Caractéristiques
- Auteur : Nathalie Ferlut (scénario) & Tamia Baudouin (dessin)
- Editeur : Delcourt
- Date de sortie en librairies : 9 janvier 2019
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 72
- Prix : 18,95€
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- Note : 7/10 par 1 critique
Une BD onirique dédiée à l’actrice Helena Bonham-Carter
Nathalie Ferlut est une auteure rare dans l’univers de la bande-dessinée française : une véritable conteuse aux doigts de fée qui parvient à condenser les interrogations les plus complexes au sein d’histoires oniriques et souvent féministes. Nous vous avions par exemple parlé de son magnifique album Andersen : Les ombres d’un conteur, où elle racontait l’histoire du célèbre auteur danois sous la forme de l’un de ses contes. Elle signe cette fois-ci le scénario de Dans la forêt des Lilas, tandis que Tamia Baudouin s’occupe du dessin. Cet album, dédié à l’actrice Helena Bonham-Carter, qui sert de modèle à la jeune héroïne Faith, suit les aventures d’une adolescente de 15 ans atteinte de tuberculose et amoureuse du mari de sa sœur aînée.
Faith avait l’habitude de s’inventer un monde enchanté avec des animaux qui parlent dans la forêt des Lilas mais, depuis qu’elle n’est plus une enfant, elle a eu tendance à les oublier. Mais, la maladie aidant, elle les retrouve chaque jour dans ses rêves tandis que ses proches tentent de la protéger de la terrible vérité. Mais, lorsque son amie Bonne Biche disparaît et laisse place à une terrible créature aux allures de corbeau qui se nourrit de ses fleurs de sang, Faith comprend qu’elle ne ressortira pas forcément gagnante du combat qui l’attend. Mais peut-être cela sera-t-il l’occasion pour elle de vivre sa vie le plus pleinement possible, comme elle l’entend…
Un récit initiatique poignant à l’ère victorienne
Si nous avons tenté un résumé fidèle de l’histoire de Dans la forêt des Lilas, la BD de Nathalie Ferlut et Tamia Baudouin se regarde autant qu’elle se lit (ce qui fait sens, évidemment) et qui ne saurait être réduite à un récit traditionnel. L’univers qui se déploie de page en page est particulièrement riche et évoque l’univers victorien tout autant que les illustrations de vieux livres de contes. Au-delà de l’évocation saisissante de la maladie sous forme de créature ailée et de la question épineuse de savoir s’il vaut mieux mentir ou dire la vérité aux enfants sur des questions aussi graves que la mort, Dans la forêt des Lilas offre également une superbe réflexion sur la fin de l’enfance et ce que l’on garde de cette période : Faith a l’impression de se trahir en abandonnant ses amis imaginaires, mais elle découvrira que faire face à sa maladie et vivre sa vie dans le monde réel ne l’empêche pas forcément de conserver ce rapport très fort à l’imaginaire, qui l’aide également dans son combat. Grandir ne signifie pas, après tout, renier ses rêves d’enfant…
Voilà donc un très bel album, à conseiller aux adolescents comme aux adultes, et qui, sous la forme d’un récit initiatique sombre et onirique, parle de manière poignante des épreuves que l’on doit affronter à l’âge adulte, et de la force que l’on peut trouver en soi (et notamment dans la part d’enfance que l’on porte) afin de vivre une vie riche de sens. Aussi beau et original dans la forme qu’inspirant.