Caractéristiques
- Auteur : Douglas Preston
- Editeur : J'ai Lu
- Date de sortie en librairies : 7 septembre 2016
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 504
- Prix : 8€
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 7/10 par 1 critique
Un techno-thriller efficace et divertissant
Il y a des auteurs, parfois moins connus que les nababs habituels, que l’on a un plaisir non dissimulé à retrouver. C’est sans doute le cas de Douglas Preston, écrivain s’inscrivant dans la « littérature de genre », et dont le vécu réel en fait un véritable aventurier. Co-auteur de cycles de belle qualité, on pense évidemment à Pendergast (avec Lincoln Child), l’écrivain est tout autant féru d’archéologie que de technologie. Avec Le Projet K, sorti tout récemment en format poche chez J’ai Lu (L’espionne, La vie enfuie de Martha K.) c’est cette seconde passion qui est mise en avant.
Le Projet K s’intéresse de près à la NASA, alors que l’organisation s’attelle à la construction d’une sonde spatiale d’un nouveau genre. Véritable fleuron technologique, cette mission est dédiée à l’exploration de la mer de Kraken, la plus large étendue d’eau de Titan, l’une des lunes de la planète Saturne. La sonde ne pouvant être pilotée par un être humain, elle est équipée d’une intelligence artificielle de pointe, laquelle se nomme Dorothy et est développée par une scientifique douée du nom de Melissa Shepherd. Seulement, alors que les phases de tests battent leur plein, des erreurs de calcul provoquent un grave accident et une situation très alarmante : Dorothy réussit à s’échapper par Internet. Hors de contrôle, il se pourrait bien que ses intentions ne soient pas du tout amicales…
On l’aura rapidement compris, Le Projet K est l’occasion, pour Douglas Preston, d’émettre des réserves quant à l’utilisation forcenée du principe d’intelligence artificielle. Et, pour aller un peu plus loin, c’est même le concept d’Internet qui est dans le viseur de l’auteur. Non pas qu’il soit fermé à ce sujet, bien au contraire, mais on sent une crainte du manque de maîtrise. Ce thème traverse le roman, se fait parfois présent au tout premier plan, mais sait aussi s’effacer quand Douglas Preston se doit de donner au lecteur une bonne dose de cyber-thriller en bonne et due forme. Et, qu’on se le dise, cette prérogative est bel et bien respectée.
Une traque palpitante sur Internet
Car, bien vite, Le Projet K fait intervenir un ancien agent de la CIA nommé Wyman Ford, un personnage récurrent de l’univers Preston, déjà croisé dans T-Rex, Credo : le dernier secret et Impact. Appelé en renfort, il va épauler Melissa, mal en point après l’accident déclencheur de la fugue de Dorothy, dans cette enquête palpitante. Les personnages sont, par ailleurs, bien écrits, surtout Melissa que l’on réussit à bien cerner tant sa crédibilité est infaillible. Anciennement ado (très) rebelle, la scientifique a beau avoir un bon gros casier judiciaire et un caractère encore bien trempé, elle n’en est pas moins une femme accomplie et son évolution, au fil de la trame, est une réussite.
Bien évidemment, en lisant Le Projet K on pense parfois au HAL 9000 de 2001, l’odyssée de l’espace. Mais on ne sent jamais une véritable référence à l’intelligence artificielle du film de Stanley Kubrick, et ce car l’intrigue plonge dans le thriller, voire même dans la course-poursuite la plus captivante. Dans les méandres d’un Internet décrit comme un décorum cauchemardesque, Dorothy erre, se questionne, est témoin de la folie des hommes, et va passer à l’acte. Hors de contrôle, elle s’attaquera à ce qu’elle considère comme des humains infréquentables. Tout le suspens se trouve là, car l’intelligence artificielle a le moyen de frapper fort, très fort, et met en danger la planète entière.
On le voit, Le Projet K ne manque pas de panache dans son intrigue purement divertissante et, si quelques longueurs se font sentir, notamment dans certains dialogues, le rythme est assez soutenu pour éviter un essoufflement malvenu. Attention cependant, car il n’agit pas non plus d’un roman de gare : certains passages sont même très bien documentés, et si l’on est loin de la hard SF à la David Brin il faudra tout de même s’accrocher un minimum. De ce fait, Le Projet K se vit comme une aventure complète, un techno-thriller que l’on suit avec un plaisir de quasiment tous les instants.