Caractéristiques

- Titre : Agence Perdido, tome 2 : Le Musée effacé
- Auteur : Victor Dixen
- Illustrateur(s) : Noëmie Chevalier
- Editeur : Bayard Jeunesse
- Collection : Agence Perdido
- Date de sortie en librairies : 17 septembre 2025
- Format numérique disponible : oui
- Nombre de pages : 576
- Prix : 21,90 €
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- Note : 7/10 par 1 critique
Victor Dixen, figure incontournable de la littérature jeunesse et young adult avec ses sagas à succès (Phobos, Vampyria) et ses romans Cogito ou encore Extincta, poursuit son exploration de l’imaginaire avec le deuxième volume de sa nouvelle série, Agence Perdido. Publié chez Bayard Jeunesse, Le Musée effacé prolonge les aventures de Luciole « Lucy » Lachance et de ses compagnons, confirmant l’ambition d’une fresque fantastique pour adolescents, aussi sombre qu’addictive.
Retour dans les oubliettes
Dans le premier tome Les Derniers retrouveurs, Luciole découvrait qu’elle appartenait à la lignée rare des « retrouveurs », capables de s’aventurer dans les oubliettes, ces limbes où vivent les croquemitaines et où disparaissent objets, souvenirs et parfois êtres humains. Dans Le Musée effacé, l’histoire reprend avec un enjeu plus pressant encore. La jeune fille et son compagnon d’aventure Jasper poursuivent leur apprentissage sous la tutelle de la redoutable Rita Perdido. Leur mission : empêcher l’ascension d’un Haut-Roi des croquemitaines en mettant la main sur les régalias maudits, artefacts magiques permettant d’accéder à la toute puissance.
Ce deuxième volume retrouve les figures qui avaient marqué le premier tome : Luciole, toujours intrépide et guidée par une volonté inébranlable de sauver sa mère, Jasper, dont la complicité avec elle glisse subtilement vers une tendresse plus intime, et bien sûr Rita Perdido, mentor aussi antipathique qu’énigmatique. La dynamique entre eux apporte à la fois humour, émotion et tension dramatique. Le décor, quant à lui, s’élargit et gagne en richesse. Leur quête les conduit en Floride, offrant une nouvelle palette d’ambiances, entre Miami et les étendues inquiétantes des Everglades. L’intrigue devient plus sombre et plus angoissante, et Victor Dixen fait évoluer ses personnages en même temps que son univers, qui gagne en maturité et en profondeur.
Un tome intermédiaire riche en rebondissements
Dans ce nouveau tome, l’auteur prend soin de rappeler, sans jamais alourdir le récit, les éléments essentiels de l’intrigue inaugurale, permettant au lecteur de retrouver rapidement ses repères dans cet univers foisonnant. Celui-ci reste parfaitement codifié, les règles du « retrouvage », les croquemitaines et les oubliettes étant de nouveau exposées avec clarté. Le rythme, soutenu grâce aux nombreux rebondissements, connaît un léger ralentissement au milieu du récit, mais cette pause est vite balayée par des scènes d’action explosives où le danger n’épargne personne, personnages principaux comme secondaires. Et, si ce tome 2 laisse volontairement plusieurs portes ouvertes, il s’achève sur un dénouement satisfaisant, ménageant à la fois une conclusion solide et un suspense qui donne irrésistiblement envie de découvrir la suite.
La force de Victor Dixen réside dans sa plume fluide, rythmée, qui se lit sans efforts et accroche dès les premières lignes. Les chapitres courts renforcent cette dynamique, offrant au lecteur un enchaînement rapide de scènes, tantôt dialoguées, tantôt descriptives. Les échanges, vifs et souvent teintés d’humour, équilibrent les passages plus narratifs, tandis que les descriptions, précises sans être pesantes, nous plongent avec efficacité dans cet univers. Cette écriture alerte rend l’intrigue hautement addictive, tout comme les trahisons inattendues et les retournements de situation qui pullulent dans ce tome. L’auteur parvient à enrichir son univers sans le surcharger, évitant les péripéties inutiles pour se concentrer sur ce qui fait battre le cœur du récit : l’aventure, le danger, et les relations entre ses personnages.
Un bestiaire toujours plus inquiétant
Comme dans Les Derniers retrouveurs, Le Musée effacé s’appuie sur un bestiaire terrifiant, où croquemitaines et créatures démoniaques se croisent dans un univers riche et foisonnant. La mythologie gagne ici en complexité : au fil de la quête, de nouveaux monstres apparaissent et certaines énigmes demeurent, notamment autour des pouvoirs de Luciole et du sort de ses parents prisonniers. L’ouvrage séduit également par son esthétique puisque chaque chapitre s’ouvre sur un titre joliment décoré annonçant les enjeux à venir, tandis que quelques doubles-pages intégralement illustrées en noir et blanc viennent enrichir l’expérience visuelle. Elles proposent également des énigmes à décrypter, renforçant l’aspect ludique et immersif de la lecture.
Si le premier tome proposait déjà des passages glaçants, celui-ci franchit un cap dans l’angoisse. De nouvelles créatures apparaissent, comme ces monstres psychiques capables de voler les idées des artistes, de consumer leur inspiration et de les plonger dans une mélancolie mortifère. Victor Dixen utilise cette menace invisible pour réinterpréter avec malice les destins tragiques de figures comme Camille Claudel ou Baudelaire, qu’il imagine broyés par l’emprise d’un croquemitaine. Cette intrigue intègre ainsi au fantastique des thématiques bien réelles telles que la dépression et la fragilité mentale. Loin d’être de simples créatures de cauchemar, les croquemitaines de ce tome deviennent les métaphores d’angoisses profondément humaines.
Le Musée effacé est donc un deuxième tome plus sombre et plus mature, mené tambour battant et porté par des personnages attachants. Dense, addictif et riche en mystère, il confirme la solidité de la saga Agence Perdido et saura séduire les lecteurs dès 11 ans.