Caractéristiques
- Auteur : Emmanuel Vincenot, Emmanuel Prelle
- Editeur : Nouvelles Editions Wombat
- Date de sortie en librairies : 5 octobre 2017
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 154
- Prix : 19,90€
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 8/10 par 1 critique
Les enfants illégitimes des blockbusters ont droit à leur ouvrage
Après la grande Messe que fut la Nuit Nanarland 2, vous avez sûrement envie de prolonger la folie qui se dégage de ces film (plus ou moins) sympathiquement mauvais. Quelques livres pourront tout à fait remplir ce rôle, mais un de ceux-ci a particulièrement retenu notre attention : Nanar Wars, paru aux éditions Wombat. De par son sujet très précis, les contrefaçons de gros succès mondiaux, cet ouvrage est accompagné d’une certaine audace, et nous allons voir que l’exercice est aussi réussit qu’il était justifié.
Le jour et la nuit, le Ying et le Yang, tout et son contraire. Les blockbusters, et les ripoffs, anglicisme qui qualifie les plagiats. Voilà ce qui qui a intéressé le duo à l’œuvre, Emmanuel Vincenot et Emmanuel Prelle. On les imagine aisément, se tordant de douleur devant Youtube, Dailymotion, ou des DVD acquis dans des solderies à l’atmosphère «typique». Et c’est exactement ce qui a dû se passer, tant Nanar Wars est imprégné, avant tout, de l’expérience des auteurs. Après un préambule, qui résume parfaitement l’intention qui se cache derrière cet ouvrage, on découvre un monde extraordinaire, au sens premier du terme. Vous vouez un culte à Star Wars, Robocop, E.T. ? Alors vous allez en découvrir des versions bien moins reconnues, mais tout de même pensées pour le cinéma populaire, et parfois vues par des millions de spectateurs, lors de leur sortie.
L’Inde, la Turquie, l’Italie, le Brésil, ces pays qui, à l’abri d’Hollywood et de ses suiveurs, ont multiplié les plagiats. Sans chercher à en faire autre chose que les films éminemment bancals qu’ils sont, et surtout en soulignant l’humour involontaire de certains, Nanar Wars délivre tout de même une matière qui peut s’avérer plus intéressante que la simple moquerie. On se rend compte que le cinéma est affaire de codes. Si les Turques ont multiplié ces bobines surréalistes, c’est autant parce que la distribution d’oeuvres américaines était très, très compliquée, que dans un but d’adaptation aux mœurs alors en cours. Sans ne jamais mener une analyse de cet ordre, le duo à l’écriture réussit tout de même à livrer une matière qui donne à ces mauvais films une certaine aura, et leur procure une certaine place au sein du cinéma mondial.
On se prend à rire… et à apprendre
Au-delà de ce fond pas spécialement recherché, mais trouvé, Nanar Wars est surtout un très bon moyen de rire de ces productions à la limite de la légalité (et parfois totalement dans l’illégal). Les textes sont drôles, les jeux de mots s’enchaînent, et les anecdotes sont aussi invitées à la fête. La structure est aussi simple qu’agréable. Les films sont divisés en trois grandes catégories : les héros classiques, les super-héros et les blockbusters. C’est évidemment cette dernière partie qui se trouve être la plus massive, par essence. Mais il faut souligner l’envie des auteurs de sortir des sentiers battus, de proposer des plagiats que nous ne connaissions absolument pas et qui, du coup, rejoignent notre liste des nanars à découvrir au plus vite. Shikari (le King Kong indien), La Mujer Murciélago (un Batman au féminin, en provenance du Mexique, et qui s’étale en couverture du livre), Bacalao (Les dents de la mer version débilo-sexy, qui vient tout droit du Brésil), et l’on en passe : si vous ne bavez pas devant les descriptions de séquences issues de ces étranges fausses perles, alors on ne peut plus rien pour vous.
Nanar Wars ne cherche absolument pas à donner d’improbables lettres de noblesse à ces bobines, pour la plupart drôlement pathétiques. La grosse tendance est à la rigolade, ce qui n’empêche pas d’apprendre, et d’en sortir avec une meilleure connaissance sur certains films, à l’aura déjà construite par les cinéphiles pointus, mais pas toujours précise. Ici, ce n’est plus le cas, et même si l’on sent bien que les informations sur les différentes productions sont difficiles à dégoter, on se prend à être surpris. Seule petite retenue : deux ou trois œuvres ne sont pas accompagnées d’illustrations. Les auteurs sont évidemment pardonnés devant l’entreprise folle qu’est la recherche des affiches. D’ailleurs, on ne peut qu’être admiratif devant certains éléments visuels retrouvés, très rares, même sur Internet.
Nanar Wars se termine sur une foire aux question assez intéressante, tant les interrogations qui s’y étalent reviennent souvent. Voilà qui clos un ouvrage passionnant, doublé d’une belle édition signé par Wombat. La couverture, souple et à rabats, est d’une classe nanardesque qui attire de suite l’œil. Quant au papier, il est fait pour durer, tout comme la légende autour de ces films certes ubuesques mais terriblement attirants. De quoi finir de convaincre.