Caractéristiques
- Auteur : Hideo Yamamoto
- Editeur : Delcourt Tonkam
- Date de sortie en librairies : 14 mars 2018
- Format numérique disponible : Non
- Nombre de pages : 216
- Prix : 7,99€
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- Note : 8/10 par 1 critique
Un premier tome en forme de coup de foudre
Hikari-Man, qui paraît aux éditions Delcourt Tonkam (Infection, Die & Retry) est un manga intéressant à plus d’un titre. Le Japon a cela de passionnant que sa population a digéré le progrès technologique, tout en restant très en contact avec leur réalité naturaliste. Mélange de culture millénaire et d’apport moderniste, le pays doit certes composer avec des crises souvent gravissimes (Fukushima, suivi d’une crise environnementale et économique, pour ne citer que la plus récente), il réussit tout de même à sauvegarder son modèle civilisationnel. Cela est aussi dû au travail des artistes, certains n’hésitant pas à se produire dans un courant contestataire, sans pour autant verser dans le grand n’importe quoi faussement révolutionnaire, comme sous nos latitudes. L’auteur, Hideo Yamamoto (Ichi The Killer, qui donnera le fameux film de Takashi Miike), est l’un de ces mangakas capables de penser une œuvre profondément critique de la société nippone, tout en drapant le résultant d’un fun très marquant.
Cela se vérifie dès ce premier tome d’Hikari-Man. L’histoire prend place dans un univers moderne et réaliste, et plus particulièrement au sein du quotidien d’un étudiant japonais très geek sur les bords. Avec sa coupe au bol et son air de poussin tombé du nid, Hikari Shirochi a tout pour devenir le souffre-douleur des voyous de sa classe. Tout de suite, on sent la patte précise de Hideo Yamamoto : il n’est pas question d’un harcèlement jouant la carte du cliché. Non, le récit s’installe dans la modernité, et après les campagnes successives contre les comportements scolaires violents. Lesquelles, d’ailleurs, ne parviennent pas à endiguer ce bien triste phénomène. Alors, la tête de turc se prend des coups certes, mais non sans que les agresseurs fassent attention à ne pas laisser de marques. Cela ne remet pas en cause la passivité des professeurs et de l’entourage des enfants pris dans cet enfer, bien entendu. Cette exactitude démontre que le récit à quelque chose à nous dire, au-delà du destin héroïque de son personnage principal.
L’étudiant harcelé tiendra-t-il sa revanche ?
Après une introduction qui nous replace l’importance de l’électricité dans nos civilisations modernes, Hikari-Man va profiter de son contexte pour lancer une image typique du looser destiné à de grandes responsabilités. Car la spécificité de l’étudiant est de produire de grandes doses d’électricité statique, de manière si intense qu’il en fait des malaises, ce qui ne fait qu’ajouter à l’irrespect de ses camarades. Est-ce parce que sa chambre est un véritable refuge de nerd, où le garçon fabrique ses propres PC, à partir de pièces d’occasion ? Toujours est-il que, un soir, il trébuche dans son foutoir et se prend un grand coup de jus. Ce sera là le début d’aventures folles, qui prennent rapidement des airs de super-héros à la japonaise, à la sauce vengeance. Car, alors qu’il peut se déplacer via les lignes à haute tension, ou faire preuve d’une force surréaliste, son premier besoin est de remettre certaines pendules à l’heure. Et on peut le comprendre.
On aurait pu penser, ou redouter, que Hikari-Man s’enfonce dans cette voie ouverte du super héros un peu bas du front, en ne se démarquant pas assez des modèles américains. Rassurez-vous, ce n’est pas le cas, le récit vous réserve quelques surprise, parfois bien abruptes. Le réalisme est évidemment oublié face aux problématiques, qui se forment face à la nouvelle condition du personnage principal. Mais Hideo Yamamoto n’oublie jamais que la réalité ne doit pas être écartée définitivement. Elle fera son grand et cruel retour, mais on n’en écrira pas plus. Tout cela construit une histoire qu’on dévore à grande vitesse, jusqu’à un final en forme de préparation à un second tome qui devrait confirmer ces bonnes impressions initiales. Pour finir, signalons que le dessin du mangaka parvient à rendre compte du caractère des âmes qui habitent ce récit. Il n’hésite jamais à pratiquer le gros plan, afin de bien cadrer une certaine folie des hommes, et ça fonctionne… du tonnerre.