[Critique] Le Bon, la Brute et le Toudou – Tom Cox

image le bon la brute et le toudouTom Cox signe un livre carrément chatrmant

Si vous lisez cet article, c’est que vous surfez sur les Internets. Si vous surfez sur les Internets, alors vous êtes sûrement inscrits à un réseau social, voire plusieurs. Si c’est le cas, alors vous avez pu remarquer l’incroyable succès populaire d’un animal qui, il est vrai, possède sans aucun doute l’un des charmes naturels les plus prononcés du règne animal. Ces boules de poils, de toutes les longueurs et de toutes les couleurs, sont l’objet de vidéos visionnées des millions de fois, de quoi créer la jalousie chez les Youtubeurs, et sans même demander de droits d’image ! L’ancien « Chief Pop Critic » du Guardian, Tom Cox, fait clairement partie des adorateurs de ces petits félins, et le voilà qui signe Le Bon, la Brute et le Toudou, dont la couverture (un beau chat noir) ne laisse aucun suspens quant au sujet… du moins en apparence.

Le Bon, la Brute et le Toudou débute par une fin : celle d’une liaison amoureuse, sans pour autant qu’elle ne soit décrite frontalement. La finesse du style de Tom Cox nous surprend dès ce début, qui fait comprendre plus qu’il n’affiche ostensiblement. Cette séparation provoque plusieurs choix, dont celui de la garde des matous, qui sont quatre à devoir suivre l’un ou l’autre être humain qui composait le couple désormais révolu. Il y a Janet, un mâle bien affirmé qui porte son nom féminin comme un poids sur ses épaules. Ralph, un tigré du genre bavard, qui miaule bien fort son nom à des heures avancées de la nuit. Shipley, lui, est le bagarreur de la bande, même s’il raffole des papouilles sur le ventre. Et L’Ours, un véritable cas, intelligent comme rarement, dont les yeux semblent vous observer au plus profond de votre âme. Et tout ce petit monde va suivre l’auteur, dans sa vie de célibataire qui va tout de même voir sa situation évoluer au fil du temps.

Pas seulement un livre lolcats

Si l’on devait invoquer un roman afin de donner un exemple précis d’une œuvre qui se dévore, Le Bon, la Brute et le Toudou viendrait assez rapidement à l’esprit. Le style de Tom Cox, qui écrit à la première personne et, donc, procure une saveur très autobiographique à l’ensemble, est d’une fluidité continue. Il nous embarque dès les premières pages dans un cheminement bien moins superficiel qu’on pouvait le craindre en début de lecture. En effet, si l’on pouvait pressentir que lire les facéties de chats est un trip tout à fait prometteur, on se demandait s’il n’y avait pas des limites à ce concept. Et l’on a été très vite rassuré. Les petits félins sont évidemment présents tout du long, et donnent à cet ouvrage une sacrée personnalité, mais c’est bien de Tom Cox qu’il est question finalement. Sa méforme post-rupture, les amis et la famille qui l’entourent, et finalement une nouvelle copine… elle aussi amoureuse des chats. Tout est vécu avec une certaine tendresse, et une fraîcheur vivifiante.

Le Bon, la Brute et le Toudou est aussi très drôle, et les chats ne sont pas étrangers à ce constat. Là encore, on est satisfait du traitement que réserve Tom Cox à ces personnages à poils : oui, ils sont irrésistibles, charmeurs et drôles, mais l’humour n’est pourtant pas tout le temps recherché. Ce sont les situations qui emmène le rire, voire des instants maîtrisés, on pense notamment aux « 10 Chatmendements« , qui bouclent quarante premières pages décidément très réussies. La suite l’est tout autant, et le rythme se définit très clairement : un chapitre de composition pure, puis un autre qui a plus recours à d’autres formes de narrations, notamment en faisant appel à des photos (en noir et blanc). Cette cadence fonctionne tout du long, fait que l’on tourne les pages à une vitesse assez folle. Le Bon, la Brute et le Toudou fera le bonheur des amoureux du chat, et ravira aussi celles et ceux qui recherchent une lecture légère mais pas bêbête. Efficace, donc.

Le Bon, la Brute et le Toudou, un livre écrit par Tom Cox, traduit par Claire Allouch. Aux éditions Hauteville (Bragelonne), 255 pages, 14.90 euros. Sortie le 15 mars 2017.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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