Caractéristiques
- Auteur : Nicolas Herbelot
- Editeur : Solar
- Date de sortie en librairies : 9 novembre 2017
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 220
- Prix : 16,90€
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 7/10 par 1 critique
Plus qu’un champion : le second souffle d’un sport qui le recherchait
On peut l’écrire sans risquer d’en faire trop : le monde du sport a vu l’un de ses plus grands représentants prendre sa retraite, lors de l’été 2017, plus précisément à l’issue des Championnats du Monde d’Athlétisme, à Londres. Au-delà d’une dernière course assez malheureuse pour lui (il s’y blesse), c’est une foule d’images qui nous venait à l’esprit à ce moment précis. Des courses plus que spectaculaires, qu’il dominait tellement qu’il pouvait s’accorder, pendant ses enjambées, des moments de relâchement, tout en remportant la victoire. On se souvient, d’ailleurs, des nombreux débats concernant le show Bolt, sa gestuelle, voire même sa désinvolture. Si les intervenants s’écharpaient, pas un seul ne pouvait nier l’évidence : ce surdoué était entrain de sauver toute une discipline sportive, à lui tout seul. Et le livre que nous abordons aujourd’hui, aux éditions Solar (42,195 kilomètres, Le mystère Bielsa), appuie ce fait.
Usain Bolt : Le messie malgré lui n’est pas une biographie, même s’il est indéniable que le lecteur terminera le texte en connaissant bien mieux la trajectoire de son sujet. C’est, plutôt, un ouvrage voué à l’œuvre de ce que le surdoué Jamaïcain, et sa propre perception de celle-ci. D’ailleurs, la meilleure manière d’évoquer le contenu est de citer l’un des amis intimes de la star, Nugent Walker. Ce dernier, entendant l’auteur Nicolas Herbelot parler du caractère quasi messianique de la carrière du coureur, confie : « Tu sais, Usain a eu la chance de ne jamais voir les choses comme ça. Il ne s’est jamais considéré comme celui qui devenait étrangement l’élu pour sauver son sport. Il incarne naturellement ce dont avait besoin ce sport : la pureté, l’énergie, le fun, le charisme… Mais il s’est contenté d’accomplir sa tâche sans penser à toute cette responsabilité. Il n’a jamais eu d’intention politique, comme Mohamed Ali, de représenter un groupe ou une idée. ».
Cette tirade résume assez bien ce qu’est le personnage Usain Bolt. Car, malgré ce que certains ressentent, le champion n’a rien du sportif hautain, humainement peu engageant, comme a pu l’être Carl Lewis (avec qui les relations sont plutôt tendues) l’icône de la deuxième moitié du vingtième siècle. Non, le Jamaïcain est à la fois un surdoué, et l’être humain dont ce sport avait besoin. On ne va pas vous refaire tout le tableau, mais rappelons tout de même que l’athlétisme vivait, à l’image du cyclisme, une période de grands troubles. Les affaires de dopage se succédaient, aussi bien chez les hommes (Ben Johnson) que chez les femmes (Marion Jones), et le public manifestaient une méfiance de plus en plus marquée. Avec son nom fait pour sa carrière (Bolt, la foudre), Usain a imposé un style, une attitude, et a très grandement contribué au second souffle de son sport.
Un livre fourni, qui plaira autant aux amateurs d’athlétisme qu’aux fans de Bolt
Usain Bolt : Le messie malgré lui explique tout cela, point par point, tout en nous accordant de véritables précisions intéressantes. Grâce à son statut de reporter à L’Équipe, qui est, mine de rien, le quotidien le plus penché sur l’athlétisme au monde, l’auteur Nicolas Herbelot déploie toute une gamme de détails carrément fascinants. L’impression de coller aux basques du journaliste est assez forte, et renforcée par l’emploi de la première personne. On est dans une voiture voiture qui revient d’une conférence de presse, alors que la discussion se fait légère. Ou revient aussi sur la (très) malheureuse descente aux Enfers de Marion Jones, passage obligé pour comprendre à quel point Bolt a remonté une pente que l’on pouvait juger désormais impraticable.
La tonalité d’Usain Bolt : Le messie malgré lui donne dans l’admiration, très clairement, mais Nicolas Herbelot n’en reste pas moins attaché à ce que le lecteur comprenne certaines facettes du personnage. On pensera surtout à ce dernier chapitre, consacré à l’adversité, élément indispensable pour que n’importe quel coureur se surpasse. Et d’autant plus un Bolt qui, sur la fin de sa carrière, avait du mal à se motiver pour autre chose que les jeux olympiques. Il a souvent été dit, et écrit, que le champion n’avait aucun adversaire. C’est faux, et pour les connaître il faudra vous procurer cet ouvrage. Mais au-delà de ces noms, c’est surtout l’orgueil du sportif qui se fait jour, car il en a, le bougre. Quant à son héritage, il est encore en question. Comme il est écrit dans le prologue, l’athlétisme aura du mal à se remettre de l’ère Usain Bolt. Et ce même si les fans du bonhomme pourront encore s’amuser, un moment, des rumeurs de plus en plus insistantes sur son envie de rejoindre un club de foot en tant que joueur. Une folie qui, si elle se réalisait, prouverait bien le caractère assez surréaliste de cet athlète hors du commun.