Caractéristiques
- Auteur : Thomas Olde Heuvelt
- Editeur : Bragelonne
- Collection : L'Ombre de Bragelonne
- Date de sortie en librairies : 20 septembre 2017
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 384
- Prix : 20€
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 8/10 par 1 critique
Un roman horrifique à découvrir sans hésiter
Même si la littérature de genre est représentée par bien des plumes (Clive Barker, H. P. Lovecraft, Richard Matheson, Dean Koontz et bien d’autres), on ne peut nier que Stephen King est le plus populaire. Dès lors, quand un nouveau venu se lance dans un récit d’horreur, il est parfois assez aisé de le rapprocher de celui qui nous a terrorisé avec Ça. Les éditions Bragelonne (Zombie Story, Faërie) en sont bien conscientes, et couchent sur la couverture de Hex une déclaration de King, à propos de ce premier roman signé par le néerlandais Thomas Olde Heuvelt : « brillant et totalement original« . De quoi mettre un peu la pression au moment de se lancer dans les premières pages, et heureusement l’auteur confirme vite que ces bons mots n’étaient pas superflus.
Quiconque né en ce lieu est condamné à y rester jusqu’à la mort. Quiconque y arrive n’en repart jamais. Bienvenue à Black Spring, charmante petite ville américaine. Du moins en apparence : Black Spring est hantée par une sorcière, dont les yeux et la bouche sont cousus. Elle rôde dans les rues et entre chez les gens à sa guise, restant parfois au chevet des enfants des nuits entières. Les habitants s’y sont tellement habitués qu’il leur arrive d’oublier sa présence. Ou la menace qu’elle représente. En effet, si la vérité échappe de ses murs, la ville tout entière disparaîtra. Pour empêcher la malédiction de se propager, les anciens de Black Spring ont utilisé des techniques de pointe. Mais un groupe d’adolescents locaux décide de braver les règles, et plonge la ville dans un atroce cauchemar…
Avant que la peur ne s’installe, avec une intensité que l’on ne soupçonnait pas, Hex prend soin d’installer une situation. On ne le répétera jamais assez : la culture de genre, de nos jours, souffre d’une incapacité à créer l’empathie. Et pour arriver à projeter les lecteurs (ou spectateurs, joueurs), il n’est pas possible de ne se reposer que sur l’écriture des personnages. Le contexte est important. Que donnerait The Thing sans cette action placée dans une station scientifique polaire, loin de toute civilisation ? Pas grand chose, et ce même si les protagonistes sont tous mémorables. Visiblement, Thomas Olde Heuvel a bien compris cela, et se lance avant tout dans la description de Black Spring. On découvre les habitants, leurs habitudes, mais aussi les côtés sombres. Ça peut sembler évident à première vue, mais le fait de débuter par la volonté de donner aux lecteurs des signaux, des marques, et construire une crédibilité, c’est important. Et c’est sans doute pour cette raison que le roman nous a, par la suite, bien foutu la pétoche.
Une première partie qui construit, une seconde qui terrorise
Black Spring et Hex, le livre, ont un point commun : ils sont hantés par une sorcière. Mais sa menace n’est pas de celles qu’on a vu jusqu’ici, en tout cas pas de mémoire. Cette entité n’est pas du genre ultra-effrayante pas nature. En effet, la communauté de la ville, d’origine hollandaise (l’auteur a visiblement eu besoin de ce repère, et historiquement ça se tient), a appris à vivre avec ce monstre. Katherine fut brûlée au dix-septième siècle et, depuis, elle apparaît fréquemment. C’est un fait avéré, et sans aller jusqu’à la banalité : les badauds savent qu’elle est là, qu’elle se mouve autour d’eux. Seulement, il est interdit d’avoir la moindre interaction avec elle, sous peine de représailles. Non, pas de la part de la sorcière, mais de la part d’une organisation, très bien structurée, qui donne son nom au roman. Seulement, un événement change la donne, et la menace va augmenter considérablement, au point d’en devenir carrément terrifiante, pour les personnages, et les lecteurs.
Hex est traversé d’une véritable originalité. Seul petit regret : son thème ne l’est pas spécialement. La grande question sur les religions, catalysant obligatoirement toute la haine du monde, a déjà été pas mal rabâchée. Et l’on trouve dommage de ne pas faire la part des choses, entre un extrémisme rampant, source de bien des maux encore à notre époque, et une pratique beaucoup plus modérée. Heureusement, Thomas Olde Heuvel n’en fait pas le sujet central, et préfère se réfugier derrière son récit. Grand bien lui en a pris, car il est étonnamment fluide et captivant, au point d’atteindre, sur certains segments, le stade de page-turner. On recommande chaudement, surtout à l’approche de Halloween.