Une nouvelle anthologie d’aventures récentes
Les éditions Glénat continuent la publication de la série Disney italienne Fantomiald avec ce tome 3, Fantomiald court toujours, paru le 31 août dernier dans la collection Les Grandes Sagas Disney. Comme dans précédent volume, on retrouve 7 aventures relativement récentes du justicier masqué réparties sur un peu plus de 200 pages.
Comme pour les deux premiers tomes, cette anthologie est en réalité constituée en majeure partie de bandes-dessinées réunies dans les hors-séries de Mickey Parade Géant, ici les HS n°6 et 7, et complétées par une histoire publiée en 2011 et absente des numéros spéciaux, « Le grand sommeil ». Les fans du Fantomiald antérieur aux années 90 seront donc une nouvelle fois déçus, bien qu’une publication d’aventures plus anciennes ne serait pas à exclure lors d’un prochain volume, si l’on en croit ce qu’avait déclaré l’éditeur à la parution du tome 1, à savoir que cela dépendra avant tout de la demande (et donc du succès) autour des albums, puisque retrouver et restaurer les BD demanderait plus de temps et d’argent. L’intégrale Carl Barks étant encore en cours, avec la parution du tome 21 de La dynastie Donald Duck ce mois-ci, sur un total de 24 volumes (retrouvez notre critique du tome 20), on peut avancer sans trop de risques que cela a peu de chances de se produire avant la fin de cette série.
Mais, si l’on pourra toujours accuser le groupe Hachette de paresse pour l’assemblage de ces albums, qui ne constitueront pas une découverte pour les collectionneurs déjà en possession des hors-séries, il n’en demeure pas moins que ce nouveau volume des aventures de Fantomiald est toujours aussi plaisant à lire pour qui a grandi avec les diverses publications Disney telles que Le Journal de Mickey, Picsou Magazine et Mickey Parade Géant. L’univers de Fantomiald (qui n’est autre que Donald déguisé en justicier masqué, rappelons-le) s’est certes considérablement modernisé, avec l’apparition de références à Internet et la haute technologie, qui imprègnent dorénavant les histoires là où les inventions de Géo Trouvetou possédaient autrefois un charme désuet — toujours présent, ceci dit — mais l’esprit propre aux histoires des auteurs italiens demeure, avec plus ou moins d’impertinence d’une BD à l’autre.
Un volume plus cohérent, avec une inspiration comics et SF très présente
Le point le plus polémique, finalement, est qu’au fil des ans, Fantomiald s’est rapproché de PowerDuck, son alter-ego américain apparu en 2002, et dont les aventures sont en grande partie inspirées de l’univers SF des super-héros américains, avec notamment l’intervention d’extraterrestres. Pas de martiens ici cependant, mais les lecteurs auront l’occasion de voir le super-magicien Canarnova utiliser son pouvoir de téléportation (« Magie en eaux troubles », 2008), Picsou se faire kidnapper et enfermer dans une autre dimension (« Perdu dans l’autre dimension’, 2011), Fantomiald être dupliqué et dématérialisé à cause de la chute d’une météorite (« Le jour où Fantomiald a affronté Fantomiald », 2008), affronter des méchants ayant accéléré le cours du temps (« Fantomiald et les voleurs de temps », 2011) ou encore être plongé dans ce qui semble être une réalité parallèle (Le Grand Sommeil », 2011). Seule la dernière histoire (« Association de malfaiteurs », 2012) ressemble à une aventure « à l’ancienne », sans l’entremise (ou presque) de la haute technologie, malgré une inspiration certaine de l’univers comics, où les super-vilains, comme les super-héros, n’hésitent pas à se réunir pour mieux frapper.
Cette dimension comics était déjà bien présente dans les précédents volumes publiés en 2014 et 2015 : on se rappellera, par exemple, que le héros se retrouvait déjà prisonnier d’un futur alternatif dans « Fantomiald et le futur imparfait » présent dans le tome 1. Mais, alors que ces anthologies étaient assez hétéroclites du point de vue des histoires réunies, ce tome 3 est sans doute le plus cohérent par la permanence de cette influence comics souvent baignée de SF. Influence que l’on retrouve même, dans une moindre mesure, dans la bande-dessinée de 1993 qui ouvre ce volume, « Fantomiald contre le perfide Perfidus », puisque le clochard Père Fougnousse s’y métamorphose en redoutable Perfidus suite à une réaction chimique.
Des intrigues pertinentes et des dessins plaisants
Les différentes histoires choisies sont divertissantes et plaisantes à lire. Donald est certes peut-être un peu trop futé comparé à ses aventures traditionnelles, avec un pouvoir de déduction qui serait d’habitude plus volontiers attribué à ses neveux ou bien à Mickey, mais le tout fonctionne bien et la manière de détourner les codes des comics et ses intrigues technologiques pour les intégrer à l’univers Disney est parfois très inspirée. On accordera ainsi une mention spéciale aux premières pages de « Fantomiald et les voleurs de temps », qui tournent ingénieusement en dérision la rapidité croissante avec laquelle les produits de consommation, qu’ils soient culturels ou technologiques, sont considérés comme désuets, puisqu’une nouvelle version, plus performante et attractive, en chasse toujours bien vite une autre. Au point qu’un Blu-Ray soit déjà épuisé avant même sa sortie officielle à cause du système de pré-commande ! A travers des histoires comme celles-ci, les auteurs savent tirer parti au mieux de cette évolution de l’univers des publications Disney pour proposer des intrigues pertinentes, tout aussi plaisantes pour les enfants que les adultes.
On appréciera aussi le dynamisme des dessins, notamment des premières planches, qui servent en quelque sorte « d’affiche » à chacune des histoires et sont souvent très inspirées. Côté édition, on restera globalement sur les mêmes observations que pour les deux premiers tomes : les couleurs et l’épaisseur du trait varient sensiblement d’une aventure à l’autre, ce qui dénote un manque d’harmonisation entre ces BD publiées entre 1993 et 2012, tandis qu’un très léger crénelage peut être observé par endroits. Rien de vraiment criant encore une fois : un enfant ne le remarquera pas et les lecteurs adultes auront quant à eux une édition de qualité satisfaisante (avec une belle couverture rigide et un papier épais) à ajouter à leur collection. On regrettera néanmoins que le petit dossier introductif présent dans les tomes 1 et 2 soit cette fois-ci absent. Quelques informations supplémentaires sur la série, ses personnages et son évolution auraient été appréciables.
Fantomiald, tome 3 : Fantomiald court toujours ! de Disney (Collectif), Glénat, sortie le 31 août 2016, 216 pages. 18,95€