C’est quoi au juste, une alimentation saine ?
Alors que 2018 commence et que les fêtes de fin d’année sont derrière nous, vient le moment fatidique de nous mettre en mode détox afin de purger nos excès. Certains d’entre vous, plus courageux, auront peut-être pris pour bonne résolution d’opter sur le long terme pour une alimentation meilleure, plus saine, en un mot : healthy.
Ce mot, vous avez dû l’entendre des centaines de fois au cours des 2-3 dernières années, au moment où ce « courant » — si tant est qu’on puisse nommer ainsi quelque chose d’aussi protéiforme — a connu un véritable bond en avant, avec l’émergence de nombreux blogueurs, nutritionnistes stars et d’innombrables livres de cuisine — certains que nous avons d’ailleurs chroniqués dans notre catégorie dédiée. Pourtant, aujourd’hui, on peut se poser la question : que signifie être ou manger healthy ? Est-ce être végétarien ou vegan comme on nous le suggère de plus en plus ? Eviter les excès ? Ou bien simplement manger bio, local, équilibré ? Et en quoi consiste-t-elle, justement, cette alimentation saine et équilibrée ? Tombe-t-on du côté obscur de la force dès lors que nous optons pour un bon vieux filet de boeuf ? Et qui croire alors que les experts de santé (« officiels » ou autoproclamés) s’écharpent sur certains points essentiels et que certains nouveaux courants, comme la tendance paléo, viennent encore compliquer un peu plus la donne ?
Pour y voir un peu plus clair et faire le tri dans cette masse de publications et d’avis divergents, nous avons décidé de nous pencher un peu plus sur cette tendance en constante augmentation. Pourquoi fonctionne-t-elle aussi bien ? Qui en sont les nouveaux visages ? Comment départager le vrai du faux ? Tout en nous posant la question qui fâche : à trop paniquer à propos du contenu de notre assiette, comment rééquilibrer au besoin son alimentation sans perdre le plaisir de manger ? Nous prendrons notamment appui, pour les exemples, sur des livres que nous avons pu chroniquer ou tout simplement lire et tester.
Les raisons du succès
Nous avons tous pu constater que, depuis une poignée d’années, les rayons cuisine des libraires étaient assaillis de livres de cuisine healthy, mêlant régimes alimentaires vegan, végétarien, paléo ou omnivore, sans compter les livres destinés aux personnes souffrant d’intolérance alimentaires, notamment au soja et au gluten. Certaines spécialités à la mode sont également régulièrement propulsées en librairies et dans les pages des magazines féminins : Buddah bowls, poke bowls, chia puddings… On notera d’ailleurs que ces mets précis viennent tous de Californie, où le bio et le local sont devenus une véritable culture pour une partie de la population — celle que nous pourrions qualifier de « bobo » si l’on devait jouer à coller des étiquettes — sous l’impulsion de la chef Alice Waters, qui prône une alimentation à base de produits frais et de saison, en provenance de fermes lorsque cela est possible.
Depuis, malgré son fort taux d’obésité à l’échelle de l’État, la Californie est devenue l’un des fiefs du healthy et ses spécialités, propulsées via les livres de cuisine, les blogs et Instagram, n’en finissent pas de nous arriver. L’exemple de la Californie est intéressant, car il nous permet de mieux comprendre, à notre échelle, pourquoi la tendance healthy remporte un si grand succès. En effet, à l’heure où, le pouvoir d’achat est en berne tandis que les prix continuent de grimper, nous avons de plus en plus affaire à la malbouffe et à des produits remplis de pesticides, édulcorants, sans compter la viande stressée des grands élevages, souvent de qualité inférieure. Cette recherche d’une alimentation plus saine correspond alors à une recherche de qualité et à une quête de bienfaits et d’authenticité, comme un idéal à atteindre. Bien manger, aujourd’hui, c’est un luxe. C’est, du moins, le sentiment que l’on peut avoir et qui aurait tendance à être validé par les prix moindres de tous les produits industriels qui remplissent nos supermarchés, tandis que les fruits, légumes, viandes et poissons sont toujours plus chers.
Pourtant — et là les chefs et auteurs culinaires ont raison — manger mieux, à défaut d’avoir une alimentation parfaite, est possible, en modifiant certaines habitudes et en cuisinant davantage nous-mêmes des choses que nous avons tendance à prendre tout prêt par facilité et/ou manque de temps. Cela demande une certaine organisation, mais là, c’est une autre histoire, et un sujet que nous aborderons peut-être dans un autre article… La question cruciale est donc : comment mieux manger ? Dès lors qu’on s’attaque à cette question, on a rapidement affaire à une pléthore d’avis et théories sur le sujet. Pour vous aider à faire le tri, nous vous proposons de découvrir ces différents courants, ainsi que les personnalités-phares pour chacun d’entre eux dans la deuxième partie de notre dossier, avant de nous pencher sur le côté obscur de la force : la guerre entre les différentes écoles, ponctuée de vérités et contre-vérités déroutantes…