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[Critique] L’amour est une maladie ordinaire — François Szabowski

Caractéristiques

  • Auteur : François Szabowski
  • Editeur : Le Tripode
  • Date de sortie en librairies : 31 août 2017
  • Format numérique disponible : Oui
  • Nombre de pages : 258
  • Prix : 17€
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Le remède à la fin de l’amour ? La mort !

Attention, OVNI ! L’amour est une maladie ordinaire, publié aux éditions Le Tripode (Les aventures de Ruben Jablonski…) et sorti au moment de la rentrée littéraire en septembre dernier est un roman à l’humour noir détonnant, qui devrait ravir tous les amateurs de grincements de dents. Le sujet ? L’amour, bien entendu, et le rapport très compliqué d’un homme à celui-ci, incapable de faire face à ce qu’il pense être son inévitable déclin. Pour éviter les disputes et les inconvénients d’une séparation nourrie de rancoeur, François a trouvé LA solution : faire croire à ses petites-amies qu’il est mort, afin que cet amour reste à jamais vivant en elles. Bien sûr, un tel drame ne peut avoir lieu qu’au summum de la relation : il cesse de répondre aux appels et messages, disparaît, change de look, et demande à son complice et seul ami Didier d’annoncer la terrible nouvelle aux malheureuses, forcément éplorées. Pourtant, tout ne va pas forcément se dérouler comme prévu…

Sertie d’un bandeau indiquant en gros qu’Amélie Nothomb a adoré, la couverture du roman de François Szabowski donne le ton : l’intrigue ne sera pas à prendre au premier degré. A la lecture, on comprend mieux la filiation entre l’écrivain et la célèbre auteure belge, qui n’aurait en effet pas renié l’humour diaboliquement noir de L’amour est une maladie ordinaire, et son intrigue ô combien métaphorique du lâche incapable de rompre avec ses conquêtes et qui se contente de les ghoster en disparaissant de la circulation. Sauf que, plutôt que de nous décrire ce François très bon chic bon genre comme un parfait salaud, l’auteur prend le parti d’adopter son point de vue du début à la fin, en nous montrant que cet anti-héros complètement imbu de sa personne est en réalité sincère dans sa bêtise, pour ne pas dire sa folie.

Méchamment drôle

Sociopathe d’un genre particulier isolant son « meilleur ami » qu’il a recueilli après l’avoir découvert gisant amnésique au bord d’un quai, François pense sincèrement aimer chacune des femmes avec lesquelles il se met en couple, et ne remet jamais en cause son raisonnement ahurissant d’égoïsme et de cruauté. Car, au fond, de quoi a vraiment peur cet homme qui refuse que l’amour finisse ? Mais de ne plus être aimé, bien sûr ! Ainsi, lorsqu’il observe à distance ses victimes à l’annonce de la tragique nouvelle, chaque larme versée lui apparaît comme une bénédiction attestant de l’amour profond qu’on lui porte, et il se félicite même que ce traumatisme vienne jeter une ombre sur les relations futures des jeunes femmes. L’absurde des situations — il doit changer de look, de quartier, éviter tous les endroits qu’il fréquentait auparavant — devient alors méchamment drôle, et l’on suit avec une certaine délectation les aventures de cet handicapé de l’amour, dont on se demande jusqu’où il ira avant que l’une de ces dames ne lui rende la monnaie de sa pièce. Si l’on se gardera bien de vous gâcher la surprise, on peut en tout cas vous dire sans risques que l’enchaînement des rebondissements ne faiblit pas jusqu’à la fin, pour notre plus grand plaisir.

L’amour est une maladie ordinaire est ainsi une excellente surprise, dont la plus grande qualité, hormis son humour décalé jouissif, est la manière très incisive avec laquelle son auteur croque nos travers divers et variés en matière d’histoires de coeur à notre ère de Tinderisation avancée, où l’on crève de trouver de l’authenticité dans nos rapports, tout en se refusant (parfois, ne soyons pas pessimistes !) à prendre le moindre risque. François a beau être une caricature de playboy au sourire artificiel cachant un monstre à l’ego affamé, il n’en demeure pas moins représentatif, dans une certaine mesure, de notre époque et, en cela, le roman de François Szabowski fait mouche. A découvrir de toute urgence, que l’on soit heureux en couple ou que l’on cherche à se consoler !

Article écrit par

Cécile Desbrun est une auteure spécialisée dans la culture et plus particulièrement le cinéma, la musique, la littérature et les figures féminines au sein des œuvres de fiction. Elle crée Culturellement Vôtre en 2009 et participe à plusieurs publications en ligne au fil des ans. Elle achève actuellement l'écriture d'un livre sur la femme fatale dans l'œuvre de David Lynch. Elle est également la créatrice du site Tori's Maze, dédié à l'artiste américaine Tori Amos, sur laquelle elle mène un travail de recherche approfondi.

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