Un manga attendrissant et paisible
Qu’il est loin le temps où l’on associait un peu bêtement la culture manga à des histoires uniquement rocambolesques et énergiques, souvent pour les plus ou moins petits garçons. L’explosion de l’offre manga en France, qui a retentit au début des années 2000, nous a prouvé que bien des mangakas se produisaient dans des genres plus propices à d’autres traitements, d’autres histoires et, notamment, des tranches de vie dessinées du plus bel effet. Bref, « armé » d’un système de classement très précis (shojo, shonen, seinen, josei, ecchi, redisu, on en passe et des meilleurs), la bande dessinée japonaises aime à varier les styles, les saveurs, et avec ce premier tome de Carnet de Chats on donne, comme le laisse entendre le titre, dans le témoignage félin.
Carnet de Chats T1 nous prouve que chacun de ces adorables petits félins a son but dans la vie, ou une passion à assouvir. Nous autres pauvres humains beaucoup trop terre-à-terre sommes bien ignorants de tout ce qui peut se passer dans leur petite tête. On se surprend à les envier, parfois les plaindre, être attendris, mais en tout cas, ces boules de poils ne nous laissent pas indifférents. À travers chaque chapitre, c’est une nouvelle page du journal intime d’un chat que le lecteur découvre, et nous allons voir que les matous ont bien des choses à nous raconter.
Carnet de Chats T1 se présente donc comme un recueil d’histoires, chacune prenant la forme d’un chapitre dédié et intitulé par le nom du matou qui se trouvera être le sujet principal du court récit. Kotetsu, Nazu, Nodoka et cinq autres pour, au total neuf chapitres (la super mignonne Ponta est le sujet de deux histoires) de pur bonheur. Voilà un manga bourré de belles émotions et qui, on en est sûr, ravira les amoureux de ces animaux si charismatiques. Yumi Ikefuji s’attache non pas à du « sensationnalisme », mais à décrire des tranches de vie féline du point de vue de l’animal, et c’est particulièrement réussi. L’auteure de Carnet de Chats T1 tente de déceler ce qui se cache dans les pensées de ces boules de poils craquantes, et même si le tout reste évidemment romancé, voir fantasmé, on ne peut s’empêcher de penser qu’elle décrit avec justesse certaines réactions. On pense notamment à la première histoire de Ponta, un chat qui n’aime rien de mieux que se prélasser sur un meuble en bois usé et frais. Ou encore à celle de Noël, certainement la plus mignonne, qui nous présente un petit animal tout craintif, qui vient de se trouver de nouveaux maîtres et n’arrive pas encore à s’ouvrir.
Neuf chat-pitres de bonheur
il faut bien avouer une chose : on n’avait jusqu’ici jamais entendu parler de Yumi Ikefuji, une mangaka complète qui travaille aussi bien ses scénarios que ses dessins. Carnet de Chats T1 est sa première œuvre à paraître sous nos latitudes, et l’on est tout simplement tomber sous le charme de son écriture qui trouve le juste équilibre entre phrases concises et répliques rigolotes. Les dessins, quant à eux, sont aussi de l’ordre de la réussite. Mis à part une poignée de cases que l’on a peut-être trouvé un peu trop shojo, le tout donne dans la description expressives mais jamais excessive. L’auteure trouve le trait juste pour bien rendre l’impression de mouvement, la grâce féline qui nous rend toutes et tous accrocs à ces adorables animaux. Un véritable plaisir des yeux.
Au final, Carnet de Chats T1 est une très agréable découverte, et l’on est impatient de découvrir la suite (trois tomes sont sortis au Japon pour le moment). Ça et là, l’auteure nous laisse des petites pensées, des digressions sur son état d’esprit quand elle écrivait ce manga. On en retient une particulièrement, au tout début, qui indique que, selon l’auteure, cette BD japonaise devrait idéalement être un moment de calme, de détente dans notre vie. On peut la rassurer : c’est exactement comme cela qu’on l’a vécu…
Carnet de Chats T1, écrit et dessiné par Yumi Ikefuji. Aux éditions Soleil Manga, 192 pages, 6.99 euros. Sortie le 14 septembre 2016.