Caractéristiques

- Titre : L'Invitation
- Traducteur : Céline Maurice
- Auteur : Sebastian Fitzek
- Editeur : éditions de L'Archipel
- Collection : Suspense
- Date de sortie en librairies : 27 mars 2025
- Format numérique disponible : oui
- Nombre de pages : 371
- Prix : 23 euros
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- Note : 6/10 par 1 critique
A peine un an après la parution de son précédent roman La Liseuse de visages, le très prolifique Sebastian Fitzek (Thérapie, 2008, Mémoire cachée, Prix Transfuge du meilleur polar au salon Saint-Maur en Poche 2017), l’auteur allemand de thrillers le plus lu au monde, revient avec une nouvelle publication aux éditions de L’Archipel, L’Invitation.
Un huis clos oppressant
Marla Lindberg est atteinte de prosopagnosie, trouble neurologique rare qui l’empêche de reconnaître les visages, même les plus familiers. Elle suit une psychothérapie depuis des années, marquée par des événements traumatisants de son passé. Lorsqu’elle reçoit une invitation pour participer à une réunion d’anciens élèves dans les Alpes, elle hésite un peu, mais finit par accepter. Mais en arrivant dans ce lieu reculé et inhospitalier, le Chalet des Brumes, elle le trouve totalement désert…
Avec ce synopsis et cet environnement isolé au climat cataclysmique, L’Invitation contient tous les éléments du huis clos oppressant. Marla est seule au milieu de ce grand chalet inquiétant et ne peut sortir à cause de la tempête de neige et des températures épouvantables à l’extérieur. Le mystère se met en place progressivement : pourquoi est-elle seule ? Où sont les autres invités? Quel est le véritable motif de cette invitation ? Sebastian Fitzek crée une ambiance effrayante, parfois glauque, et construit un suspense intrigant et prenant.
Un page turner aux allures d’escape game
La plume de l’auteur est percutante et efficace, et ce dès les premières pages du roman qui démarre sur les chapeaux de roues. Fitzek fonce tête baissée dans un roller coaster de péripéties, nous laissant parfois un peu estomaqués. Certes, l’intrigue est tordue à souhait et le jeu de pistes qui s’installe dans le chalet est très ludique, mais certains rebondissements frôlent l’invraisemblance et l’écriture abuse d’effets grandiloquents, avec notamment des cliffhangers de fin de page un peu poussifs.
Les chapitres sont courts et l’alternance des points de vue de Marla et de Kristin, policière menant l’enquête en parallèle, rendent cependant le roman captivant et addictif. Certains flashbacks permettent d’accéder au passé de la protagoniste et de mieux en comprendre le trouble, tandis que des flashforward créent un sentiment d’attente, en annonçant certains événements à venir. Avec ce jeu sur la temporalité et son intrigue alambiquée, Sebastian Fitzek entraîne ses personnages dans un escape game endiablé qui, malgré quelques effets de style un peu trop sensationnalistes, procure un réel plaisir de lecture.
Aux confins de la folie
Le véritable point fort du roman est de construire son intrigue autour du personnage atypique de Marla. Incapable de reconnaitre les autres, elle peut à tout moment se faire piéger et induire en erreur, malgré son sens infaillible du détail qui lui a permis de travailler auprès de la police. Les fantômes de son passé sont également particulièrement intéressants, notamment son père et son frère, qui concourent à épaissir le mystère entourant la protagoniste. A l’inverse, les autres acteurs de l’histoire ne sont malheureusement que des coquilles vides gravitant autour d’elle, simples pions dans l’échiquier créé par l’auteur.
Tel un labyrinthe, le chalet du roman est à l’image de l’héroïne : complexe et confus. L’auteur parvient habilement à bouleverser la chronologie et à ajouter de la confusion dans la quête de vérité de Marla. L’intrigue reste retorse jusqu’au bout et joue sur ce brouillard qui s’épaissit à l’extérieur comme à l’intérieur, jusqu’à un dénouement plutôt convaincant.
L’Invitation est donc un roman intense, parfois poussif, qui utilise adroitement son personnage principal atteint de prosopagnosie pour densifier le mystère de son intrigue. Addictif et prenant, mais manquant souvent de finesse et de vraisemblance, il propose au lecteur un huis clos anxiogène aux allures d’escape game, petit shot d’adrénaline agréable dont il serait dommage de se priver.