Caractéristiques
- Auteur : Tatsukazu Konda, Shimaji Yukiyama
- Editeur : Kurokawa
- Date de sortie en librairies : 11 janvier 2018
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 208
- Prix : 7,65€
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- Note : 8/10 par 1 critique
Premier manga coup de cœur de l’année 2018 !
Aller, avouez. Quand on vous dit : “de la dark fantasy, avec un chasseur de vampire et un univers quasi-médiéval“, il vous vient un fort sentiment de déjà-vu. Par exemple, côté romans, la bit-lit et ses sorties très fréquentes ont beaucoup œuvré dans ce domaine. Au point qu’aujourd’hui, une telle formule peut faire bailler d’avance. Mais attendez avant de tirer des conclusions hâtives ! Le manga que nous abordons dans cet article, aux éditions Kurokawa (Real Account Tome 1), est une telle réussite qu’elle est capable de remuer à elle seule la fourmilière. Silver Wolf : Blood, Bone n’est pas recommandé par Hiromu Arakawa, l’auteure de FullMetal Alchemist, pour rien…
Hans Vahpet, autrement appelé « Silver Wolf », est un célèbre chasseur de vampires ayant contribué à leur destruction. Il est tiré de sa paisible et méritée retraite, afin d’enquêter sur de bien glauques et sanglantes affaires : des victimes sont retrouvées sans leurs os. L’occasion pour ce vétéran de s’acquitter d’une dernière mission, qui va lui opposer une adversité terrible. Car, si les vampires sont de l’histoire ancienne, d’autres monstres, au moins aussi dangereux, guettent dans l’ombre…
Gros travail sur l’univers et l’horreur qui s’en dégage
Silver Wolf Tome 1 impose rapidement une ambiance qui happe le lectorat. Il faut écrire que l’un des gros travaux, de la part du duo formé par Tatsukazu Konda et Shimaji Yukiyama (que nous découvrons tous deux à cette occasion), se situe dans la construction d’un univers convaincant, et ce malgré l’aspect fantastique forcément extraordinaire, au sens premier du terme. Ainsi, l’histoire se déroule dans une ville portuaire, San Sarod, qui pourra rappeler un peu Londres dans les plans d’ensemble, avec sa grande tour centrale. L’époque semble quai-médiévale, quoi que les rues semblent bien pavées, et l’éclairage organisé, mais n’est pas spécialement marquée par les clichés de ces années passée. On le remarque de suite grâce à la direction artistique, et plus particulièrement les vêtements des personnages. Cela résulte sur un élément d’importance : l’endroit nous est agréable, tout comme il l’est aux yeux dans Hans Vahpet.
Silver Wolf Tome 1 développe une intrigue entre horreur, enquête, et un soupçon de comédie plutôt bienvenue. Et les genres sont, ici, utilisés de manière cohérente. C’est le premier qui se déclare le plus rapidement, via une ouverture assez cruelle, mais pas exagérément sanglante. L’auteur, Tatsukazu Konda, appuie sur le côté monstrueux de la mise à mort, mais de la meilleure des façons : en mettant en évidence le cheminement de la victime. C’est à cet instant précis que l’on prend conscience de la force de ce manga, car rien ne semble gratuit, ni sacrifié sur l’autel de la simple démonstration par l’effet. L’écriture est la clé, et heureusement elle est tout aussi forte dans les autres domaines. Le héro est de suite mémorable, de par ses traits de caractère et l’aura de mystère qui se dégage de son passif. Aura qui doit tout à une autre réussite du scénario : le background.
Sans ne jamais ralentir le bon rythme de son intrigue, Silver Wolf Tome 1 développe un background qui, sans être hyper fouillé, propose assez de matière pour que l’histoire puisse gagner en relief. San Sarod a connu bien des moments sombres, mais ceux-ci furent éclairés par Hans Vahpet. Sans nous le démontrer par l’image, on devine que ce dernier a travaillé si dur qu’il renvoie l’excellente Buffy dans les cordes. On ne peut pas trop aborder les détails à l’occasion de cet article, de peur de spoiler des passages importants, et la surprise qui les accompagne. Sachez simplement que le vieil homme va devoir faire avec ses acquis, mais aussi… ses pertes, liées à son ancienne vie de chasseur de vampires.
Une découverte qui met en appétit…
Nous abordions l’horreur, mais Silver Wolf Tome 1 c’est aussi un soupçon d’enquête. Le grand méchant, appelé Grim, masticateur de son état, constitue une figure parfaite pour la mise en place d’une chasse. Car il ne se comporte ni comme une proie apeurée, ni tel un maître du jeu grotesque. Il a un plan, et le lectorat en capte le début du but petit à petit. Pas sûr que la suite contienne autant d’éléments d’investigation, mais force est de constater qu’ils ont permis à ce premier volume de se dévoiler dans de bonnes conditions, et d’étaler certains mécanismes, notamment les mises à mort, au fil du récit. La force physique du personnage principal est aussi démontrée, et fait intervenir une problématique, liée au temps qui passe et ses effets sur les corps humains. D’ailleurs, l’auteur joue subtilement avec cette ficelle, et lui trouve même une sorte de paroxysme : l’organisme de Hans Vahpet va être mis à mal…
Pour ne rien gâcher, Silver Wolf Tome 1 est superbement dessiné, par un Shimaji Yukiyama qui livre ici son premier travail sur une série. Les personnages ont tous une particularité, ce qui fait qu’on ne se trompe jamais dans la spatialisation de l’action. Aussi, le design des monstres surprend par la simplicité du concept, et sa totale fonctionnalité. Sans ne rien vous dévoiler, sachez qu’un masticateur ne pouvait être imaginé autrement, ce qui est une grande force : on a l’impression d’un monstre sorti d’un cauchemar. Enfin, on notera quelques passages sanglants du plus bel effet : ils contribuent grandement à l’impact d’une violence nécessaire. Notons, enfin, une très bonne traduction signée Margot Maillac. Voilà qui marque des débuts bien prometteurs, et le seul regret qu’on éprouve est celui de devoir attendre pour la suite. Avril 2018, c’est loin.