Un final à la hauteur des espérances
Débutée en France en octobre 2013, alors qu’au Japon la série était terminée depuis quelques mois déjà, Cage Of Eden vient de délivrer sa conclusion. Ce vingt-et-unième et dernier tome est donc l’occasion d’aborder le volume en lui-même, mais aussi de souligner les qualités d’une série qui, à nos yeux, n’a pas été reconnue à sa juste valeur jusqu’ici. Visiblement très marqué par la culture « de genre », le mangaka Yamada Yoshinobu (dont on vous recommande aussi Deathtopia) place quelques références fortes, autant à Jurassic Park qu’à Lost, en passant par L’École Emportée et d’autres, ce qui donne à l’ensemble une certaines saveur. Entre le Shonen et le Seinen, sans hésiter à tuer des personnages importants et en abordant des thèmes forts comme le besoin de camaraderie dans un enrobage léger et un peu fan service de bon aloi, la série atteint un très bon niveau de divertissement… et multiplie les questions qui doivent ici trouver des réponses au moins partielles.
Cage Of Eden, c’est l’histoire d’un groupe scolaire dont l’avion, qui va de Guam au Japon, s’écrase sur une île pour le moins mystérieuse, ne figurant sur aucune carte. Au-delà du crash déjà fortement traumatisant pour eux, les élèves vont vite se rendre compte que l’endroit n’est pas du tout désert : il abrite des animaux sensés être disparus depuis des temps immémoriaux, et tout semble avoir été pensé (par la nature ?) afin de subvenir aux besoin vitaux de survivants probables. Après avoir récupéré du choc, il est temps pour la bande d’explorer l’île, et l’énigme s’épaissit de découvertes en mystères, notamment avec la découverte de plusieurs bâtiments étranges.
L’ultime tome de Cage Of Eden se situe tout de même trois ans après le début de l’intrigue, et le groupe a été bien décimé au fil du temps, resserrant le focus sur un groupe aisément identifiable. C’est là l’une des (nombreuses) forces de cette série, qui certes use d’archétypes très cadrés, mais le fait avec à l’idée de rendre le tout facilement digérable. Car côté scénario bien des situations ont été abordées, des problématiques résolues de bien des manières différentes (et parfois très brutales). Un crescendo sérieux et appliqué donc, qui résulte sur cette conclusion, alors que l’île lance sur le groupe ses dernières munitions : un Mégathérium démesuré et un virus dont le mode de contagion s’avère bien singulier. Le tout alors que les élèves touchent du doigt la résolution du mystère, au sein d’un bâtiment calqué sur leur école, et qui semble renfermer des réponses renversantes.
Sengoku, clé de voute de la révélation finale
Il est difficile de rentrer plus dans les détails de ce Cage Of Eden T21 tant les événements qui s’y déroulent sont, vous vous en doutez, tous importants pour la résolution du mystère. Cependant, il nous apparaît important d’aborder la qualité de cette conclusion. Si on pouvait la sentir venir depuis quelques temps, cette solution trouve une certaine puissance dans un flashback plus ou moins attendu. Sengoku est bel et bien au centre des intérêts, d’une manière plutôt touchante. Autre élément important : la nature de la révélation finale laisse le lecteur en position d’acteur : les zones d’ombre ne sont pas totalement éclaircies (on sent que l’auteur n’en a pas finit avec cet univers, on parie là-dessus), et il faudra combler certains de ces vides construits sciemment par un Yamada Yoshinobu qui, décidément, se révèle parmi les mangakas à suivre de près.
Ainsi, c’est avec une certaine nostalgie qu’on laisse derrière nous cette île remplie d’animaux extra-ordinaires, d’autant plus qu’ils ont tous réellement existé, et qu’on quitte ce groupe d’écoliers charismatique. Cage Of Eden T21 est peut-être un peu abrupt sur la toute fin justement, le but étant de laisser le lecteur imaginer ce qui intervient par la suite, mais tout de même on aurait peut-être apprécié qu’une piste soit aiguillée. Ce n’est pas le cas, c’est un choix qui fonctionne par ailleurs (impossible de ne pas y penser, même quelques jours après), bouclant une série qui marque par son univers fantastique développé de manière hyper divertissante et sans temps mort. Signalons, d’ailleurs, que comme pour les autres tomes la lecture est rapide tant l’impression de fluidité est grande, et ce malgré des dialogues pas toujours finauds. Cage Of Eden, c’est ce genre de série dont les qualités sont si grandes qu’elles effacent les menus défauts. Et ça, c’est toujours savoureux dans une production manga actuelle un peu en dents de scie. Précisons, enfin, que le premier chapitre de Deathtopia figure en fin de cette belle édition Soleil Manga.
Cage Of Eden T21, un manga par Yamada Yoshinobu. Aux éditions Soleil Manga, 208 pages, 6.99 euros. Sortie le 22 février 2017.