Caractéristiques

- Titre : La Poussière des Morts
- Auteur : Cécile Cabanac
- Editeur : Michel Lafon
- Date de sortie en librairies : 16 octobre 2025
- Format numérique disponible : oui
- Nombre de pages : 408
- Prix : 20,95 €
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 6/10 par 1 critique
Avec La Poussière des morts, son sixième roman et premier publié chez Michel Lafon, Cécile Cabanac poursuit son exploration des ténèbres humaines à travers un polar intense et contemporain. Ancienne journaliste et autrice désormais confirmée du genre, elle signe ici un thriller réaliste, à l’écriture directe et documentée, où s’entremêlent enquête policière, psychologie et critique sociale.
Une enquête policière retorse et efficace
Tout commence dans une maison abandonnée en périphérie de Lille, où un jeune passionné d’urbex découvre le corps d’un homme amaigri et ligoté, au seuil de la mort. Transporté à l’hôpital, le malheureux succombe quelques heures plus tard. L’autopsie révèle un élément troublant : un message cryptique avait été dissimulé dans son estomac. Le commandant Xavier Ducastaing, sa coéquipière, la capitaine Nadia Vernois, et la stagiaire Sybille Kervasdoué, élève à l’école de police, soupçonnent rapidement un lien avec le propriétaire des lieux, un ancien militaire aux idées obsessionnelles et sectaires. L’affaire s’ouvre alors sur un labyrinthe d’indices, mêlant tortures rituelles et manipulations psychologiques…
Cécile Cabanac présente, dans La Poussière des morts, un petit groupe de personnages crédibles et attachants. Ducastaing est un enquêteur expérimenté mais humain et il forme avec sa coéquipière Nadia Vernois un duo solide et méthodique. Les chapitres courts et le rythme soutenu confèrent au récit une tension constante, renforcée par des passages en flashback qui éclairent subtilement le passé de certains protagonistes. La plume de l’autrice est efficace et addictive, malgré quelques digressions et intrigues parallèles qui ralentissent parfois le déroulement de l’enquête, laissant l’impression que certaines pistes auraient pu être exploitées plus rapidement. En dehors de ce léger bémol, le suspense reste globalement maîtrisé et le polar solide et prenant.
Puzzle narratif et temporalités plurielles
L’autrice structure son récit autour de plusieurs points de vue, permettant au lecteur de reconstituer progressivement le puzzle de l’affaire. Chaque chapitre est centré sur un personnage et indique clairement s’il se situe dans le présent de l’enquête ou dans le passé lié au crime, offrant ainsi un éclairage sur les motivations de chacun. Cette alternance, répétée de manière systématique à travers trois perspectives principales, confère au roman une pluralité de voix bienvenue, mais peut aussi donner l’impression d’un schéma trop répétitif. Pour autant, la construction narrative reste ingénieuse et maîtrisée, et l’envie de tourner les pages demeure intacte.
L’intrigue se déploie sur plusieurs temporalités, toutes gérées avec clarté et précision. Cécile Cabanac prend soin de replacer systématiquement chaque élément dans son contexte, ce qui est d’une grande aide pour le lecteur face à la densité de l’histoire. Les différentes timelines avancent de concert, distillant leurs indices au fil des chapitres et conduisant le lecteur vers une révélation finale convaincante. Cette progression est l’un des points forts du roman car elle installe un suspense méthodique et une tension croissante, démontrant la capacité de l’autrice à orchestrer une intrigue complexe, tout en conservant cohérence et lisibilité.
Noirceur et folie humaine
La Poussière des morts plonge le lecteur dans un univers sombre et tourmenté. L’intrigue multiplie les personnages aux stratégies plus retorses les unes que les autres. On croise dans ce roman des êtres torturés – au sens propre et figuré – des individus aux troubles psychiatriques, ou encore les membres d’une secte, dans un climat glauque et oppressant. Chaque rebondissement renforce ce sentiment de malaise et de noirceur, et le lecteur doit s’accrocher pour suivre le fil de cette machination implacable.
Au-delà du simple suspense, l’autrice s’intéresse en effet avant tout à la psychologie humaine. Elle explore la déchéance de l’individu, la manipulation que certains exercent sur les plus faibles et l’absence totale d’empathie. En parallèle, Cécile Cabanac parvient au contraire à humaniser ses policiers. Xavier Ducastaing et ses collègues ne sont pas de simples archétypes, mais des individus réalistes, avec une vie familiale, des discussions anodines et des moments de répit, chez eux après le travail. Cette dimension quotidienne, rare dans les polars, apporte un contrepoint agréable à l’horreur ambiante et confère une profondeur accrue à l’ensemble de l’intrigue.
En dépit de quelques circonvolutions superflues, La Poussière des morts s’impose donc comme un polar solide, habilement construit et porté par des personnages crédibles. Cécile Cabanac y confirme son talent pour mêler suspense, psychologie et noirceur humaine, offrant aux amateurs du genre une lecture captivante, intense et exigeante.




