Caractéristiques
- Auteur : Collectif
- Editeur : Glénat
- Date de sortie en librairies : 9 avril 2014
- Format numérique disponible : Non
- Nombre de pages : 224
- Prix : 18,95€
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 6/10 par 1 critique
La revanche de Donald
Apparu en 1969 dans Topolino, l’équivalent du Journal de Mickey en Italie, Fantomiald a été créé afin de permettre à Donald de prendre sa revanche. Souvent moqué par son oncle et ses neveux, victime de machines et animaux qui se retournent contre lui, le célèbre canard était, de l’avis de certains, un peu trop tourné en ridicule dans les bandes dessinées Disney. D’où l’idée de ce justicier masqué aux gadgets ingénieux (et parfois incertains), admiré de tous, y compris de ceux qui n’hésitent pas à se moquer de lui à la première occasion.
Éditées par Glénat dans la collection « Les grandes sagas Disney », les aventures de Fantomiald sont présentées dans un ordre non chronologique, contrairement aux BD originelles de Donald dessinées par Carl Barks, qui font l’objet d’une intégrale chez le même éditeur, La dynastie Donald Duck. A l’occasion de la parution du tome 3, dont nous vous parlerons bientôt, nous avons décidé de nous pencher sur les deux premiers volumes, présentant chacun 5 aventures.
Aux origines du personnage
Le tome 1 s’ouvre logiquement par la toute première aventure du personnage en 1969, après un bref retour sur sa création en introduction, ainsi qu’un article expliquant quelles est la différence entre Fantomiald et PowerDuck, version américaine plus récente, davantage inspirée des comics américains. Cette première histoire de 65 pages (la plus longue du volume) montre comment Donald, après avoir emménagé dans une nouvelle maison, la Villa Rosa, découvre le journal d’un certain Fantomius, qui n’était autre qu’un justicier masqué et possédait cette même demeure. En suivant les indications de Fantomius, Donald découvre un repaire secret dans la cave, ainsi que de nombreux secrets à l’intérieur de la maison. La relève est assurée ! Désormais, la nuit, il sera Fantomiald. Et comme l’oncle Picsou le martyrise, sa première « mission » sera de lui donner une bonne leçon en lui volant son matelas (truffé de billets de banque) pendant son sommeil. L’heure de la revanche a sonné !
Cette première aventure, bien menée et très drôle, s’avère fort différente, par son ton, des quatre autres qui suivront : alors que c’est la justice qui intéresse Donald par la suite lorsqu’il revêt le costume de Fantomiald, ici, il pense avant tout à se venger de son oncle et à faire « justice » lui-même. Assumant son égoïsme, il laisse même accuser à sa place son richissime cousin Gontran, ce que le Donald des aventures plus récentes ne ferait jamais. Ces origines du personnage ont donc un côté bien plus jubilatoire et correspondent finalement mieux, dans l’esprit, au célèbre canard que nous connaissons depuis l’enfance. Ce qui a fait dire à certains lecteurs que les autres histoires présentées dans ce volume, publiées entre 2001 et 2007, n’étaient « pas » du Fantomiald, mais du PowerDuck.
Fantomiald ou PowerDuck ?
Si l’on peut comprendre sur quoi repose ce ressenti, il est cependant fort utile de préciser qu’il n’en est rien : le petit article en début d’ouvrage nous permet très clairement de faire le distinguo entre ces deux personnages. Ce qui ne signifie pas que le Fantomiald des vingt dernières années n’emprunte pas à son alter ego américain apparu en 1996. Si le ton des deux séries est différent, PowerDuck étant beaucoup plus sérieux et faisant face à des extraterrestres, par exemple, le Fantomiald de ces années-là lorgne de manière évidente du côté des super-héros des comics américains, bien que de manière moins poussée que PowerDuck. Ainsi, dans « Fantomiald contre Sableman » (2006), le héros doit affronter un ouvrier devenu un homme des sables géant après être tombé dans un déstabilisateur de molécules, ce qui n’est pas sans rappeler les intrigues de comics comme Spiderman ou Les 4 fantastiques, par exemple.
Hormis un voyage dans le futur dans « Fantomiald et le futur imparfait » et la dernière histoire qui se penche sur les secrets de Fantomius, les autres aventures de Fantomiald reposent davantage sur le comique de situation, en montrant Donald lutter pour que ses neveux fassent le ménage, par exemple, ou bien aux prises avec des gadgets qui ne fonctionnent plus. Nous avons donc là des petites BD drôles et bien menées, qui ont l’avantage de nous présenter le personnage dans toute sa diversité. Les histoires ouvrant et clôturant ce premier tome permettent également de nous pencher sur les origines de Fantomiald et son prédécesseur, Fantomius, apportant ainsi une certaine cohésion à l’ensemble malgré l’éparpillement chronologique.
Des reproches injustifiés ?
Un autre point, non négligeable, sur lequel ce premier volume a souvent été critiqué est la qualité de l’impression, ou plutôt des scans des planches originales. On trouve en effet, dans la toute première aventure de Fantomiald de 1969, quelques planches aux contours un peu flous (surtout la page 9 ci-contre, en réalité), chose étonnante d’un éditeur comme Glénat qui a réalisé un travail irréprochable pour les différentes intégrales Disney proposées (L’âge d’or de Mickey Mouse et La dynastie Donald Duck, donc), comportant pourtant des bandes-dessinées bien plus anciennes, mais qui furent restaurées de manière admirable pour un rendu de haute qualité. On imagine que l’original de la planche en question, sur laquelle ce défaut est le plus voyant, avait été perdu, comme cela était très fréquent à l’époque, surtout pour des publications italiennes qui produisaient énormément d’histoires, ce qui a pu poser problème pour le livre.
Comme cette histoire avait été de nouveau publiée dans des magazines Disney distribués par Hachette, on suppose également que ce sont ces dernières publications qui ont été utilisées, ou tout du moins ont servi de base pour le présent volume. Cela pourra sembler peut-être frustrant, mais la collection « Les grandes sagas Disney » n’a pas vocation à préserver le patrimoine de la bande-dessinée comme c’est le cas des oeuvres historiques conçues par de grands auteurs des studios de l’oncle Walt. Les auteurs italiens alimentant Le Journal de Mickey, Mickey Parade ou Picsou Magazine, s’ils s’en sortent très bien en imaginant des histoires plaisantes et bien ficelées, n’ont donc pas droit à ce traitement, ne serait-ce que parce-qu’ils sont trop nombreux et n’ont pas influé sur les personnages de la même manière que Floyd Gottfredson, Carl Barks (qui créa de nombreux personnages, dont Picsou et les Rapetou) ou Don Rosa. Les aventures de Fantomiald ont donc reçu moins d’attention, pour leur publication, que ces oeuvres originelles.
On tempérera cependant les reproches adressés de part et d’autre à l’éditeur pour ce premier volume, qui s’étendaient aux histoires plus récentes, en soulignant que les scans ne sont pas de mauvaise qualité, mais qu’il n’y a simplement pas eu d’harmonisation visuelle entre les différentes petites BD : les personnages sont dessinés avec d’épais contours noirs pour certaines, alors que ces contours sont bien plus minces sur d’autres. Il ne s’agit donc pas d’un problème d’impression (de bonne qualité), mais de simples différences stylistiques. Le livre en lui-même, avec sa couverture rigide glacée et son papier épais, de bien meilleure qualité que le papier journal de Picsou Magazine, est un bel objet à ajouter à sa collection.
Si l’on comprend parfaitement la déception des lecteurs plus âgés qui espéraient retrouver dans cette collection les histoires antérieures aux années 90, ce premier volume de Fantomiald s’en sort bien, avec des aventures variées et plaisantes, qui permettent de situer le personnage pour ceux qui le découvriraient à cette occasion. Sans doute davantage adressé aux enfants, d’où le choix de proposer des histoires plus récentes à l’exception de la toute première, il n’a pas vocation à respecter un quelconque ordre chronologique, mais réunit malgré tout des bandes-dessinées permettant d’appréhender l’esprit du personnage et son évolution. On espère évidemment que certains des prochains tomes proposeront des histoires des années 70 et 80, mais en l’état, il s’agit d’une bonne introduction au personnage.