Caractéristiques

- Titre : Spielberg
- Auteur : Améziane
- Editeur : Richer Jeunesse
- Collection : BD
- Date de sortie en librairies : 20 août 2025
- Format numérique disponible : non
- Nombre de pages : 192
- Prix : 22 €
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 8/10 par 1 critique
Après sa première Ciné Trilogy regroupant Martin Scorsese, Quentin par Tarantino et Don Coppola, Amazing Ameziane se lance dans un deuxième cycle de biographies de réalisateurs, avec tout d’abord Sergio Leone, La Révolution du western, publié en 2024. L’auteur et illustrateur revient aujourd’hui avec un nouveau tome, Spielberg, aux Éditions du Rocher. À travers 192 pages foisonnantes, Ameziane retrace la vie et la carrière de l’un des cinéastes les plus influents de notre temps.
Un roman graphique foisonnant et accessible
Amazing Ameziane choisit d’ouvrir son ouvrage par un court avant-propos écrit, où il livre sa propre relation au cinéaste avant de céder la parole à Steven Spielberg lui-même. Dès lors, les 192 pages du roman graphique nous plongent dans le parcours de ce jeune passionné de cinéma devenu par la suite réalisateur de génie. Des Dents de la mer à E.T., en passant par Indiana Jones, Spielberg a façonné l’imaginaire collectif et redéfini le cinéma moderne. Mais Amazing Ameziane ne se limite pas aux grands divertissements populaires : il rappelle aussi la force de ses œuvres plus graves comme La Liste de Schindler ou Il faut sauver le soldat Ryan, qui font de Spielberg un artiste complet, capable d’émouvoir, de divertir et de faire réfléchir.
Le récit, mené à la première personne, adopte une progression chronologique depuis l’enfance du réalisateur. On y découvre ses influences, ses premiers pas dans le monde du cinéma, son premier long métrage et ses succès planétaires. Ameziane restitue les amitiés fondatrices avec George Lucas, Coppola ou Kubrick, les anecdotes de tournage et les thématiques obsédantes qui jalonnent sa carrière : les extraterrestres (Rencontres du troisième type, E.T.), l’Histoire et ses ombres (La Liste de Schindler, Il faut sauver le Soldat Ryan), les enfants, la judéité, ou encore le système judiciaire américain. À travers cette alternance entre blockbusters destinés au grand public et films plus sombres ou engagés, le roman graphique esquisse un Spielberg à la fois populaire et profondément personnel, toujours en quête d’un équilibre entre spectacle et réflexion.
Un travail graphique riche et expressif
Comme pour ses précédents ouvrages, Amazing Ameziane signe ici l’intégralité du projet : scénario, dessins, couleurs et design. Le lecteur est happé par des planches où l’image prend toute son ampleur. Doubles pages spectaculaires, compositions couvrant parfois les deux tiers d’une planche, encarts plus denses en texte… Le dispositif est varié : notes explicatives, bulles dialoguées, ou même silences éloquents où seules les illustrations parlent. La matière graphique domine l’ensemble, renforcée par des couleurs chaudes qui s’étalent sur un papier épais très agréable à manipuler. Le trait, précis et assuré, se prête aussi bien aux scènes intimes qu’aux séquences plus monumentales.
On retrouve ici un style immédiatement reconnaissable, nourri de ses influences revendiquées « 100 % comic-book ». Cela se traduit par un dynamisme constant dans le trait et une composition inventive : couleurs saturées, jeux de contraste, portraits réalistes qui permettent de reconnaître les personnages convoqués, sans que leurs noms ne soient indiqués. Ameziane fait confiance à la cinéphilie du lecteur, qui identifie de lui-même les visages familiers. L’humour pince-sans-rire s’invite régulièrement dans la narration, et si l’œuvre s’appuie sur des faits et des personnages réels, elle n’en demeure pas moins une fiction assumée, où certains dialogues ou réactions sont volontairement dramatisés. Le résultat est un mélange fluide et divertissant, qui confirme le talent d’Amazing Ameziane pour conjuguer rigueur documentaire et liberté artistique.
Un récit vivant au tempo maîtrisé
Le roman graphique adopte une progression par décennies, qui permet de parcourir toute la carrière de Spielberg sans jamais perdre le fil. Chaque période met en lumière les grands films qui en ont marqué l’histoire, les conditions de leur création et les collaborations qui les ont rendus possibles. On suit la genèse chaotique des Dents de la mer, la naissance d’Indiana Jones en collaboration avec George Lucas – jusqu’à l’invention du PG-13 par la MPAA pour Le Temple maudit – ou encore l’année charnière où Spielberg mène de front Jurassic Park et La Liste de Schindler. La construction souligne également les aspirations personnelles du cinéaste, son désir de fonder une famille et son attachement à la direction d’enfants. La mise en page variée et le rythme soutenu, toujours fluide, rendent la lecture addictive pour cinéphiles confirmés comme pour les simples curieux.
A travers les pages, Spielberg apparaît tel qu’il se décrit lui-même : obsédé par la fluidité et la lisibilité des scènes, avide de nouvelles technologies, toujours en mouvement et attentif à ne jamais laisser le spectateur sortir de la salle sans un sentiment de soulagement. Ses succès, ses échecs, ses incompréhensions avec la critique sont évoqués avec franchise, mais sans amertume : il affirme avoir eu la carrière qu’il souhaitait. Entre divertissement et réflexion, ses films révèlent une ambition claire – parler à tous, à travers des récits où l’imaginaire se mêle au réel. Le roman graphique, en captant cette tension, devient autant une fresque biographique qu’une célébration du septième art.
Avec Spielberg, Amazing Ameziane signe un roman graphique foisonnant, riche en anecdotes et en trouvailles visuelles, qui parvient à restituer à la fois la dimension populaire et la profondeur intime de l’un des plus grands cinéastes contemporains. Avec humour et un grand sens du détail, l’ouvrage séduira autant les passionnés de cinéma que les lecteurs curieux de découvrir la trajectoire d’un réalisateur universel. Et si l’on en croit la petite note humoristique de la quatrième de couverture, ce livre a toutes les chances de provoquer une irrésistible envie de se replonger dans l’intégralité de la filmographie de Spielberg – responsabilité dont les éditions du Rocher se déchargent malicieusement.