Sous le compost, publié chez Fleuve Éditions, est le premier roman de Nicolas Maleski et, pour ce premier essai, l’auteur n’a pas choisi la facilité : une histoire tournant autour de l’adultère, où l’écologie occupe également une très grande place. Cette alliance est-elle concluante ?
Les conséquences d’une rumeur
Franck Van Penitas est un homme au foyer qui n’a rien de désespéré : entre son potager qu’il décrit lui-même comme « une micro-agriculture-vivrière-intensive » et ses trois filles, ses journées sont bien remplies. D’un naturel plutôt solitaire, il vit très bien de s’être installé à la campagne pour suivre son épouse Gisèle, vétérinaire de campagne qui a pris un poste d’associé dans la clinique du coin. Leur quotidien est bien rôdé, Monsieur s’occupe des enfants, de l’école et de la maison, tout en allant de temps en temps boire un verre avec le propriétaire du bar local, tandis que Madame passe de longues journées en visite dans les fermes. Tout semble parfaitement en place de façon à ce qu’il soit heureux jusqu’au jour où Franck reçoit une lettre anonyme lui annonçant que sa femme le trompe.
Pas une information de plus, ni un indice sur l’amant. Ce mot n’aurait pas forcément eu de conséquences si Valérie, la femme d’un associé de la clinique, n’avait pas elle aussi dit à Franck qu’elle avait vu un message très explicite entre les deux collègues. D’un naturel taciturne et placide, l’époux trompé va décider de jouer dans la même cour que sa femme et cherche donc avec qui il pourrait entretenir une liaison : son choix va logiquement se porter sur l’épouse bafouée qu’est Valérie. Mais très vite, il va se rendre compte qu’il est quelque peu dépassé par la tournure de leur liaison et les événements extérieurs ne vont pas améliorer les choses…
Un personnage oscillant entre sympathie et antipathie
Cela fait plusieurs années désormais que les héros de films, séries ou livres ne sont plus cantonnés à des rôles de gentils visant susciter l’empathie du plus grand nombre. Le succès de séries comme Dr House montre que malgré le cynisme ou la froideur, un personnage peut ne pas être linéaire. Franck Van Pénitas fait partie de ce que certains qualifient d’anti-héros : mari aimant, il n’hésite pourtant pas longtemps avant de tromper sa femme sur une dénonciation anonyme. Plutôt que de parler avec elle ou d’enquêter, il choisit de faire de même, presque comme si c’était le signal qu’il attendait pour satisfaire ses envies. De ce point de vue, le personnage n’est pas forcément des plus aimables et pourtant, il n’est pas non plus dénué de bons côtés : sa façon de s’occuper de ses filles, sa passion pour le jardinage qui confine à l’obsession, ses réflexions cyniquement drôles… Plusieurs traits apportent une dualité qui rend ce personnage humain, tout simplement.
Une fin abrupte
Alors que tout le roman est centré sur les adultères et le couple de Franck et Gisèle, la fin de l’histoire prend subitement un tournant policier. Bien qu’elle ne soit pas prévisible étant donné le style du livre, on retrouve bien certains détails qui laissent deviner que Sous le compost n’est pas qu’une histoire de relations amoureuses. Il est cependant dommage que cette partie policière soit si courte, cela aurait pu amener une note de suspense complémentaire.
Sous le compost est donc un roman que l’on pourrait sans peine qualifier d’OVNI tant par son mélange des genres que son écriture. Nicolas Maleski arrive à surprendre le lecteur avec ce premier livre et, si l’on ne sait pas vraiment où l’intrigue s’achemine de prime abord, on se prend rapidement au jeu, nous laissant entraîner sur ces chemins de traverse jalonnés d’humour noir avec un plaisir certain.
Sous le compost de Nicolas Maleski, Fleuve Éditions, sortie le 12 janvier 2017, 288 pages. 18,90€