Caractéristiques
- Auteur : Laëtitia Loreni
- Editeur : Belfond
- Date de sortie en librairies : 21 février 2018
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 320
- Prix : 15€
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 5/10 par 1 critique
Laëtitia Loreni est jusqu’à présent connue pour sa présence dans des films tels que 3 mariages et un coup de foudre (2013) ou Ils sont partout (2016). C’est avec son premier roman qu’elle fait aujourd’hui parler d’elle : Thérapie de group(i)e aux éditions Belfond (Iboga, Le choix des autres…) est une plongée au cœur de la reconstruction personnelle et de la théorie de la PNL (Programmation Neuro-Linguistique).
Toucher le fond
Tout commence dans un restaurant gastronomique isolé. Emilie, jeune trentenaire parisienne, a une passion : la musique, et en particulier le piano. Poussée dès le plus jeune âge par une mère qui n’a pas pu faire carrière, elle rêve de scène et de récitals. La vie en ayant voulu autrement, elle est prof dans un conservatoire du Val de Marne. Prise dans une relation rassurante mais morne, sa vie bascule lorsqu’elle a l’occasion d’approcher Julio, pop star à la mode et bourreau des cœurs. Sa vie va changer radicalement et elle va se retrouver plongée dans un tourbillon qui va l’emmener à l’autre bout de la France mais surtout, à l’opposé d’elle-même. Et c’est dans ce restaurant qu’elle va faire la connaissance d’un couple bien particulier qui va la guider sur le difficile chemin de la connaissance et la réconciliation…
Une histoire banale pour une héroïne quelconque
Thérapie de group(i)e aborde un sujet très à la mode : la remise en question. Laëtitia Loreni est jeune et l’on se doute que c’est pour cette raison que son héroïne l’est également. La structure du livre fait que l’on découvre les mésaventures qui ont amené Emilie jusqu’à ce point de non-retour, cette envie d’en finir, en parallèle avec le présent qui correspond à sa reconstruction. Du point de vue du passé, il n’y a rien de bien particulier ou original : une apprentie artiste qui souhaite la gloire mais en est loin, un couple heureux mais sans passion, une vie rodée dans laquelle apparaît un homme qui, comme un aimant, va attirer la jeune femme loin de sa zone de confort, jusqu’à ce qu’elle se renie et dépasse toutes ses limites. Si on est loin du registre de 50 nuances de Grey, il y a tout de même certaines analogies : la fascination d’Emilie pour Julio, sa totale soumission dès les premières rencontres… Mais cela s’arrête là, car on sent que dans Thérapie de group(i)e, ce qui a amené Emilie a ce stade de sa vie n’est pas ce qui est primordial. Ce qui compte, c’est la PNL.
Une approche psychologique réelle…
Pour ceux qui ne connaissent pas, la PNL c’est donc la Programmation Neuro-Linguistique. Créée dans les années 70, cette approche thérapeutique basée sur la communication est l’une des alternatives qui est proposée à la psychanalyse. Bien plus courte (souvent un séminaire ou une retraite de quelques semaines suffisent, parfois même moins), elle est orientée sur les objectifs du patient, qu’il définit lui-même. Ensuite, on ne cherche pas les causes d’un comportement, mais plutôt à le modifier afin que celui-ci soit positif. Chacun d’entre nous est caractérisé par un sens, un prisme qu’il privilégie : visuel, auditif, kinesthésique (émotions)… qui forme un filtre. Le but de la PNL est de s’adapter à ce filtre pour le manipuler. Et la raison pour laquelle la thérapie est bien moins longue que pour une psychanalyse c’est que bien souvent, la PNL est utilisée pour résoudre des problèmes ponctuels.
…mais controversée
Et c’est là que le roman peut s’avérer trompeur : les quelques jours qu’Emilie passent dans sa retraite lui redonnent goût à la vie et l’envie de se reprendre en main. Le personnage est présenté comme profondément déprimée, prête à se suicider, il lui faudra l’entrée dans sa vie d’un couple un peu excentrique et du repos pour se remettre d’aplomb. Toute la partie thérapie est très bien détaillée et il ne fait aucun doute que cela permettra à beaucoup de (mieux) connaître cette technique par un biais ludique. Néanmoins, il est dommage que les limites et l’histoire controversée ne soient pas du tout abordées : popularisée dans les années 80, elle a été fortement rejetée par la communauté scientifique dès les 90’s.
Instrument de communication, la PNL est très souvent vue (à tort ou à raison) comme un moyen de manipulation. Issue de l’informatique, la neurologie ou la linguistique, elle est aussi accusée d’appauvrir chacune de ces disciplines puisqu’elle y puise des éléments mis hors contexte. Egalement, elle part d’un postulat de base qui considère que chacun est l’égal de l’autre, il n’y a donc pas de prise en compte des rapports sociaux basés sur le statut, le rôle, la position (économique ou hiérarchique). Beaucoup d’éléments sont donc à prendre avec des pincettes en ce qui concerne cette méthode de développement personnel.
Thérapie de group(i)e est un roman dans l’air du temps, dans la veine de Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une (les deux livres ont énormément de similitudes). Bien que l’histoire ne soit pas la préoccupation première, elle est légère et se lit facilement malgré un certain nombre de platitudes. Laëtitia Loreni signe ici son premier livre qui se destine plutôt à ceux qui souhaitent découvrir la PNL qu’à ceux qui cherchent à s’évader.