Caractéristiques
- Auteur : Victor Dermo
- Editeur : Victor Dermo
- Format numérique disponible : Non
- Nombre de pages : 168
- Prix : 14,90€ (24,90€ pour l'édition Collector)
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- Note : 7/10 par 1 critique
Victor Dermo se confie sous la forme d’un manga
Si vous visitez, de temps en temps, Culturellement Vôtre, vous vous demandez sûrement quelle est notre motivation ? Elle n’est pas que dans l’abord des œuvres que tout le monde pourra voir, lire, ou jouer. C’est aussi dans la recherche d’autres matières, que vous ne dénicherez sans doute pas dans le même circuit de consommation. Dans le cas de Diamond Little Boy Tome 1, c’est l’auteur lui-même, Victor Dermo, qui nous a démarché, afin de nous faire connaître son travail. Comme toujours, on a accueilli l’opportunité sans sourciller, encore fallait-il que le résultat puisse provoquer un article intéressant. Soyons honnêtes, ce n’est pas toujours le cas, dans le domaine indépendant. Ici, ça l’est.
Diamond Little Boy retrace l’histoire d’un jeune homme jusqu’au-boutiste ; Victor. Vivant à Caen, il grandit en zone urbaine prioritaire entre 2008 et 2015, période durant laquelle le jeune homme est adolescent. Le personnage principal est le cadet d’une fratrie de trois garçons, fruit de l’union d’une femme blanche et d’un homme noir. Son père travaille dans la restauration et subvient avec son modeste salaire aux besoin de sa famille. Tel est le décor de cette œuvre, dans laquelle le héros est aussi l’auteur.
Diamond Little Boy Tome 1 a tout de la belle découvert voire, on l’espère, des débuts d’une carrière intéressante. L’auteur, Victor Dermo, ancien délinquant mais surtout nouveau créateur, se lance dans l’exercice semi-autobiographique, annoncé dès les premières pages par une courte introduction. Mais pas n’importe comment : par le biais du dessin, et du manga plus particulièrement. Cela provoque deux éléments : un traitement réaliste, et un enrobage pas détendu mais plus amusant. C’est, certainement, ce que cherche à créer l’auteur : intéresser à son histoire, mais ne pas flinguer le moral de son lectorat. Replaçons tout d’abord le récit. Celui-ci prend place dans un quartier de Caen. Le lieu, ainsi que l’époque, en pleine année scolaire de 2008, sont des données importantes : on capte une matière réaliste, qui pourra parler à un large public, tout en assumant une tonalité pour public averti.
Une œuvre qui a bien digéré une certaine culture
Si votre humble serviteur est plus âgé que l’auteur de Diamond Little Boy Tome 1, force est de constater qu’il se retrouve aussi dans cette description de la jeunesse, à la fois volontaire, en proie à des dangers comme le deal, talentueuse, et parfois un peu paumée. Tout cela complété par une passion de la culture asiatique, principalement japonaise. C’est pour cette raison, particulièrement, que cette œuvre marque autant : elle s’applique à atteindre une génération post-baby boomers, qu’elle soit trentenaire ou pas encore. Derrière certaines différences, on retrouve des sensations, des sentiments qui pourront être partagés. On est tantôt amusé, parfois ému, et l’on finit par se prendre d’un intérêt pour un personnage qui, de prime abord, n’a pas grand chose de différent avec l’immense majorité de ses contemporains.
Diamond Little Boy Tome 1 déploie un joli sens de la narration. Oui, le traitement par le manga fonctionne, il apporte une énergie globale, influence le cheminement, lui imposant une mise en scène vigoureuse. Certes, on observera quelques petits coups de moins bien, comme une ou deux coquilles à l’occasion. Mais nous rappellerons le bon mot de l’écrivain Jean Antoine Petit : « Des manières communes sont mises en relief par une toilette élégante, ainsi que des fautes d’orthographe par une belle écriture« . Victor Dermo organise bien ses problématiques, les enchaîne avec un certain sens de l’ellipse, même si cela rest encore perfectible, bien entendu. Les dialogues tranchent, font authentiques sans pour autant surjouer le parler jeune, ce qui ne peut que nous plaire.
Diamond Little Boy Tome 1 est aussi l’occasion d’apprécier des cases bien soignées. Clairement, l’auteur a digéré la mise en scène par la case, le recours à l’expressif via des émotions très typées manga, parfois même un peu au risque de passer à côté du sérieux d’une situation. Ceci, cependant, est maitrisé, c’est une volonté de Victor Dermo, qui souhaite avant tout utiliser les ficelles qu’il apprécie. Et elles fonctionnent, ce qui construit un ensemble plein de charmes, ceux qu’on retrouve dans ces œuvres animées d’un vent de liberté. Pour finir, sachez que le livre, au format 24 x 16,5 centimètres, est auto-édité. On avait un peu peur du résultat, mais rassurez-vous : c’est très, très soigné. La couverture s’avère bien classe, le papier accroche bien au doigt. Voilà typiquement le genre de trouvaille qu’on ne peut que conseiller.
Retrouvez aussi le site officiel de Victor Dermo, où vous trouverez notamment des chapitres gratuits, et la boutique en ligne : https://dlb-shop.com/.