Caractéristiques
- Auteur : John Arcudi, Toni Fejzula, André May
- Editeur : Delcourt
- Collection : Contrebande
- Date de sortie en librairies : 25 octobre 2017
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 128
- Prix : 16,95€
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- Note : 7/10 par 1 critique
Prison way of death
La prison est décidément un milieu qui inspire ! La Ligne Verte, Les Évadés, Oz, plus récemment Orange Is The New Black, on ne compte plus les séries, ou films, se déroulant dans l’enfer carcéral. Il faut écrire que le lieu est idéal pour la construction d’intrigues efficaces : un huis clos, assez espacé et habité pour mettre en place une mise en scène efficace. Et, surtout, la matière fondamentale afin d’aborder l’humain, ce qu’il a parfois de plus redoutable et, à l’inverse, les quelques notes d’espoir qui peuvent s’extirper de ce chaos organisé. Le comics Dead Inside, aux éditions Delcourt (Spawn : Dark Ages Tome 1, La Horde du Contrevent Tome 1) , l’a bien compris, avec en prime la vision d’artistes talentueux.
Dead Inside s’intéresse à la division en charge des crimes en milieu carcéral, au bureau du shérif du comté de Mariposa. Elle enquête sur un crime ultra-violent, celui du pourtant très imposant Arthur McCoyne, commis à l’intérieur d’une prison. Avec un nombre limité de suspects qui, de plus, ne peuvent pas s’enfuir de ce lieu, on peut penser que l’affaire sera vite réglée. D’autant plus que le meurtrier, le frêle Donald Gaffney, est trahit par une caméra et s’est donné la mort par pendaison. L’inspectrice Linda Caruso va découvrir que rien n’est vraiment clair, dans cette affaire, et devra se confronter à bien des adversités.
Un scénario sans originalité, mais des personnages qui nous impliquent
Comme beaucoup d’intrigue policière, Dead Inside développe un scénario simple, dévoile tout d’abord des faits assez indiscutables… avant de tout faire sauter, en exploitant des failles intelligemment disséminées ça et là. Le scénario est signé John Arcudi, que l’on connaît pour le très bon comics Rumble. Il réussit à trouver un bon équilibre entre les besoins d’une certaine tension et ceux, moins désirés de facto, liés à la construction des personnages. Car si l’histoire, pas spécialement originale au demeurant, nous accroche, c’est certainement grâce à la galerie de protagonistes, qu’ils soient principaux ou secondaires. Ainsi, la progression de l’enquête se fait en même temps que le lecteur découvre cet univers, sombre et peu enclin à donner un crédit naturel à qui que ce soit.
Dead Inside est un peu plus discutable quant à ses dessins. On sait que cet adage n’est pas très constructif, mais il est pertinent dans cette situation : on adhère, on déteste, les deux ressentis peuvent se défendre. Les traits des personnages font dans le détaillé, au point parfois qu’on a l’impression de visages surchargés. Mais attention, car Toni Fejzula (Veil, toujours chez Delcourt) est loin d’être un dessinateur du dimanche. On apprécie son travail sur l’exagération, qui vise à décupler le ressenti. Il est très visible dans la description du cadavre de McCoyne, par exemple, afin de bien mettre en relief le gabarit de son assassin, bien plus chétif, et dont l’acte s’en trouve perçu comme extraordinaire, au sens premier du terme. Faire naître le doute par le dessin, c’est une belle qualité. Aussi, le mouvement est bien rendu, grâce à un très bon découpage. Enfin, les couleurs d’André May sont tout simplement exceptionnelles, ce qui résulte sur des contrastes excellents, ainsi qu’un gros travail sur les ombres.