article coup de coeur

[Critique] La Horde du Contrevent T 1 – Éric Henninot

Caractéristiques

  • Auteur : Éric Henninot, Gaëtan Geaorges
  • Editeur : Delcourt
  • Collection : Neopolis
  • Date de sortie en librairies : 18 octobre 2017
  • Format numérique disponible : Oui
  • Nombre de pages : 80
  • Prix : 16,95€
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 9/10

Un choc à ne rater sous aucun prétexte

image delcourt horde du contrevent
© Delcourt

Attention, la bande dessinée que nous abordons là est du genre à créer l’attente, car elle adapte l’un des meilleurs romans français de la dernière décade. La Horde du Contrevent, ouvrage signé par Alain Damasio, a laissé de somptueuses empreintes, non seulement dans le genre de la fantasy, mais aussi au sein de la littérature hexagonale (et, on peut l’écrire, mondiale). On vous en chanterait les louanges longtemps, si cet article lui était destiné, mais même sans trop s’y attarder on ne peut que vous conseiller de découvrir au plus vite ce livre, si ce n’est déjà fait. Vendue à plus de 150 000 exemplaire, cette œuvre a su créer un tel retentissement qu’on pouvait imaginer que d’autres mediums allaient s’emparer de sa substantifique moelle. Ici, c’est le neuvième art qui se lance, avec Éric Henninot (Carthago) aux commandes, et Gaëtan Georges (Les 7 merveilles) aux couleurs.

Après une formation impitoyable, et alors qu’ils étaient encore enfants, ils ont quitté Aberlaas, la cité des confins. Leur mission : marcher d’ouest en est jusqu’à atteindre l’Extrême-Amont, source mythique du vent qui balaye leur monde jour et nuit, sans trêve ni répit. Ils sont la 34e Horde du Contrevent. Golgoth ouvre la marche derrière lui, Sov, le scribe, sur les épaules duquel l’avenir de la Horde tout entière va bientôt reposer…

« On ne juge pas la valeur d’une adaptation à sa fidélité au support original, on la juge à la qualité de sa trahison« . Dans la préface qu’il signe, Alain Damasio couche ces quelques mots. On les appuie sans retenue. Deux point de vue se chamailleront sûrement, avec la sortie de La Horde du Contrevent Tome 1, sous-titré Le Cosmos est mon campement. Celles et ceux qui ont lu le livre, et porteront avec eux l’image aussi précise que subjective de l’univers, qu’ils se sont heureusement appropriés. Ces lecteurs seront peut-être parmi les plus bruyants (sans ne faire aucune généralité), mais d’autres seront aussi invités à la fête : les aventuriers. Celles et ceux qui seront attirés par la renommée du roman, ou même la simple beauté de la couverture (oui, ces baroudeurs existent encore). Et eux, ils ne se demanderont pas si la représentation de Golgoth est fidèle à leur imagination. Dès lors, on ne peut que prendre un certain recul, tout en veillant à ce que le récit soit à la hauteur.

Première constatation : La Horde du Contrevent Tome 1 unifie les points de vue. C’est clairement compréhensible, de par le besoin d’une structure cohérente, qui ne perd pas de temps à replacer continuellement la situation. Le narrateur est Sov, le scribe de la trente-quatrième Horde du Contrevent, dont nous allons suivre le récit. Le tout début de ce volume était attendu, notamment car il fallait, selon votre dévoué serviteur tout du moins, trouver un bon équilibre entre la description et le rythme. La première page est déjà d’une importance capitale : elle commence à démontrer que le très doué Éric Henninot a les épaules assez larges pour l’un des plus grand défi qui l’attend : représenter le vent, sa menace, son implacabilité. Puis, les personnages, enfants, rentrent en scène, juste avant leur départ, à Aberlaas. Ils prennent la direction du légendaire Extrême-Amont, où les flux trouvent leur source. En quelques pages, l’auteur et dessinateur fait mouche, et l’on sait que l’œuvre d’origine est entre de bonnes mains. On ressent les différents protagonistes. Leur caractère, leur apparence, on se les approprie, et ils ne nous quittent plus.

Des images qui vous hanteront longtemps

image bande dessinée horde du contrevent
© Delcourt

Après ces débuts très prometteurs, La Horde du Contrevent Tome 1 se devait de confirmer sur d’autres éléments. Seconde constatation : Éric Henninot a compris l’ouvrage sur lequel il s’appuie. Cela a l’air d’une évidence, mais on pouvait craindre bien des choses. Heureusement, les vents se ressentent, de manière assez violente et durable. Il s’est passé vingt-sept ans depuis le départ d’Aberlaas, et l’on retrouve le groupe, sous le joug des flux incommensurables. La horde fait face, subit mais domine ses efforts, lesquels sont rendus avec une dureté qui nous coupe le souffle. Le vocabulaire utilisé est développé, parfois quasiment mystique (les lecteur du roman savent à quel point c’est important). Il fait partie, indéniablement de ce qui construit ce sentiment d’effort que procure la marche de ce groupe : ce qui est aussi minutieusement organisé ne peut l’être que face à une adversité colossale.

Et l’adversité, il y en a, dans le monde de La Horde du Contrevent Tome 1. Troisième constatation : l’univers provoque des sensations que le lecteurs ne peut oublier, même après la lecture. Point de spoil par ici, sachez seulement que les abrités, regroupés en villages, sont croisés, notamment au détour d’un passage qui démontre avec force le danger qui guette, constamment, frappant de manière mortelle dès que la garde se baisse. Plus tard, on aura droit à un véritable choc : le Furvent. Vous vous plaignez de vos courants d’air, attendez de découvrir cette bourrasque titanesque. On en a encore la chair de poule. Le récit, lui, avance bien, en sachant se concentrer sur ce qui provoque de l’intérêt narratif direct. La poésie du verbe est bien soutenue par une mise en scène lyrique, des représentations de toute beauté. On pense à la discussion entre Coriolis et Sov, sur la fragilité de la situation alors qu’un personnage important est mal en point. En fond, un ballet de formes de vie fantastiques (dont nous vous laissons le plaisir de la découverte) donne l’occasion d’une case mémorable.

La Horde du Contrevent Tome 1 nous a laissé pantois, il s’agit certainement de l’un de nos plus grands coup de cœur de cette année 2017, toute catégorie confondue. Les dangers étaient multiples, ils ont tous été évités du mieux possible. Tout, des dessins envoûtants et gracieux (chapeau aussi aux couleurs subtiles de Gaëtan Georges, qui donnent aussi vie à cet univers), à l’écriture subtile des dialogues, nous fait écrire qu’on tient là un indispensable de la bande dessinée. Une énorme satisfaction, bien accompagnée d’une très belle édition, signée Delcourt, dans un format qui permet des représentations imposantes. On redoutait le pire, on a découvert le meilleur.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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