, Rodel Noora, Lan Medina, Bing Cansino
- Editeur : Delcourt
- Collection : Contrebande
- Date de sortie en librairies : 19 avril 2017
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 306 pages
- Prix : 27,95€
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 9/10 par 1 critique
L’Apocalypse, c’est maintenant !
Spawn est décidément l’un des comics les plus passionnants que l’on puisse imaginer lire, et suivre. Antihéros parmi les plus charismatique qui soit, le personnage-titre est rentré depuis un moment au Panthéon des figures de la bande dessinée, que ce soit pour ses arcs principaux pour les à-côtés. Univers glauque, sombre, et parfois très violent (oubliez le nullissime film sorti en 1997, d’ailleurs un nouveau est sur les rails), Spawn a su se créer sa propre mythologie, ses antagonistes mémorables (Violator, Malebolgia), mais aussi ses règles incandescentes. Ainsi, on sait, depuis le début de la saga, que l’Armageddon était une menace véritable, qui n’attendait que l’heure idéale pour frapper l’Humanité. Et ce volume 15 en est la confirmation, car la fin du monde est au programme. Rien que ça.
Dans Spawn Volume 15 : Argmageddon, on retrouve bien entendu le Hellspawn (auparavant Al Simmons, agent spécial du gouvernement américain), mais il est dorénavant libéré de l’emprise malfaisante de Malbolgia. Ce dernier, qui régnait sur le huitième cercle des Enfers, ne pourra pas assister à la fin des temps, Armageddon, qu’il préparait depuis tant d’années. Seulement, la menace n’est pas morte, pire même : elle est déjà en marche. En effet, Dieu et Satan ont été réincarnés dans la peau des jumeaux de Wanda Blake, et visiblement ils ont décidé d’accentuer encore plus leur éternel combat fratricide. Alors, chacun rassemble ses armées, sous l’œil neutre du Créateur d’univers, destructeur des mondes…
Un scénariste au sommet de son art
Spawn Volume 15 : Argmageddon est l’occasion de retrouver la très qualitative plume de David Hine (What If ?, Deathstroke), qui nous surprend de numéro en numéro. Car si le mysticisme du grand Todd McFarlane est toujours bien présent, c’est toute la saveur horrifique qui semble profiter de son talent, atteignant de véritables pics que la série n’avait fait que frôler jusqu’ici. Sans non plus tomber dans l’épouvante à tous prix, on peut tout de même avoir des moments bien chargés en tension, couplés avec l’esprit si atypique de la licence. Ainsi, Dieu et Satan sont enfin de la partie, mais pas sous des formes que nous attendions. C’est d’ailleurs un ressort presque comique, tant ces deux entités peuvent s’avérer vulgaires, et particulièrement vindicatifs.
Spawn Volume 15 : Argmageddon fait intervenir des divinités que nous connaissons tous, mais en évitant soigneusement toute forme de cliché. C’est le cas depuis le début de cette impressionnante série : on est sans cesse surpris de la tournure des événements, et ici ils vont atteindre un certain degré de folie furieuse. Les différentes forces se rassemblent, loin de tout manichéisme, car l’auteur a bien compris que le Bien et le Mal n’ont pas spécialement cours quand il est question de fin du monde. Dieu est tordu, et Satan répond par une démence maitrisée mais bien réelle. Ces deux-là, par haine échangée, pousse la Terre dans ses derniers retranchements. On assiste à un enchaînement bien connu, mais traité de manière impressionnante. Par exemple, les quatre cavaliers de l’Apocalypse répondent bel et bien présents, et l’on peut vous promettre qu’ils font des dégâts…
Un récit qui évite tout manichéisme, et fait avancer la mythologie Spawn
Spawn Volume 15 : Argmageddon n’oublient jamais le personnage principal, et ses multiples démons intérieurs. Sans trop vous en dévoiler, sachez que le final est l’occasion d’une découverte importantissime à propos d’Al Simmons. Sans non plus redistribuer les cartes, cette révélation apporte une dose de pessimisme assez vertigineuse. On est prêt à parier que vous ne regarderez plus le personnage Spawn de la même manière après ça. De l’action donc, beaucoup d’échanges aussi, via des dialogues qui évitent tout du long la lourdeur que l’on peut parfois retrouver dans la série (oui, il faut bien se l’avouer). C’est énergique, parfois un peu long mais ça ne tombe jamais dans des monologues un peu obscurs et incessants.
On finit Spawn Volume 15 : Argmageddon sur les rotules, avec l’impression d’avoir fait un tour dans un grand huit des émotions. On en sort lessivé, adorant encore un peu plus cet Hellspawn devenu divin, et plus que jamais iconique. Et ce n’est pas tout ! Car, après la fin de ce volume, les éditions Delcourt (Monstress Tome 1 : L’éveil, Our Summer Holiday) nous gâtent avec pas moins de trois histoires bonus, toutes extrêmement recommandables. Elles nous font revenir dans un passé plus ou moins lointain. Tout d’abord dans la Chine de la dynastie des Song du Sud, avec une histoire autour d’un personnage pathétique, martyrisé à cause de sa difformité, et qui aura droit à une vengeance sanglante. On tient là un récit court et immanquable, tout comme le suivant. Lui se déroule en plein Far West, alors qu’un innocent est mis à mort. Il reviendra sous la forme d’un Spawn-pistolero, et à cette occasion aussi la vengeance sera jusqu’au-boutiste. Au passage, on en apprendra un peu sur les ancêtres d’Al Simmons, ce qui confirme que Mammon ourdissait son plan depuis bien longtemps. La dernière est un peu plus courte, mais tout de même intéressante, prenant place pendant la Première Guerre Mondiale. Là aussi, c’est l’occasion de croiser un personnage que l’on connaît bien.
Spawn Volume 15 : Argmageddon est un album sur lequel vous devez vous jeter, certainement l’un des meilleurs de la licence. D’autant plus que les dessins sont, comme toujours avec cette série, de véritables sucreries à dévorer. Vous l’aurez compris, il y a foule d’illustrateurs, différents pour les quatre récits embarqués, et vous remarquerez que chacune des histoires est l’occasion d’une vision hétérogène, mais respectant le design si caractéristique de cet univers. Travaillant sans cesse entre le sombre et le lumineux, comme pour ajouter une dose de dualité par le dessin, les artistes réussissent à rendre un travail admirable. Un adjectif que l’on peut accoler à l’ensemble de cet album, sans hésitation. Voire même de la série…