Caractéristiques
- Titre : Les mondes de Sherlock Holmes
- Auteur : Andrew Lycett
- Editeur : Du May
- Date de sortie en librairies : 4 novembre 2024
- Nombre de pages : 208
- Prix : 34,90 euros
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- Note : 8/10 par 1 critique
D’un auteur à un autre
S’il existe un nom réputé dans la littérature contemporaine c’est bien le personnage de Sherlock Holmes inventé par Sir Arthur Conan Doyle.
Pour cette fin d’année 2024, les éditions Du May, filiale de Sophia Edition, viennent apporter une nouvelle pierre au mythe dans l’ouvrage intitulé Les mondes de Sherlock Holmes écrit par Andrew Lycett, écrivain et biographe d’origine anglaise, qui nous propose de découvrir les différentes inspirations et influences qui ont conduit à la création de ce personnage hors norme. Si, dans l’ inconscient collectif, le détective privé du 19e siècle porte un par-dessus, fume la pipe, joue du violon et porte sur la tête une casquette à double visière, il est évident que, dans la réalité, les inspecteurs ne répondaient pas vraiment à cette vision fantasmée. Mais c’est pourtant celle de l’oeuvre de Sir Arthur Conan Doyle qui a marqué les esprits.
Dans cet ouvrage en plusieurs chapitres, nous allons découvrir les sources et influences qui ont forgé le personnage et l’impact qu’il a eu dans différents domaines au-delà de la littérature.
Après avoir travaillé pour le Times en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie, Andrew Lycett s’est lancé dans diverses biographies, dont celle qui l’a fait le plus connaître, celle de Ian Fleming, le papa de James Bond. Si le personnage change, la capacité de l’auteur à nourrir ses ouvrages de nombreuses informations et détails croustillants, elle n’a pas changé.
Élémentaire mon cher lecteur !
Tout d’abord saluons la magnifique couverture avec le dessin crayonné de Sherlock Holmes et son titre en lettres à relief doré qui donnent tout de suite un sentiment d’écrin renfermant un trésor.
Si on commence doucement avec une introduction qui nous décrit qui est Holmes et quels thèmes vont être abordés, c’est par la suite que l’ouvrage prend son envol en nous décrivant les lieux dans lesquels agit le détective (Doyle ayant été dans la réalité un plus grand voyageur que Holmes). Bien sûr, il y a la Grande-Bretagne, mais d’autres voyages plus lointains – que ce soit dans le reste de l’Europe ou dans le monde – sont décrits dans un second chapitre avec de belles illustrations à l’appui. Ces dernières méritent d’ailleurs d’être signalées tant leur variété n’a d’égal que leurs qualités, que ce soit des photographies d’époque, des gravures, des cartes, des portraits… Toute la qualité de cet ouvrage ressort grandie par le magnifique travail d’illustration mis en œuvre par l’auteur.
Par un intéressant effet miroir, les chapitres sur les avancées scientifiques de l’époque et celui intitulé « Sur la piste des détective » nous permettent de découvrir la fascination d’Arthur Conan Doyle pour la science et l’essor des nouvelles méthodes d’investigation et d’enquêtes qui l’ont aidé à forger son personnage de Sherlock Holmes (qui a lui-même toujours été plus en phase avec les progrès de son temps qu’avec les gens qu’il côtoyait).
De manière plus indirecte, les chapitres « L’art dans le sang » et « Quelques penchants athlétiques » abordent respectivement les inspirations artistiques (ainsi que leur utilisation pratique dans les textes de Doyle) et les disciplines sportives prisées à l’époque dont, pour certaines, le personnage de Holmes était passé maître (comme l’escrime et la boxe), même si il n’en faisait usage que de manière parcimonieuse.
La documentation précise d’Andrew Lycett nous permet également d’apprendre que d’autres disciplines plus méconnues (ou disparues) sont utilisées, comme le singlestick (forme de combat avec un bâton) ou bien encore l’art martial du Baritsu que Holmes utilisera face à Moriarty durant l’inoubliable épisode des chutes du Reichenbach. Nous apprenons également que Doyle et Holmes, s’ils partageaient de nombreux penchants, pouvaient aussi s’opposer, comme sur l’intérêt que portait l’auteur aux sports équestres, au cricket ou au football. Un effet miroir bienvenu donc, qui prouve combien l’auteur entretenait une forme de relation amour/haine avec sa créature.
Un ouvrage (presque) complet
Néanmoins, pour les habitués de la mythologie, il est à noter que l’ouvrage, malgré une documentation extrêmement poussée sur Sherlock Holmes lui-même ainsi que sur son entourage et ses productions littéraires, oblitère en revanche certains aspects plus contemporains de l’œuvre.
Bien qu’il consacre tout de même une partie de son ouvrage à la carrière cinématographique et théâtrale du personnage dans les chapitres « Sur scène et à l’écran » puis « Entretenir la flamme » (qui sert de continuité contemporaine), ses influences sur des vecteurs pourtant non négligeables comme les jeux vidéos ou les bandes dessinées sont davantage délaissés, et c’est bien dommage, car ces vecteurs contribuent grandement à l’intemporalité du personnage.
En privilégiant un aspect presque totalement vintage, l’auteur lui confère certes un charme et une élégance tout à fait séduisantes pour les amateurs, mais il risque aussi de manquer des cibles plus jeunes, et donc d’aller à l’encontre même de la logique que le personnage traverse les époques sans se démoder.
Les mondes de Sherlock Holmes semblent oublier l’aspect complètement « steampunk » de l’œuvre de Conan Doyle et les incroyables dérives qu’on peut en retirer. De nombreux auteurs contemporains en bande dessinée, mangas ou jeux-vidéos ne se sont pas fait prier pour l’exploiter – et souvent avec succès – au point qu’il est étrange de voir ces « héritiers » manquer à l’appel.
En l’état, l’ouvrage lui-même demeure une mine d’informations pour tout amateur de Sherlock Holmes et ne peut qu’ encourager les lecteurs à s’intéresser à cet univers, y compris dans ses aspects non explorés ici.