Une histoire puissante dans une Amsterdam envahie par le régime nazi
Quand on aborde l’épouvante nazie et la Hollande, on pense bien évidemment à l’un des livres les plus importants de notre temps : Le Journal D’Anne Frank. Loin d’être un poids, on n’écrit jamais assez sur un tel sujet, voilà que l’auteure américaine Monica Hesse, notamment journaliste au Washington Post, décide de se lancer, avec Une Fille Au Manteau Bleu, dans une histoire qui fait figure de contrepoint au point de vue dramatique de la petite juive allemande.
Une Fille Au Manteau Bleu prend place en 1943, dans une Amsterdam envahit par l’horreur nazie. Hanneke parcourt la ville hollandaise afin d’aider les gens, notamment en leur ramenant des marchandises du marché noir. Un jour, une femme lui fait une demande qu’elle n’avait jamais reçu jusqu’ici : retrouver une jeune fille juive qu’elle cachait chez elle, et qui a mystérieusement disparu. Comme seules indications, l’adolescente portait un manteau bleu avant qu’elle ne s’évanouisse dans la nature. Et son nom : Mirjam Roodvelt. Hanneke va, dès lors, rentrer en clandestinité afin de rechercher la jeune fille. Une enquête qui va lui faire découvrir des réseaux dissimulés d’entraide aux familles juive, et la participation de personnes dont elle n’aurait jamais imaginé le courage. Seulement, Mirjam est toujours introuvable…
Une Fille Au Manteau Bleu est un roman qui allie avec talent noirceur et suspens, dans un récit en forme d’enquête haletante et dramatique. La problématique est évidemment captivante de par la nature réaliste des enjeux, on sait dans quelle cruauté évoluent les personnages et, donc, les dangers qui les guettent. L’histoire a, donc, le pouvoir de captiver notre attention en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, très bien aidée par une écriture du personnage principal très réussie. Hanneke est une jeune femme telle qu’on peut très bien se l’imaginer lors de la Seconde Guerre Mondiale : en souffrance bien sûr, mais aussi en recherche de sa propre voie, de sa place dans ce monde en pleine asphyxie. L’auteure Monica Hesse réussit très bien à nous la rendre palpable, et la lecture n’en est que plus palpitante.
Le récit, les personnages, Une Fille Au Manteau Bleu est aussi une belle réussite du côté du style de son auteure. Commencer ce livre, c’est l’assurance de le dévorer à grande vitesse. Le style très fluide, la très bonne écriture des différents personnages, la gestion du suspens qui ne fait jamais trop dans le spectaculaire, on a tourné les pages sans s’en rendre compte. L’atmosphère en sort grandie, et les différents thèmes (le rapport au passé, notamment) n’en sont que plus solides. Le fait que le récit nous fasse beaucoup penser à une sorte de contrechamps du Journal D’Anne Frank est loin d’être innocent dans ce beau succès : vous constaterez que certains passages vous couperont le souffle. La toute fin tire, elle, du côté du genre policier, et la conclusion sait se faire à la fois étonnante et marquante. Au final, Une Fille Au Manteau Bleu est un livre sombre, dur, bien documenté donc respectueuse, donc nécessaire.
Une Fille Au Manteau Bleu, un roman de Monicaz Hesse. Traduction par Anne Krief. Aux éditions Gallimard Jeunesse, 352 pages, 16 euros. Dès 13 ans. Sortie le 27 octobre 2016.