Caractéristiques
- Auteur : Élise Ducamp
- Editeur : Nanika
- Date de sortie en librairies : 22 mars 2018
- Format numérique disponible : Non
- Nombre de pages : 176
- Prix : 14,50€
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- Note : 8/10 par 1 critique
Apprendre le Pays du Matin Calme
On dit la France très ouverte aux différentes cultures asiatiques, et c’est au moins à moitié vrai dans les faits. L’Hexagone est, ainsi, le deuxième pays consommateur de mangas au monde, de multiples salons rendent hommage à une certaine culture nippone un peu geek, pas spécialement du pays profond. Vous aurez aussi remarqué qu’on a un peu tendance à résumer l’Asie au Japon, à la Chine, tandis que la myriade d’autres nations qui constitue ce gigantesque territoire passe un peu à la trappe. Notamment la Corée du Sud (la Corée du Nord, elle, se contente de n’être abordée que sous le prisme politique, et c’est bien dommage), qui nous paraît à la fois proche et lointaine. En effet, on a tous vu au moins un film en provenance du Pays du Matin Calme, on pensera obligatoirement à Old Boy ou The Host, The Strangers, pour ne citer que les plus connus. Aller, au mieux, vous avez déjà mangé du kimchi, voire êtes passés dans un barbecue coréen ou possédez un livre de cuisine spécialisé. Mais au-delà de ce début de connaissance, pas si superficielle mais largement incomplète, se cache une culture fouillée. C’est ce qu’Élise Ducamp, avec l’ouvrage Quelque Chose de Corée du Sud, aux éditions Nanika, se propose de nous faire découvrir.
On pourrait résumer Quelque Chose de Corée du Sud à un petit livre de voyage, que l’on emporte au fond d’une valise sans ne jamais le sortir au final. Rien n’est plus erroné. L’ouvrage ici abordé est destiné à deux publics. Celui qui a effectivement envie de découvrir le pays de visu, qui se prépare à un sacré trip et qui voudrait parfaire ses connaissances de manière complète mais détendue. Mais aussi celui qui se passionne pour ce pays, qui du coup sait à quel point celui-ci renferme des secrets culturels, des codes bien précis. Les deux sont à bon port, tant ce livre atteint son but. Tout commence par une introduction courte mais intense, dans laquelle l’auteure livre les raisons de son travail. Une phrase nous paraît parfaite pour bien les résumer : « C’est un guide sur les Coréens, leur manière d’être et de voir les choses, comment ils se considèrent, ce qu’ils ont vécu et ce qu’ils sont entrain de vivre, ce en quoi ils croient mais aussi ce qu’ils ne comprennent pas ». On ne peut pas faire plus clair. Aussi, Elise Ducamp justifie son choix de transcrire la langue « comme on l’entend », par le besoin effectivement primordial de se faire comprendre par le plus grand nombre.
Un tour d’horizon culturel précis et agréable
Dans la structure, l’auteure livre un ouvrage très chiadé, et cohérent avec son objectif initial. Quelque chose de Corée du Sud se divise en cinq grands chapitres : Histoire & Traditions, Art & Culture, Kimchi & Soju, Religions & Croyances, La Corée au quotidien. Des grands sujets globaux, qui sont ensuite fouillés par des sous-chapitres beaucoup plus précis. La formule est évidemment usitée, mais elle fonctionne parfaitement, de par la matière qu’Élise Ducamp nous procure. Des racines, mythologique ou établies, du pays, jusqu’à l’arrivée prochaine de la 5G (vous allez prendre un coup de vieux, avec votre iPhone 4G), en passant par les racines de la littérature, la toute-puissance du bap (le riz cuit) ou le chamanisme, on aborde des sujets importantissimes, de manière à la fois fun et précise. On apprécie tout particulièrement les petites rubrique, comme Savoir, Voir, Fun fact et autres, qui apportent une sorte de petite histoire dans la grande, en opérant un focus bienvenu. Aussi, l’auteure fait le choix d’un style que l’on qualifiera de proximité, pas vraiment de vulgarisation mais un accompagnement par la bonne humeur. Donc, n’ayez pas peur d’une sobriété trop poussée, qui accouche d’un résultat finalement austère : ce n’est pas le cas.
Quelque Chose de Corée du Sud a su nous apprendre bien des choses, alors même que votre humble serviteur ne projette pas de visiter ce territoire, du moins dans un avenir proche. Mais l’attirance, naturelle s’en trouve bonifiée, on pense à la culture, l’envie de réellement découvrir cette littérature si attirante, comme le poète Kim Chi-ha. Aussi, tous les passages à propos des bonnes manières à la coréenne sont à chaque fois de véritables plaisirs à découvrir, tant le dépaysement est prononcé. On s’imagine souvent le pays comme un mix entre le Japon et la Chine, et cette certitude prend un coup derrière l’oreille. Quant aux pages sur la cuisine, elles sont tellement croustillantes qu’on se prend à rêver de vivre, au moins un e fois, un repas typique. Pas que pour le fait qu’on en salive d’avance, mais aussi dans le but d’observer tous ces codes, ces comportements à s’imposer afin de ne pas manquer de respect aux convives. Au final, voilà une œuvre bien passionnante, qui évite d’être trop didactique en se concentrant sur les besoins du lecteur.