Caractéristiques
- Auteur : Clotilde Bruneau, Dim. D, Frederico Santagati, Luc Ferry
- Editeur : Glénat
- Collection : La Sagesse des Mythes
- Date de sortie en librairies : 8 novembre 2017
- Format numérique disponible : Oui (10,99€)
- Nombre de pages : 56 pages
- Prix : 14,50€
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- Note : 7/10 par 1 critique
Des origines pour le moins intenses
Après avoir abordé avec vous Antigone et L’odyssée T1 : la colère de Poséidon, on continue de découvrir la collection La Sagesse des mythes, parue aux éditions Glénat. La Naissance des Dieux, l’album ici chroniqué, comporte, dès son titre, une grande dose de mystère, qui en fait sans doute la bande dessinée la plus tentante de cette anthologie. Il faut écrire que, si les divinités grecques sont souvent mises en avant, les événements qui précédent leur ascension vers l’Olympe ne sont que très rarement contés. La création de l’univers, voire de Zeus lui-même, sont autant d’histoires pourtant riches en enseignements…
Vous l’aurez compris, La Naissance des Dieux prend racine alors que le chaos, formel et fondamental, domine. Issus du néant primordial, Gaïa, la terre, et Ouranos, le ciel, donnèrent naissance aux premiers êtres de la Création. Des monstres d’une brutalité sans borne qui se révoltèrent contre leurs parents, poussés par leur cadet, le plus dangereux des titans : Cronos. C’est pour éviter sa fureur que son fils Zeus fut élevé en secret de ce père, capable de dévorer ses propres enfants. Et c’est pour établir la paix et l’harmonie dans l’univers qu’il se mit en guerre contre lui, et permit le règne des Olympiens…
Ah, le Big bang, sans doute l’énigme la plus passionnante que l’univers peut nous proposer. La création de celui-ci, c’est une chose, mais expliquer ce qui se passait auparavant en est une autre. La Naissance des Dieux commence par donner le point de vue mythologique à ce questionnement, et la réponse se fait très simple : le chaos. Point de complications à attendre, et c’est un élément à prendre en compte. Si les grecs ont pensé leurs mythes, c’est en les accouchant d’eux-mêmes. Alors que le désordre régnait, Gaïa est venue au monde de sa propre volonté. S’ensuit Ouranos, et du désir de ces deux forces puissantes, la terre et le ciel, vont naître toute une série d’enfants titanesques, mais aussi utile à la caractérisation de notre environnement. Clotilde Bruneau survole un peu ce segment, pour une raison qui se justifie : Zeus doit rentrer en scène, car il est la figure centrale de ce mythe. En tout cas, cette première dizaine de pages développe une imagerie alléchante, peut-être faudra-t-il prolonger cette impression avec un album dédié ?
Un récit qui apporte un début de justification au caractère de Zeus
Il règne sur La Naissance des Dieux comme une ambiance de préquel. Les racines de Zeus sont aussi intéressantes à découvrir qu’utiles pour comprendre au mieux le mythe. Pourquoi le roi des dieux fait étalage d’un caractère parfois changeant, dans certains récits ? Sans nous apporter une réponse précise, ce soulèvement contre Cronos fait apparaître certaines promesses, qui démontrent une envie initiale de jouer de stratégies. Les divinités sont joueuses, et ce même si l’ambiance n’est pas spécialement des plus funs sur le terrain ! La fin de ce cheminement rejoint nos connaissances les plus établies : la division de la Terre par déité. L’écriture va vite, c’est un rythme imposé par un nombre de pages assez réduit. L’album garde une place pour les écrits de Luc Ferry. Tant mieux, car ils savent éclairer nos lanternes, tant le point de vue philosophique se justifie ici. Précisons que ses thèmes sont destinés à celles et ceux qui ont tout de même une petite formation en la matière, ou qui sont entrain de se l’administrer en cours.
La Naissance des Dieux est aussi l’occasion de faire connaissance avec un illustrateur : Frederico Santagati. Son style, assez crayonné et précis, notamment dans les expressions faciales, produit un bel effet. Dommage qu’il n’ait pas rendu les actes de Cronos plus violents, on pense notamment aux engloutissements de ce bien cruel personnage. Les pages 3 à 10, quant à elles, sont dessinées par Dim. D. (Paris Maléfices, Aleph). Bonne idée, tant ses cases sont habitées par des représentations mémorables, qui rendent le chaos impressionnant. Le tout dans une édition de Glénat (Croquemitaines T2) bien soignée : couverture, papier, on atteint le niveau de qualité qu’on est en droit d’attendre d’une maison aussi prestigieuse.