article coup de coeur

[Test] Nioh 2 : une suite qui va encore plus loin

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
  • Développeur : Team Ninja
  • Editeur : Sony Interactive Entertainment
  • Date de sortie : 13 mars 2020
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 8/10

Nioh 2 fait tout mieux que son prédécesseur

image test nioh 2
Attention à ne pas vous penser plus forts que vous ne l’êtes…

Qui aurait pu parier, en 2017, sur le succès aussi bien public que critique de Nioh ? Pas grand monde, et pour cause : le jeu, passé par une longue, très longue phase de development hell (dix ans, tout de même), était plutôt attendu comme une sorte de nouveau Duke Nukem Forever. Mais un miracle s’accomplit, et la Team Ninja, pourtant plus trop en grande forme, livra un soft d’une bien belle qualité. Entre le Souls-like pour les mécaniques ainsi que la difficulté, et Onimusha pour l’ambiance, le titre a su charmer près trois millions de joueurs. Un chiffre assez hallucinant qui explique l’envie du studio, et de l’éditeur Sony Interactive Entertainment, d’en faire une licence forte. D’où l’attente palpable autour de ce Nioh 2 qui, pour le moins, ne prend pas les fans pour des idiots.

Si l’on s’attendait bien à une suite courageuse, rien ne nous laissait envisager un tel développement du concept de base. Nioh 2 n’est pas une simple itération de plus, tout juste digne à contenter les amateur du premier opus, d’ailleurs il est fort à parier que ceux-ci seront chamboulés par le résultat qui les attend. Prenons ces surprises dans l’ordre avec, tout d’abord, le travail effectué sur le scénario. Nioh se démarquait des jeux de FromSoftware notamment de par sa narration plus écrite, avec un avatar bien campé par William Adams, et un univers plus littéraire. C’est beaucoup moins le cas dans cette suite, qui débute par ailleurs par une création de personnage très complète, dont le sexe du combattant. L’histoire prend la forme d’un prologue, en plaçant l’histoire en l’an 1555, en pleine ère Sengoku. Époque très abordée par le jeu vidéo japonais, et pour cause : elle est idéale pour installer un conflit, une problématique, au cœur même d’une période rongée par les sanglantes guerres de clans, et les croyances fantastiques. Du Yokai, du sabre, l’atmosphère plaira aux amateur d’un Japon aussi fantasmatique que charismatique. La narration, elle, se fait plus classique, voire un peu sous-exploitée. On sait juste qu’on se doit de pourfendre les ennemis, en vue d’acquérir des pierres d’esprit. C’est léger, mais les superbes cinématiques se chargent de bien nous motiver.

Nioh 2 fait le choix de justifier ses nouvelles mécaniques par le biais du récit, et c’est une bonne chose. L’avatar que nous incarnons est un demi-yokai, il est donc tout à fait logique que nous puissions maitriser les pouvoirs de ces esprits typiquement japonais. Avant de les aborder, il est nécessaire d’informer que les bases de prise en mains font ici leur grand retour. Nous vous conseillons donc notre test du premier Nioh, afin de mieux comprendre le principe. Rappelons tout de même que le focus est ici fait sur la maitrise de l’avatar. Il faut sans cesse penser à lui, que ce soit dans sa posture (au nombre de trois : basse, moyenne et haute) ou son ki. Le premier élément a un impact décisif sur le type d’attaque, mais aussi sur la vitesse de déclenchement. On n’aborde pas de la même manière le menu fretin et les lieutenants, vous êtes prévenus. Le ki est toujours aussi important. Il s’agit en fait de votre stamina, qui baisse quand vous effectuez une action. Si la jauge est vide, vous ne pouvez plus taillader ou vous défendre. Dès lors, il faut vite comprendre l’intérêt de la recharge : si vous appuyez sur la gâchette  R1 au bon moment, après un coup quand un signal lumineux apparaît, la jauge se remplit au moins en partie, et complètement si le rythme s’avère parfait. Ces bases forment un gameplay très incisif et tactique, une très bonne chose.

La grosse nouveauté de Nioh 2, celle qui justifie à elle seule cette suite, c’est l’arrivée des pouvoirs Yokai. Les fans du premier opus remarqueront de suite une nouvelle jauge dans l’ATH, qui se remplit quand vous touchez un ennemi. Vous pourrez lancer une transformation en monstre du folklore japonais, différente selon votre choix d’Esprit Protecteur (lequel apporte, lui aussi, des bonus non négligeables), et ce dernier vous sera proposé en début de run. Ce n’est pas pour faire joli : cela apporte des mécaniques qui agrémentent encore le concept d’une sacrée dose de prise de risque. On pense surtout au Contre, à déclencher quand l’ennemi s’entoure d’une aura rouge. Là, on balance la purée mais attention, car si c’est raté l’adversaire placera sa super attaque, et autant vous dire que c’est l’écran de game over qui vous attend. Autre mécanique, bien moins risquée : la Transformation. L’avatar fait alors place à un démon momentanément invincible, et beaucoup plus puissant. Mais ne pensez pas que cela servira de joker dans les combats de boss, car les patterns adverses restent fichtrement handicapantes. Si vous partez dans cette forme la fleur au sabre, c’est aussi l’échec qui vous est destiné. Enfin, on aura droit à tout un tas de capacités spéciales, nommés Pouvoirs, que l’on peut glaner en terrassant les ennemis (simples ou boss). Tout cela ajoute encore une sacrée dose de skill à l’expérience, et n’espérez pas vous en tirer sans digérer ces éléments.

Un jeu pour les amateurs de challenge très élevé

image gameplay nioh 2
Nioh 2 propose des environnements charmants

Autre nouveauté, on peut faire appel à une aide par le biais des Tombes Bienveillantes. Si vous êtes abonnés au PS Plus, ce renfort pourra être humain, et cela peut être carrément salvateur contre certains boss. Sinon, l’intelligence artificielle se charge d’incarner ces guerriers, avec quelques soucis de pathfinding et de décisions contre-productives, trop rentre-dedans. Imparfait, mais tout de même efficace. Nioh 2 vise donc à approfondir l’expérience, aussi par le biais d’améliorations. On pense de suite au level design, beaucoup plus subtil que dans le premier opus : on trouve des raccourcis, on trie les routes abordables ou non selon notre niveau du moment. Un vrai plaisir, même si cette suite entérine la non-recherche de cohérence visuelle entre les différentes maps. On retrouve aussi ce rapport à l’évolution des armes qui nous rappelle celui de certains Action-RPG, comme Secret of Mana : plus vous utilisez votre équipement, plus vous le perfectionnez et gagnez des points de compétence. Ceux-ci seront à dépenser dans un arbre de compétences très touffu, et accessible dans des menus pas très ergonomiques, c’est un regret. Par exemple Ombre d’Eau qui vous permet de parer une attaque et de se retrouver derrière l’ennemi, prêt à asséner un coup mortel. Aller, on va être sympa et vous souffler un conseil : n’hésitez pas à vous spécialiser dans la lance, du moins au début. Son allonge sera très utile, et sa vitesse d’exécution reste tout à fait correcte. De quoi farmer l’expérience sans trop prendre de risque.

Oui, le trip proposé par Nioh 2 se base sur un challenge gigantesquement corsé, et même sur le dépassement de soi. Si vous n’appréciez pas l’idée de mourir, encore et encore, il est fort à parier que vous passerez à côté de son intérêt. Team Ninja a récemment déployé une mise à jour visant à baisser le niveau de difficulté, notamment contre un boss qui, il est vrai, s’avérait auparavant plus qu’abusé (Shibata Katsuie, sur lequel on a très longtemps bloqué). On a pu vérifier cela juste avant d’écrire cet article, et il est vrai que le nombre de one shot a bien baissé. De notre point de vue, c’est tant mieux pour le joueur moyen, qui pestera moins contre le premier mob venu. Sans atteindre l’ardeur extrême de Sekiro : Shadows Die Twice, sachez tout de même que l’expérience a de quoi vous faire hurler au clair de Lune, surtout que l’apprentissage se fait sur le tas. Oui, on pourra avoir accès à un dojo pour l’entrainement, mais même en ces lieux il est compliqué de véritablement maitriser les tempos et autres réflexes à acquérir. Par exemple, on aura compris que tardivement l’intérêt supérieur des armes à distance. On vous recommande de vous y attarder, car un headshot vaut mieux que la possibilité de se voir délester de ses Amrita.

Nioh 2, c’est aussi l’occasion pour Team Ninja de démontrer sa générosité. La grosse dose de loot, les nombreuses missions secrètes, la nécessité de parfaire son build, tout cela va vous demander au moins cinquante heures de jeu. Et cela si vous ne bloquez pas trop contre les différents boss, bien entendu. De quoi criser longtemps donc. Techniquement, le jeu est plus beau que son prédécesseur, mais on  n’est pas encore sur du très haut de gamme. On félicite surtout le choix proposé, par le biais d’options, entre l’accent mis sur la résolution ou la fluidité. Bien évidemment, on ne peut que vous conseiller d’opter pour le soixante images par secondes, indispensables si vous voulez bien décrypter les animations des adversaires. La direction artistique, elle, se fait encore plus sombre et impressionnante qu’auparavant. Les environnements sentent la mort, un Japon féodal en perdition. C’est très joli à admirer, on s’arrêterait presque pour contempler si la peur de croiser un ennemi ne nous hantait pas. Enfin, nous retrouvons Yugo Kanno aux compositions musicales, et ses sonorités d’époque terminent d’imprimer une sacrée personnalité à l’ensemble.

Note : 17/20

Nioh 2 se devait d’éviter l’impression de redite, et c’est une mission accomplie avec grand talent. Team Ninja livre une suite justifiée, qui propose assez de nouveautés et d’améliorations pour ne pas être considérée à la légère. Les pouvoirs Yokai font la différence, ajoutent encore une dimension à la prise de risque. Si la difficulté risque bien d’en rebuter plus d’un, signalons tout de même que le challenge s’est vu diminué par le biais d’une récente mise à jour. Globalement, le challenge reste très corsé, et cela apporte une forte dose de plaisir quand, enfin, on se débarrasse d’un ennemi dangereux. On aura bien quelques petits regrets, comme une ergonomie des menus brouillonne, ou une histoire clairement anecdotique, mais l’expérience reste tout de même très, très positive.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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