Caractéristiques
- Auteur : Nicolas Deneschau
- Editeur : Third Editions
- Date de sortie en librairies : 20 juin 2019
- Format numérique disponible : Non
- Nombre de pages : 288
- Prix : 24,90€
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 8/10 par 1 critique
Retour sur l’une des histoires les plus passionnantes du jeu vidéo
Quand on pense à l’âge d’or du Point and click (un genre que nous avons abordé à l’occasion de Deponia Collection, ou alors Trüberbrook), un éditeur se dégage de la mêlée : LucasArts. Et ce n’est pas un hasard, car c’est au sein de cette entité, aujourd’hui malheureusement disparue, que sont nés quelques fleurons. On pense, en premier lieu, à la licence qui nous intéresse ici : Monkey Island. Tout y était réunit pour que le succès soit au rendez-vous : une ambiance originale, un humour étonnant, et des énigmes tordues au possible. Près de trente ans après le premier opus, voilà que Nicolas Deneschau, déjà auteur d’Uncharted : journal d’un explorateur, signe Les Mystères de Monkey Island.
Et c’est encore un très gros morceau que nous propose Third Editions ! Car vous allez le découvrir dans Les Mystères de Monkey Island : cette licence est doublement intéressante. Bien entendu, les qualités ludiques sont encore d’actualité, et ce même si les derniers opus s’avèrent moins importants que les deux premiers. L’autre point important, c’est tout le processus créatif qui a permis l’aboutissement d’un tel univers, lequel ne pouvait qu’être accompagné d’anecdotes précieuses. Quand un projet, quel qu’il soit, est dirigé par une personnalité aussi passionnante que Ron Gilbert, il ne peut pas connaître un développement qualifié de long fleuve tranquille. Par le biais de trois grandes parties, Nicolas Deneschau est parvenu à bien cadrer son sujet, malgré l’énorme quantité de contenu.
Les Mystères de Monkey Island est l’occasion d’aborder LucasArts : non seulement son destin à travers la licence, mais aussi ce qui en a fait l’un des éditeurs les plus influents de son époque. Ainsi, on remonte à des événements antérieurs à la sortie de The Secret Of Monkey Island, comme la naissance (en 1987, pour Maniac Mansion) du moteur SCUMM. On se rend compte que, à cette époque, les entités dirigées par George Lucas pouvaient jouir d’une certaine liberté, ce qui n’est plus trop le cas aujourd’hui. C’était la condition sine qua non pour que l’industrie connaisse une sorte de regain d’intérêt, après la grave crise de 1983. Et l’ouvrage est le moyen idéal pour s’en rendre compte. Sans LucasArts, il est certain que le jeu vidéo ne serait pas le même aujourd’hui, par exemple dans la place grandissante des noms d’auteurs.
Un style qui manie l’humour dont fait preuve la licence
C’est donc à une véritable épopée que nous convie Les Mystères de Monkey Island. Car, vous l’aurez deviné, les choses vont assez vite se compliquer. Ron Gilbert va quitter le navire, par exemple. Signalons ici que la préface est signée Larry Ahern, co-réalisateur de The Curse Of Monkey Island, troisième épisode de la série. On sent, dans ses mots, que ce fut loin d’être un travail de tout repos, entre les attentes démesurées du studio, et la pression financière autour d’un genre entrain de péricliter. Moins bon dans son humour, cet épisode marque une sorte de tournant. C’est là l’une des plus belles réussites de Nicolas Deneschau : il colle parfaitement à la courbe de progression de la licence. Et la cassure, qui commence à se ressentir dès le très bon neuvième chapitre (deuxième partie), est ressentie comme à l’époque, de manière assez cruelle.
Les Mystères de Monkey Island va jusqu’à aborder l’épineux duel entre Ron Gilbert et la World Company Disney. C’est un élément très important car les fans, tout comme l’auteur, sont orphelins d’un véritable troisième épisode, tant The Curse, Escape et Tales of ne sont pas à la hauteur du final hallucinant de LeChuck’s Revenge. Malheureusement, Disney ne veut rien entendre : les licences comme Maniac Mansion et Monkey Island sont vouées à rester dans un coffre-fort, éloignées à jamais de ses créateurs. Une fin amère, qui sied décidément à l’évolution du Point and click qui, s’il connaît un regain d’intérêt aujourd’hui, est passé par une terrible phase creuse.
Les Mystères de Monkey Island se devait de composer avec l’humour si particulier de la licence. La forme étant, ici, aussi importante que le fond. Là encore, c’est un succès pour Nicolas Deneschau. On redoutait un peu trop de jeux de mots, quelques ressorts comiques superflus, mais le résultat s’avère équilibré autant que justifié. Chaque chapitre se termine par une petite blaguounette, et le style d’écriture se veut assez fun, agréable à la découverte. Dès lors, attendez-vous à sourire pendant cette lecture décidément conseillée. Aussi, sachez que l’ouvrage contient plein de bonus qui ne pourront que plaire aux amateurs de la série, comme les fameux duels d’insultes, ici retranscrits. Pour terminer, signalons que le très qualitatif travail de Third Editions (L’Ascension de The Witcher, Les Mémoires de Final Fantasy 7) , concernant l’objet, est toujours au rendez-vous : papier solide, couverture sublime signée Steve Purcell, et signet bien utile. Du tout bon !